Algérie

La réouverture des frontières, une option réaliste ?



La question de l?ouverture des frontières entre l?Algérie et le Maroc sera-t-elle à l?ordre du jour de la rencontre qui regroupera le souverain marocain Mohammed VI et le président Bouteflika le 22 mars prochain, en marge du sommet d?Alger de la Ligue arabe ? Pour certains observateurs, ce dossier sera certes évoqué, mais il semble que la réouverture des frontières dépende plus exactement des résultats de la commission bilatérale constituée il y a quelques années. Celle-ci est chargée, rappelle-t-on, de se pencher sur le contentieux existant entre l?Algérie et le Maroc et elle n?a pas encore rendu ses conclusions. Si la nature des accords sur lesquels pourraient parvenir Alger et Rabat est difficile à cerner, il reste que le ministre algérien de l?Intérieur a déjà eu à faire part des attentes de l?Algérie. A propos de la question relative à la réouverture des frontières, Nouredine-Yazid Zerhouni a estimé, lors d?une de ses prestations à la Radio nationale, que le traitement de ce dossier devait être d?abord précédé de l?octroi par Rabat de garanties à même d?assurer la quiétude aux visiteurs et aux opérateurs algériens une fois sur le territoire marocain. Le ministre algérien de l?Intérieur, qui a rappelé, à ce propos, l?expérience humiliante vécue par les centaines d?Algériens chassés du Maroc et spoliés de leurs droits durant les années 1990 (cette catégorie de personnes attend toujours que le Maroc répare son injustice), a indiqué : « La réouverture s?opère par une simple décision, mais là n?est pas le problème. Pour une telle éventualité, il faut que le citoyen algérien, une fois sur le territoire du royaume, ait toutes les garanties pour circuler librement et qu?il soit traité avec respect et que sa dignité ne subisse aucune atteinte. » Impératifs sécuritaires L?autre argument, selon M. Zerhouni, préconisant une étude minutieuse du dossier des frontières, est lié à des impératifs sécuritaires. Et pour le représentant du gouvernement, il ne serait pas intelligent de rouvrir les frontières sans que l?Algérie et le Maroc s?accordent sur une stratégie de lutte contre le terrorisme et le trafic de stupéfiants. D?aucuns n?ignorent pas que des quantités jugées effarantes de résine de cannabis et de kif sont acheminées quotidiennement vers l?Algérie à partir des villes marocaines d?Oujda, El Hosseima et Nador. « La lutte contre le terrorisme et le trafic de drogues, en somme la sécurité d?une manière générale, est une autre condition pour aboutir à la levée des barrières ouest avec le pays voisin », a-t-il déclaré. Car, de son avis, « si l?Algérie décide d?ouvrir ses frontières, il s?agit de faire en sorte qu?elles restent ouvertes pour de bon et non pas de les refermer à chaque fois qu?un problème surgit ». Sur le plan économique, le ministre de l?Intérieur a plaidé en faveur d?échanges plus équilibrés et qui profiteraient aux deux pays. Cela n?a pas été le cas avant 1994, puisque l?ouverture des frontières a beaucoup plus profité aux Marocains qu?aux Algériens. Au moment où les Algériens exportaient leurs capitaux, rares ont été, en effet, les Marocains qui ont investi en Algérie. Les Marocains, qui n?ont pas encore fait savoir leur avis sur la feuille proposée par l?Algérie, destinée à normaliser des relations bilatérales, reconnaîtront-ils enfin le bien-fondé des problèmes posés ? Une chose est certaine : la balle est aujourd?hui dans leur camp.


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