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Introduction A l'instar des résistances, soulèvements et révoltes populaires qui ont marqué le dix-neuvième siècle et englobé diverses régions du territoire algérien, la résistance des Beni Menaceur, à Miliana et Cherchell entre le 14 juillet et le 21 août 1871 a constitué l'un des maillons de la chaîne des révoltes. Comme toutes les révoltes qui l'ont précédée, elle était sous-tendue par des causes et circonstances qui, même si elles étaient pour la plupart particulières, restent quasiment identiques.
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Les causes de la Résistance des Béni Menaceur.
Parmi les raisons essentielles ayant motivé le déclenchement de la révolte , figure la politique du colonialisme français basée sur l'injustice, l'oppression, la répression et la spoliation des biens privés et publics, parallèlement à l'adoption par les autorités françaises de la politique du " diviser pour régner ", en essayant de se concilier la bienveillance de certaines familles auxquelles elle confia la mission de veiller sur ses intérêts aux dépens de la majorité des habitants.
Dans cette région, les autorités coloniales réussirent à créer de toutes pièces un conflit entre deux familles algériennes : d'un côté celle de Brahim ibn Mohammed Sa'îd El Ghobrini , qui était l'une des familles ayant dès le début collaboré avec les autorités d'occupation et pris les armes contre le bey du Titteri ainsi que le Bey Boumezrag et de l'autre la famille d'El Berkani dont le fief était situé à Miliana et qui était dirigée par le Cheikh Malek ibn al Sahraoui al Berkani, neveu de Mohammed Ben Aïssa el Berkani, khalifa de l'Emir Abdelkader au Titteri . Suite à la politique de la France, les deux familles entrèrent dans un conflit sanglant d'autant que la famille El Berkani commandait une partie orientale de Béni Menaceur , chose que la famille El Ghobrini n'a pas admis.
A cela, il convient d'ajouter les souffrances endurées par les habitants de Cherchell et de Miliana du fait de la politique coloniale fondée sur la collecte forcée des impôts, qui grèvent lourdement leurs ressources ainsi que l'atteinte à leurs valeurs les plus sacrées en matière de religion.
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Etapes de la résistance des Beni Ménaceur.
La première étincelle de la résistance jaillit le 30 Avril 1871 lorsque les autorités coloniales entreprirent de provoquer les habitants en ordonnant aux caïds qui leur étaient soumis de collecter les impôts sans tenir compte des conditions dramatiques des habitants. Les habitants exprimèrent leur refus en chassant à coups de pierres les agents du colonialisme.
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Première étape :
Les chouyouks des Béni Menaceur jugèrent nécessaire de tenir une réunion extraordinaire pour étudier la situation sociale et économique dans la région découlant de la politique française. Le 6 Mai 1871 fut la date fixée pour la réunion à la kubba du saint Sidi Ahmed Benyoucef, près de la région de Souk el Had .
La réunion s'acheva sur la décision, dans une première étape, d'assassiner les caïds alliés à la France. Tous les présents s'accordèrent sur la nécessité d'éliminer El Mouloud El Habbouchi , considéré comme étant l'homme de main de la France dans la région.
Toutefois, La France, craignant justement la réaction des habitants, œuvra pour obtenir sa démission et il fut remplacé, le 20 mai 187, par Mohammed Saïd El Ghobrini, lequel figurait sur la liste des personnes à abattre, dressée par les participants à la réunion du 6 mai 1871.
La désignation de ce dernier provoqua le mécontentement et la colère des habitants dont les chouyoukhs se réunirent une nouvelle fois les 28 et 29 juin 1871 pour convenir de faire assassiner Saïd El Ghobrini.
Cependant, l'intervention du président du bureau arabe , Mr VARLOUD, empêcha cela par la nomination d'un nouveau caïd, à savoir Ben El Mouloud Abidi, qui fut également rejetée parce qu'il n'appartenait pas à la région des Béni Menasra . Mais le Gouverneur Général De Gueydon maintint sa décision de désigner Ben El Mouloud, ce qui accrut le mécontentement des habitants contre cette politique.
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Deuxième étape Lassés de la politique du Gouverneur Général De Gueydon, les habitants de Beni Menaceur décidèrent de passer à l'étape décisive du combat, le 13 juillet 1871 . Le point de départ fut la région de Théniet el Had et le mouvement s'étendit aux villages et dechras entraînant une adhésion populaire. Ben El Mouloud Abidi et Saïd El Ghobrini s'empressèrent d'informer les autorités coloniales de ce mouvement populaire et de ce qui s'était passé lors de la réunion au cours de laquelle fut prise la décision révolutionnaire. Cela permit aux autorités françaises de prendre des mesures pour faire face aux évenements.
