Le sujet a fait l’objet d’une communication présentée par le Dr Mohamed Aïssa, directeur central au ministère des Affaires religieuses et des Waqfs.L’Europe, voire l’Occident d’une manière générale développe, depuis plus d’une décennie, un nouveau concept qui marque progressivement la scène économique mondiale. Cette nouvelle notion cible en fait les activités de l’entreprise et son comportement vis-à-vis de son environnement immédiat. Appelée communément “responsabilité entrepreneuriale”, cette vision signifie responsabilité de l’entreprise à prendre en charge la société en matière environnementale, sociétale, création d’emplois, d’investissements… Cette idée a germé en 1999, mais trouve en réalité son origine au lendemain de la révolution industrielle en Europe. Cette pensée est née ainsi suite aux mouvements de grève qui se sont déroulés à l’époque où le souci que les entreprises aident les employés financièrement s’est manifesté. En Europe, c’est devenu, dès le début des années 2000, un indice sur la base duquel telle entreprise est jugée plus responsable que l’autre. Ce qui implique de ce fait la crédibilité et l’apport de cette dernière dans la sphère socioéconomique.
Existe-t-il une relation entre l’islam et la responsabilité entrepreneuriale ? La question a été largement abordée au cours d’une rencontre organisée samedi par la Chambre algéro-allemande de commerce et d’industrie (AHK Algérie) en partenariat avec la Fondation Friedrich-Nauman. Le sujet a fait l’objet d’une communication présentée par le Dr Mohamed Aïssa, directeur central au ministère des Affaires religieuses et des Waqfs. Initialement, le conférencier estimait qu’il n’y avait pas de lien réel à faire ressortir. Or, après un travail de recherche, il a pu découvrir que ce concept a un ancrage au sein de la religion musulmane. Mieux, les textes sacrés du Saint Coran défendent cette démarche et la jalonnent en incitant toute personne physique ou morale qui a un excédent d’effort humain, d’outils ou d’argent de le dépenser au profit de la société. “Ce concept n’est en vérité qu’un ancrage primaire peut-être de la responsabilité entrepreneuriale”, indique le Dr Mohamed Aïssa. Selon lui, il y a toujours eu une orientation coranique et “prophéticale” pour que les entreprises prennent en charge leur entourage sociétal. Sourate Al-Maoun (l’ustensile), dans le livre saint du Coran, évoque clairement, souligne Mohamed Aïssa, ce sujet. Le sens où la moralité dans ce texte est d’inciter le musulman à dépenser le surplus, l’excédent d’outils de travail qui peut être un marteau, une scie, un engin… au profit de son entourage immédiat. Avec une projection contemporaine, ces outils peuvent être des matériels récents modernes, mais le principe reste le même. Il l’est aussi pour ce qui concerne l’argent. Et ce volet a deux niveaux d’action. Le premier est obligatoire et constitue la zakat, c’est-à-dire l’aumône légale. Il incite toute personne qui thésauriserait une certaine somme d’argent de dépenser une partie pour les nécessiteux. Cela est également valable pour la récolte agraire, le commerce et le bétail. La religion musulmane permet exceptionnellement de demander l’intervention des entreprises lorsque la pauvreté ou le chômage, par exemple, devient un phénomène. Ce sont là des prémices, des jalons de ce concept qui ont été déjà jetés par l’islam il y a plusieurs siècles. “Ce fondement a été exporté par les musulmans dans le passé mais nous sommes en train de réimporter sous un autre titre”, avoue le conférencier. Le Dr Mohamed Aïssa a, à ce propos, annoncé que 1 600 microentreprises ont été créées depuis 2003 grâce au fonds de la zakat. L’on se demande, toutefois, comment une telle démarche est bien appréhendée dans notre pays. Pour cela, il est demandé aux hommes de religion et aux entrepreneurs de lancer ensemble, suggère ce responsable, une réflexion pour une projection réaliste de ce qui doit se faire en matière de prise en charge, de responsabilité entrepreneuriale dans la société musulmane et dans le monde arabo-musulman en ayant pour référence l’islam. Et l’expérience étrangère serait aussi la bienvenue et profiterait aux partisans de cette conception si les deux parties sont gagnantes. “Cela ne concerne pas uniquement les intérêts financiers ou économiques, mais aussi touche la culture, l’histoire et la religion”, soutient-il.
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Posté Le : 29/09/2008
Posté par : sofiane
Ecrit par : Badreddine Khris
Source : www.liberte-algerie.com