Fraîchement nommé au poste de directeur général d'ArcelorMittal Annaba, le Franco-Américain Joé Kazadi pourrait être confronté à un sérieux souci : comment gérer le mécontentement des travailleurs qui dénoncent l'exclusion du projet de rénovation de la cokerie du plan d'investissement 2012-2017.D'une enveloppe de 200 millions d'euros, ce plan a été validé lors de la réunion du Conseil d'administration de l'entreprise, tenu le 7 mars. «Nous avons été surpris d'apprendre que la cokerie, maillon fort de la chaîne de production de la fonte et de l'acier, n'était pas inscrite dans le plan d'investissement 2012-2017. Ce volet était initialement prévu dans la première phase dudit plan quinquennal, entériné par le partenaire étranger et son associé algérien groupe Sider lors du CA du 23 janvier 2011. Que la nouvelle direction générale sache que nous n'allons pas nous taire», préviennent des représentants du Comité de participation (CP)/syndicat de l'entreprise. Ils expliquent que l'entreprise n'est plus en mesure de supporter les charges induites par les achats de coke et fine-coke, deux produits figurant parmi les plus budgétivores de l'usine d'El Hadjar.
Pour l'année 2011, pour les besoins des 650 000 tonnes réalisées par El Hadjar, un équivalent de 25 millions de dollars a été consacré à l'importation de ces deux produits. «Pour produire 1000 t de fonte, il faut au moins 500 à 550 t de coke, dont le prix à la tonne est de l'ordre de 500 dollars en moyenne, sans parler des 260 dollars/t concernant du fine-coke utilisé comme intrant dans la PMA», indique-t-on en guise d'illustration. Aux yeux de nos interlocuteurs, les 90 millions de dollars censés servir à la rénovation complète de la cokerie pourraient largement être amortis d'ici à 2015, au lieu de s'investir dans l'importation des deux produits en question.
Pour nos interlocuteurs, il appartient à Vincent Le Gouic, désormais président du conseil d'administration, et à ses membres de prendre au sérieux notre revendication, celle d'avoir ajourné à 2017 la réhabilitation de la cokerie. Faute de quoi, le complexe risque de se voir embourbé dans une nouvelle vague de protestation. Malgré un marché mondial en déclin et des démêlés qui ne cessent d'être remis au goût du jour avec l'Etat français, des spécialistes estiment qu'ArcelorMittal ne devrait pas lâcher de sitôt sa filiale algérienne, compte tenu des potentialités du marché.
L'Algérie importe annuellement pour plus de 5 milliards de dollars en produits sidérurgiques, tous produits confondus, et elle est devenue le premier client des sidérurgistes méditerranéens (Espagne et Italie notamment). ArcelorMittal jouit aussi de conditions d'investissement économiquement favorables, dont les prix de l'énergie imposables aux entreprises, réputées très bas.
Posté Le : 10/03/2012
Posté par : archives
Ecrit par : Naima Benouaret
Source : www.elwatan.com