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Troisième étape Il était impératif pour les notables et chouyoukhs des Béni Menaceur de prendre des mesures le plus rapidement possible afin de ne pas perdre la direction des affaires et fournir l'occasion aux autorités d'occupation d'étouffer dans l'oeuf la révolte. Pour cela, il fut convenu de désigner le Cheikh Malek El Berkani , en tant que chef après que la trahison d'El Ghobrini et Ben El Mouloud fut avérée. Le titre d'agha des combattants lui fut attribué et les troupes furent réparties en trois groupes :
- Le groupe principal dirigé par Malek El Berkani, assisté de son frère Brahim ainsi que Mustapha ibn Abdelmalek et Mohammed Oudjelloul, fut chargé de se diriger sur Cherchell, siège de l'autorité d'occupation et de l'attaquer.
- Un deuxième groupe , celui des Beni Menaceur Est , dont le commandement fut confié à Ali ibn Ahmed Oukerjouj, ami d'El Berkani et qui fut l'un des dirigeants éminents de cette révolte, fut chargé de se diriger vers la région de Zurikh.
- Un troisième groupe, celui des Béni Ménaceur Ouest dont le commandement fut confié à Ahmed Ouddadi , assisté par les chefs de douars et dechras et qui devait se diriger vers la région de Noufi.
Cette étape fut également caractérisée par les correspondances adressées par Malek El Berkani, chef de la révolte, à bon nombre de régions avoisinantes, pour les inciter à entreprendre la guerre sainte contre les mécréants.
Il obtint ainsi le ralliement de Kaddour Ben El Moubarek de Koléa et Abdelkader Ben El Mokhtar de Miliana, deux personnalités fortes dont le ralliement donna un nouveau souffle à la révolte, et permit aux combattants de mener de nombreuses attaques contre l'ennemi et ses alliés le 17 juillet 1871.
En effet, ils affrontèrent une troupe militaire dirigée par le Capitaine VARLOUD dans la région de Novi. De là, ils se dirigèrent vers Hadjout, incendièrent l'hôtel de Hammam Righa et tuèrent de nombreux français.
Devant le développement du phénomène des révoltes et leur intensification, les autorités françaises furent contraintes d'envoyer des troupes supplémentaires de Koléa sous le commandement du colonel DESANDRE . Cependant, ces renforts n'entamèrent pas la détermination des combattants dirigés par El Berkani puisqu'ils parvinrent à étendre la révolte dans la région de Hadjout, arrivant jusqu'aux confins de la Capitale.
Au cours de cette étape, la révolte enregistra de nombreuses victoires contre les Français et leurs alliés. Ainsi le 23 juillet , un certain nombre de colons furent tués et leurs usines incendiées parmi lesquels une minoterie et une huilerie , parallèlement aux incendies de fermes des colons et de leurs plantations érigées aux dépens des habitants.
La journée du 25 juillet 1871 fut caractérisée par les attaques menées par les combattants contre les troupes militaires. C'est ce jour-là également qu'eut lieu la bataille d'Oued Bellagh , près du mont Chenoua , à l'issue de laquelle les combattants furent victorieux , de même qu'ils réussirent à couper l'alimentation en eau de la ville de Cherchell et à incendier certaines fermes de colons dont la ferme Nicolas.
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Conséquences de la Résistance des Béni Menaceur.
Les autorités françaises acquirent la conviction que pour faire face à cette révolte, l'intensification de sa présence militaire s'avérait nécessaire. Pour cela, ordre fut donné à ses forces terrestres et maritimes d'attaquer les foyers de la révolte. Elles arrivèrent donc de Miliana, Alger et Béjaïa sous le commandement de l'officier PONSARK. Par ailleurs, des troupes françaises dirigées par l'officier BOUSQUET , et appuyées par les escorteurs LAVISO -KLEBER et DESAIX firent route vers les régions concernées.
De ce déséquilibre du rapport de forces, il résulta :
- La mort au champ d'honneur du dirigeant Malek El Berkani le 02 août 1871 au cours d'une bataille près de la région de Zurikh.
- La destruction de la zaouia El Berkani à Miliana.
- La succession de son frère Ibrahim à la tête de la révolte qu'il poursuivit en engageant plusieurs batailles entre le 19 et le 20 août.
- La reddition de ce dernier le 21 août 1871 ; ce qui mit fin à la révolte.
- Les familles des révoltés firent l'objet de sanctions sévères parmi lesquelles la confiscation de leurs terres , la destruction de leurs maisons , l'incendie de leurs biens et le jugement de bon nombre parmi eux par les cours martiales et leur condamnation à des peines allant de la perpétuité aux travaux forcés et à la déportation.
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Posté Le : 29/03/2008
Posté par : nassima-v
Source : Données extraites du CDROM Histoire d'Algérie edité par le ministère des Moudjahidines