Algérie

La restructuration du secteur public sans résultat



Trois ans après la dernière restructuration (février 2015) du secteur public marchand industriel (SPMI) à travers la mise en place de 12 groupes industriels à partir de 14 sociétés de gestion des participations de l'Etat, créées à leur tour en remplacement des holdings, les entreprises publiques continuent à chercher les moyens de leur développement et de leur équilibre tant au plan financier que managérial.Elles sont en effet toujours en quête de ressources financières leur permettant de lancer leurs projets pour certaines et de se maintenir pour d'autres. Finalement, le nouveau schéma fixé, pour rappel, en août 2014 par le Conseil des participations de l'Etat (CPE) à travers la fusion et l'absorption des SGP n'a pas encore donné de résultat.
Le SPMI tarde à sortir de sa léthargie pour entrer dans l'ère de la performance. «On a tout essayé. Mais la question réelle est de faire le distinguo entre l'Etat prioritaire et l'Etat actionnaire. C'est-à-dire passer du propriétaire à l'actionnaire», nous dira à ce sujet Mohamed Cherif Belmihoub, expert économique.
Théoriquement, à travers cette réorganisation, ces groupes ont pour principale mission de rentabiliser les fonds publics investis, de multiplier les activités au plan national, notamment du fait de l'initiative privée, par une demande croissante de sous-traitance et par l'encouragement de l'investissement dans la filière concernée.
L'on s'attend aussi à ce que ces groupes deviennent un «moteur» de l'internationalisation de l'entreprise algérienne par l'extension de ses marchés et activités à l'international. Or, ce n'est pas encore le cas. Et la conjoncture financière dans laquelle a été opérée cette mue n'a pas joué en faveur du réveil du SPIM.
Un secteur qui continue à dépendre des interventions financières de l'Etat. D'où d'ailleurs la décision de recourir aux partenariats publics-privés (PPP) en décembre 2017 et les accords avec les bourses de sous-traitance algériennes.
Ainsi, après la signature d'une convention-cadre en octobre 2017 entre la Coordination des bourses de sous-traitance algériennes et quatre groupes industriels (SNVI, GICA , AGM mécanique Spa, Imetal et le groupe Elec El Djazaïr) publics pour développer des partenariats public-privé via la sous-traitance, il y a eu la charte sur le PPP en décembre 2017, un dossier qui a fait couler beaucoup d'encre particulièrement après le rappel à l'ordre du chef de L'Etat, Abdelaziz Bouteflika, dans lequel il a été clairement signifié au Premier ministre, Ahmed Ouyahia, que toute ouverture du capital d'une entreprise ne peut se faire sans l'aval de Bouteflika.
Ce qui n'est pas finalement une remise en cause de la charte. «C'est juste une manière de dire que le chef de l'Etat contrôle de près les questions économiques», nous dira un expert économique.
Des déclarations d'intention pour le PPP
Et même si les choses semblent encore floues pour le moment, des opérateurs privés auraient déjà affiché leur intention d'entrer en partenariat avec des entreprises publiques. C'est le cas dans l'agroalimentaire, plus précisément les minoteries et dans les industries chimiques et les matériaux de construction.
Les offres seraient à l'étude mais pour l'heure, les décisions se font attendre.
Le groupe privé Condor présent déjà dans le bâtiment serait parmi les investisseurs privés intéressés par ces partenariats recherchés par le secteur public.
Nous avons appris également auprès d'une source proche de ce dossier que les responsables des groupes industriels ont instruit les chefs d'entreprise publiques de trouver des partenaires via la conclusion des joint-ventures et pas à travers l'ouverture de capital. Une manière de cadrer avec l'instruction de Bouteflika relayée par le ministre de l'Industrie et des Mines lors de sa visite à Relizane mi -janvier. «L'ouverture du capital des entreprises publiques relève des prérogatives du président de la République», avait-il rappelé.
Obstacles
L'option des joint-ventures est donc celle ciblée par le gouvernement. Les conditions s'y prêtent-elles à cet effet ' «Ce n'est pas du tout évident de trouver des partenaires. Il y a une montagne d'obstacles», nous répondra notre source à ce sujet. Des obstacles d'ordre managérial et financier particulièrement.
Ce qui ne fera que retarder la construction des filières industrielles, l'émergence des groupes et des pôles industriels et, par ricochet, la diversification économique. Entre-temps, l'on continue à injecter de l'argent pour recapitaliser les EPE. En 2012, pour rappel, l'Etat avait injecté 12 milliards de dollars et une enveloppe similaire avait été dégagée en 2008.
Ce qui fait 24 milliards de dollars en quatre ans. Des enveloppes auxquelles s'ajoutent les subventions pour maintenir ces entreprises en survie. Des entreprises en proie à des difficultés de plus en plus importantes.
Ce qui veut dire que l'intervention financière de l'Etat sans une ouverture à l'autonomie de gestion n'a nullement contribué à faire démarrer des EPE. «L'Etat devra réduire son implication dans la gestion de ces entreprises et n'exercer que son rôle d'actionnaire stratégique et ne plus se mêler de la gestion opérationnelle de ces entreprises», nous disait d'ailleurs à ce sujet dans un entretien l'expert industriel, Ahmed Lateb.
Un autre nous résumera clairement que le point nodal réside dans la réforme de l'Etat. «Autrement dit, la réforme de l'Etat doit précéder celle de l'entreprise.» Sinon, tout réaménagement ne sera qu'une simple opération de lifting et toute tentative d'ouverture au privé via les PPP sans mise en place des conditions de réussite notamment sera sans effets sur des EPE qui luttent pour leur survie.


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