La résistance dans la région de Souk Ahras figure parmi les résistances populaires. Menée par les spahis auxquels s'était rallié Mohammed El Kablouti de la tribu des Hanancha, elle s'est par la suite étendue, englobant l'ensemble des tribus des H'nancha de la région. Même si les causes de l'insurrection des spahis sont multiples, il n'en demeure pas moins qu'elle peut être considérée comme une résistance populaire aux revendications multiples
Causes de la résistance de la région de Souk Ahras
Au départ, le déclenchement de cette insurrection eut lieu suite à la décision promulguée le 18 janvier 1871 par le ministre français de la guerre, portant transfert vers l'Europe d'un nombre important de spahis incorporés dans les rangs de l'armée française en vue de participer aux côtés de la France à la guerre que celle-ci menait contre la Prusse au début de l'année 1871. Les spahis s’insurgèrent contre une telle décision qu’ils rejetèrent violemment. Cela débuta dans les régions où ils étaient concentrés, notamment la région de Medjbeur dans le département du Titteri pour s’étendre jusqu'à et-Tarf à l'Est, Bouhadjar, Aïn Kettar englobant par la suite toutes les régions frontalières à l'Est et en particulier la région de Souk Ahras.
Le transfert ne fut pas la seule cause du déclenchement de la résistance des spahis. Les conditions dramatiques dans lesquelles ils vivaient furent également l'une des raisons qui les poussèrent à s'insurger, amenant bon nombre d'entre eux à s'enfuir des centres où ils se trouvaient. Cela commença par le centre de Medjebeur dans le Titteri vers la fin de l'année 1870 pour s'étendre, ensuite, au groupe de Zouaoua dont 75 conscrits désertèrent avec leur armement de Boghar vers Médéa et Ksar El Boukhari. A Aïn Kettar, au Nord-Est de Souk Ahras , 135 spahis s'enfuirent en emportant leurs armes.
Le rejet par les spahis de la décision du transfert obligatoire leur donna le courage de se révolter et le nombre de déserteurs atteignit deux mille spahis qui réussirent à se regrouper, assistés par leurs familles dans leurs mouvements. Ce fut l'occasion attendue par la tribu des H'nancha, révoltée par la politique coloniale appliquée dans leur région pour élargir l'insurrection.
Rôle de Mohamed El Kablouti dans la résistance
La volonté de se venger des autorités coloniales s'étendit après le mouvement des spahis et les tribus des H'nancha trouvèrent là l'occasion propice pour exprimer leur refus de l'occupation française à travers leur adhésion massive. Ils étaient dirigés par un groupe de chouyoukhs parmi lesquels Cheikh Ahmed Salah Ben Rezgui et El Foudhil ben Rezgui. Avec le ralliement de Mohamed El Kablouti, l'insurrection atteignit son apogée, touchant de nombreuses régions au point de mettre en danger les intérêts français.
Cette insurrection collective fut marquée par une première opération militaire, à savoir l'assassinat d'un officier français et l'incendie de fermes de colons résidant dans la région de Souk Ahras et ses environs. Par ailleurs, neuf colons furent exécutés. Pour empêcher les approvisionnements de parvenir à la ville, les combattants procédèrent à la section des câbles du téléphone afin que les troupes militaires basées à Guelma ne puissent pas venir en aide à celles de Souk Ahras.
Le rôle de Mohamed El Kablouti commença à émerger au cours de cette insurrection lorsqu'il participa avec les spahis et les tribus des H'nancha à de nombreuses batailles dont celle de Aïn Sennour qui a eu lieu le 30 janvier de la même année. Cependant, l'accroissement en nombre des troupes coloniales et leurs tentatives de liquider l'insurrection poussèrent El Kablouti et ses compagnons parmi les spahis et les H'nancha à fuir à la mi février 1871 pour se réfugier en Tunisie. En effet, il avait adressé une correspondance au premier ministre tunisien, Mustapha Khaznadar pour lui demander de lui accorder l'asile ainsi qu'aux spahis qui l'accompagnaient. Toutefois, il ne prit pas au sérieux les ordres des autorités tunisiennes lui intimant de cesser toutes actions militaires contre les Français afin de ne pas les mettre dans la gêne vis-à-vis des autorités françaises. En effet, il participa à de nombreuses batailles, notamment après le déclenchement de la Résistance de Mohamed El Mokrani et Cheikh El Haddad, dont une bataille qui eut lieu le 24 juin 1871 et une autre le 30 août de la même année.
El Kablouti était resté en contact permanent avec les résistants parmi lesquels Bennaceur Ben Chohra. Son activité incessante et continue à l'intérieur du territoire algérien fut à l'origine de son expulsion définitive de Tunisie en 1875 avec le résistant Bennaceur Ben Chohra.
Réactions des Français par rapport à la Résistance
La France persista dans ses méthodes de répression des résistances populaires par le recours à tous les moyens dont elle disposait, notamment par le feu et l'acier. La première réaction des Français fut la traduction des personnes arrêtées parmi les spahis et les H'nancha devant des tribunaux militaires qui prononcèrent à leur encontre diverses peines, dont la plus sévère fut la peine de mort, appliquée aux résistants qui furent exécutés par les soldats français sur la place publique de Souk Ahras.
D'autres furent condamnés aux travaux forcés et à la déportation vers les bagnes français nouvellement créés. A cela, s'ajoute la mise sous séquestre des biens et terres des tribus H'nancha.
La réaction coloniale ne se limita pas à cela. Les soldats de l'armée d'occupation prirent en otage certaines familles de résistants jusqu'à la reddition de ces derniers, sans omettre l'incendie des maisons et la destruction des biens
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 12/11/2014
Posté par : chouhada
Ecrit par : Toufik Bakhti
Source : algerian-history.info