Algérie

La rengaine ' casse-pieds ' de la participation électorale Focus



La rengaine ' casse-pieds ' de la participation électorale                                    Focus
«Deux heures du matin. Le téléphone sonne. Un message reçu. Eh non, ce n'est pas un mot doux. Juste le ministère de l'Intérieur qui m'invite à m'inscrire sur les listes électorales».
Ce réveil en sursaut, anecdotique certes, a été vécu par des millions d'Algériens durant les ' trop longues ' semaines qui ont précédé le scrutin législatif du 10 mai 2012. Entre agacement, sentiment d'intrusion, voire même de harcèlement, cette invasion de messages a commencé avant même la convocation du corps électoral et l'annonce officielle d'une date pour la tenue du scrutin. Elle n'a été que l'une des voies empruntées par le pouvoir dans un matraquage médiatique qui a fini par en lasser plus d'un. «Le ministère de l'Intérieur n'a jamais daigné répondre à mes sollicitations. De quel droit m'inonde-t-il de messages aujourd'hui '», s'indignait-on.
Car, si les autorités ont souvent eu un manque flagrant de communication et de «répondant», elles n'ont pas lésiné, cette fois-ci, sur les moyens afin d'appeler les citoyens à remplir leur «devoir» électoral. Affiches d'un «Printemps algérien» sorti des urnes, spots publicitaires sur les chaînes du «bouquet» de l'ENTV et l'ensemble des stations de la Radio nationale, émissions de «débats», durant lesquelles des experts ès politique serinaient à qui mieux mieux cette rengaine éculée par la force de la redondance, que «chaque voix compte pour sauver l'Algérie». Le staff gouvernemental a été rejoint dans son «plan de com'» par les partis politiques en lice pour ce scrutin.
Les électeurs potentiels ont pu s'entendre répéter, et ce même par d'illustres inconnus agréés quelques semaines plus tôt, qu'une participation «massive» était indispensable afin de «contrer les projets d'interventions militaires étrangères». Troquant les traditionnels «Elisez-moi ! Votez pour nous !», les candidats à la députation n'ont pas trouvé mieux que d'inventer un «Votez, même si c'est un bulletin blanc !». Dans la rue, à la télé, à la maison, au téléphone, le «harcèlement» a poursuivi le quidam jusqu'à la mosquée. D'action citoyenne, voter est devenu recommandation divine. Les imams ont ainsi reçu la directive d'inclure dans leurs prêches, telles des indulgences, la nécessité de donner sa voix. Peu importe à qui.
Car, tout le monde l'aura compris, le véritable enjeu est le taux de participation, signe d'un «soutien» aux «réformes» engagées par M. Bouteflika. Ce dernier a même, dans un rare discours à la nation, appelé de ses v'ux un «nouveau 1er Novembre 1954». Le pouvoir aura-t-il réussi à conjurer le spectre de l'abstention ' Entre peur de replonger dans les années de braise, et manque de crédibilité et d'attrait de l'offre partisane, les Algériens ont coupé la poire en deux. Une participation «officielle» de près de 43%, avec, toutefois, un nombre record de bulletins blancs. Avec 1,8 million de voix, le grand vainqueur de ces élections a donc été le «suffrage non exprimé». Ce qui fait du «nul» le plus grand parti d'Algérie'


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