Algérie

La repentance est déjà une maladie... algérienne



C'étaitjuste légitime, vrai, et honorable de demander à la France de s'excuser pourses crimes et colonisations, mais, à lire ce qui se publie, se dit et se répètedepuis quelques jours en Algérie, on en arrive à ressentir une sorte de malaise.Une sorte de gêne face à un amalgame entre la mauvaise foi, le commerce, l'opportunisme,la myopie et la sincérité. Sarkozy en Algérie a été une occasion de revenir surune histoire encore ouverte car, mal conclue par une fraude sur la mémoire, maiselle a aussi été une occasion pour donner de la voix à ceux qui ont manqué de discourset de visibilité dans le pays et pour ceux qui oublient un peu facilement, spectacleoblige, leur « harga » idéologique, leur immigrationcérébrale en regardant le pays comme s'ils n'y vivaient pas et en masquant leurmépris du sol, des Algériens et de leur histoire par un sursaut incroyable denationalisme presque hystérique.Cesont ces mêmes gens que l'on sait sur le départ perpétuel, déjà sécurisés parune progéniture confortablement installée en France, sécurisés par des comptesoff-shore, convaincus que ce peuple parasite trop leur butin de guerre etpartageant un discours cynique sur l'indépendance, qui aujourd'hui font foulepour donner à l'anti-sarkozysisme local la teneurd'une indignation chevaleresque. Beaucoup retrouvent dans la toute dernièrebataille d'Alger une sorte de moyen de remonter l'histoire pour décrocher legrade de Moudjahid car rien ne le garantit mieux que de tirer sur l'anciencolon. Pire encore, cette maladie de la repentance que le président français adénoncé chez lui en se trompant un peu de pays, vient à faire oublierabusivement que la visite de Sarkozy est une politesse de bon commerçant et quevouloir en tirer le profit d'un excès de politique ne sert qu'au ridicule. EnAlgérie, un Sarkozy n'est ni le malvenu ni le bienvenu, c'est simplement unprésident de l'Occident qui vient voir ce qu'il peut vendre et acheter. Parlercomme le fait la presse algérienne ou française d'un malaise et d'un climat «alourdi », c'est faire un peu dans l'exagération ou ladramaturgie là où il n'y a qu'un intérêt tiède de part et d'autre et un dopage,sinon une indifférence amusée des Algériens qui regardent comment, de part etd'autre, on se raconte une histoire au nom de l'histoire et comment se déroulecette course entre décibels d'opinions au nom des piétons polis des deux pays. Faut-ildemander des excuses à la France ? « Oui » mais pas avant de faire en sorte que la France ait besoin de nousautant que nous avons besoin d'elle aujourd'hui sans nous l'avouer. Car c'estle propre des pays pauvres de gonfler les demandes là où ils importent même desaiguilles à coudre.EnAlgérie, les pieds-noirs semblent parfois plus aimer cette terre que nel'aiment ses propres enfants qui n'y rêvent de rien. Les excuses de la France seront bien sûr lesbienvenues, mais avant, il faut que l'Algérie existe un peu mieux, un peu plussérieusement, un peu moins hypocritement et avec un peu plus de force dans lesbras que dans la langue. On a de la peine en effet, à croire qu'il s'agit dumême pays qui, à la fois, appelle les Français pour gérer ses égouts et sesréseaux d'eau potable et appelle la France à présenter des excuses. Il faut choisir de commencerpar l'un ou l'autre et arrêter de tirer des balles perdantes. Sarkozy ne va pasrester plus de trois jours dans le rôle de « l'Etranger » camusienreconverti, nos problèmes de ramassage d'ordures domestiques ou mentales durentdepuis plus longtemps et ce n'est la faute ni des Français, ni des Romains queSarkozy a salué hier comme des ancêtres de la loi de février 2005. Le systèmecolonial est-il injuste ? Oui. Le système algérien l'est aussi, mais entreintimes.


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