Omar gisait dans une mare de sang. Quand la prière fut accomplie, il fut transporté chez lui. - « Qui est mon assassin ' », demanda-t-il. - « Abu Lolo », lui répondit-on. « Louanges à Dieu. Ce n'est pas un musulman qui a répandu mon sang. » On appela un médecin afin de soigner et panser ses blessures. Celui-ci déclara qu'elles étaient trop profondes. Beaucoup, à ces mots, se mirent à pleurer. « Ne pleurez pas, s'il vous plaît », dit Omar. N'aviez-vous pas entendu le Messager d'Allah dire que les pleurs des proches augmentent le supplice du mort ' » Voyant sa fin approcher, Omar fit mander son fils Abdallah : « Mon fils, dit-il, rends-toi auprès de Aicha. Transmets-lui mes salutations. Ne me désigne plus sous le nom de Commandant des croyants car je ne le suis plus. Transmets-lui mon souhait d'être enterré dans sa chambre, auprès du Prophète et de mon illustre prédécesseur. » Abdallah trouva Aicha en larmes. Il lui transmit le message de son père. « Je pensais réserver cette place pour ma propre tombe, mais je préfère Omar à moi-même », dit Aicha. Abdallah annonça à son père mourant qu'Aicha acceptait sa requête. « Louanges à Allah », dit Omar. « C'était le souhait le plus cher de toute mon existence. Mais mon fils quand tu transporteras mon corps dans la chambre d'Aicha, transmets-lui à nouveau mes salutations et demande-lui encore la permission. Si elle accepte, alors ensevelis-moi, sinon enterre-moi dans le cimetière de Médine. » On demanda au Calife mourant de désigner celui qui prendrait sa place. « Si je le fais, je suivrai l'exemple de Abu Bakr. Si je ne le fais pas, j'imiterai la conduite du Messager d'Allah. Si Abu Obaida Jarrah était encore vivant, je l'aurais désigné, parce que j'ai entendu le Prophète d'Allah l'appeler « l'administrateur du peuple ». Si l'esclave de Hazeifa, Salim, avait été encore en vie, je l'aurais choisi car j'ai entendu le Prophète d'Allah le qualifier de « serviteur adorant ardemment son Seigneur. » « Désigne ton fils Abdallah », suggéra quelqu'un. « Du fait de sa science et de sa piété, il est tout à fait indiqué pour cette fonction. » « Il est déjà suffisant qu'un membre de la famille de Khattab ait eu à s'occuper des affaires de l'Etat islamique. Si Omar peut rendre un compte dans les règles, il en sera très heureux. J'ai porté ce fardeau ma vie durant, je ne veux pas le garder encore après ma mort. » Quand on lui posa à nouveau la question, il répondit : « Il y a six hommes dont le Prophète d'Allah a dit qu'ils entreraient au Royaume des cieux, ce sont Ali, Otman, Abdul Rahman bin Auf, Saâd bin Abi Waqqas, Zubair bin Awam et Talha bin Obaidullah. Je leur demande de se réunir et de choisir l'un d'entre eux comme calife. S'ils ne peuvent s'accorder sur le nom, alors que la majorité se prononce sur cette question. » Omar laissa une requête pour son successeur qui disait : « Crains Allah et défends les droits des Muhajirun et des Ansar. Prends de la fortune du riche pour le pauvre. Traite avec bienveillance les non-musulmans et sois fidèle à ta parole. » Quand la fin fut proche, Omar se mit à pleurer par crainte d'Allah. « Mon fils, dit-il à Abdallah, « aide-moi à placer mon front contre le sol. » Abdallah obéit. « Ô Allah, couvre-moi de Ton pardon. Sinon maudis-moi et maudis la mère qui m'a porté. » L'instant suivant, Omar se trouvait dans la miséricorde et la compassion d'Allah. Il mourut le mercredi 27 de Dhul Hajjah, 23 A. H., après une agonie de trois jours. Omar fut calife pendant dix ans et demi. Cette période apparaît comme l'âge d'or de l'Islam. La plante frêle que le Prophète avait laissée derrière lui et que Abu Bakr avait protégée contre la tempête était devenue un arbre immense et puissant sous les soins que lui prodiguait Omar sans relâche. L'idéal pour lequel le Prophète avait prié tant d'années était devenu réalité. Omar avait rendu l'Islam fort et grandiose et de ce fait il avait immortalisé son nom par son 'uvre. Les armées d'Omar vainquirent deux puissants empires. Mais lui-même mena toujours une vie simple et frugale. Hurmuzan, le maître d'Ahwaz, vint rendre visite au Calife à Médine pour un entretien. Il était vêtu de soies brillantes et portait une couronne sertie de joyaux. Il fut stupéfait de voir le Calife arborer des vêtements extrêmement simples et rapiécés. Un jour, sa femme fit envoyer à Byzance un présent pour l'impératrice qui en retour lui offrit un collier de perles. Omar en eut connaissance et plaça le collier dans le Trésor public. La nuit, le Calife n'utilisait l'huile de la lampe, au Trésor public, que pour le temps où il s'occupait de documents officiels, ensuite il éteignait la lampe, même s'il n'y avait pas d'autres lampes dans la maison. Omar veillait personnellement aux affaires du peuple, dans les moindres détails. Tous les citoyens, Omar compris, étaient égaux devant la loi. Une fois, il dut comparaître devant le tribunal de Médine. Quelqu'un avait porté plainte contre lui. Le juge se leva en signe de respect quand il entra. « C'est la première injustice que tu as commise envers le plaignant », dit Omar en s'adressant au juge. Les démocraties modernes n'ont pas encore atteint ce degré. Jusqu'à maintenant, leurs dirigeants ne peuvent comparaître devant un tribunal ordinaire.
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Posté Le : 27/07/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Horizons
Source : www.horizons-dz.com