Algérie

La rencontre entérinera des décisions préjudiciables aux équilibres financiers



La rencontre entérinera des décisions préjudiciables aux équilibres financiers
La réunion de la tripartite, prévue demain, fera date. Elle devrait abolir le fameux article 87 bis qui empêchait, jusque-là, toute augmentation systématique des salaires, notamment dans le secteur public.Condition imposée par le FMI, en plein plan de réajustement structurel de l'économie algérienne, l'article 87 bis avait été maintenu, malgré les appels incessants de la Centrale syndicale en vue de son abrogation. En septembre 2011, la tripartite avait convenu du principe de son abrogation, mais le passage à l'acte tardait à se concrétiser.C'est que cet article pose un sérieux problème. L'UGTA, elle-même, reconnaît que son abrogation risque de provoquer "un choc financier".Le FCE, de son côté, estime que l'abrogation de cet article conduirait à une augmentation substantielle des salaires de l'ordre de 20%.Pourquoi, alors, l'abroger ' Et pourquoi maintenant ' Depuis l'explosion des révoltes arabes, l'Etat a ouvert les robinets, concédant des augmentations substantielles aux fonctionnaires, tous corps confondus.Deux ans après, les choses ne semblent pas encore se calmer et la dernière grève dans le secteur de l'éducation en est la parfaite illustration.Le pouvoir, qui pensait avoir acheté la paix sociale, n'est pas encore au bout de ses comptes et il va falloir qu'il débourse encore et encore, notamment dans la Fonction publique, principal employeur du pays. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, c'est au lendemain de la sonnette d'alarme tirée par le premier banquier du pays, que le gouvernement décide d'ouvrir encore et à l'infini les robinets. Lorsque Laksaci évoque la baisse sensible des recettes pétrolières et la hausse de celle des importations, et lorsqu'il dit que la situation était devenue insoutenable, le gouvernement s'apprête à ouvrir à fond les vannes et se lancer, tête baissée, dans une opération où le politique prime sur l'économique, une décision éminemment politique, aux relents de campagne électorale, et qui dépasse tout entendement. Attitude suicidaire ' Probablement, mais attitude calculée quand même. À la veille de l'annonce tant attendue des intentions du président Bouteflika de briguer ou non un quatrième mandat, le "cadeau" du gouvernement semble entrer en droite ligne de la campagne électorale qui s'est mise en branle depuis plusieurs mois déjà.Un cadeau fort coûteux que les prochains gouvernements auront à subir et que les entreprises devraient supporter. Or, là est tout le problème. Lorsqu'on sait que la majorité des entreprises publiques connaissent d'énormes difficultés de trésorerie, leur imposer de nouvelles augmentations salariales qu'elles ne pourront pas supporter, suppose que le Trésor public devrait encore une fois être appelé à la rescousse. Quant au secteur privé, il sera dans l'incapacité de suivre cette folie haussière des salaires, au risque de disparaître complètement, ou de verser carrément dans l'import-import et de la revente en l'état. Et pour bien faire passer la pilule auprès des dirigeants des entreprises publiques, qui seraient confrontés à l'application de cette nouvelle donne, le gouvernement entend débattre, lors de cette tripartite, la lancinante question de la dépénalisation de l'acte de gestion.Longtemps considérée comme une épée de Damoclès au-dessus de la tête des gestionnaires, cette question devrait être tranchée, afin de rassurer ces dirigeants et les encourager à prendre des initiatives et à oser.Comme si toutes les enveloppes distribuées aux wilayas par le Premier ministre lors de ses sorties n'avaient pas suffi, sachant que rares sont les wilayas qui connaissent un taux satisfaisant de réalisation des projets du premier quinquennat, le gouvernement persiste dans sa folie dépensière qui ne résiste à aucun argument financier.D'ici dix ou douze jours, le suspense se sera dissipé au sujet de la candidature ou non du président Bouteflika pour un quatrième mandat. Déjà, Abdelmadjid Sidi-Saïd, le patron de l'UGTA, annonce la couleur : "La tripartite sera porteuse de bonnes nouvelles pour les travailleurs et leurs familles." Outre la question de l'abrogation de l'article 87 bis, il sera surtout question du retour du crédit à la consommation. De grosses dépenses en perspective, en contrepartie d'une élection présidentielle qui devrait, coûte que coûte, passer sans le moindre incident.A. BNomAdresse email




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