Algérie

La rencontre d’Alger s’achève en queue de poisson



Le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, a fait savoir hier, à l’issue de la 15e Conférence ministérielle du Forum méditerranéen, que “l’Algérie a encore besoin de clarifications comme le demandent d’ailleurs d’autres pays” concernant le projet d’Union pour la Méditerranée (UPM).“Nous ne pouvons accepter le projet d’UPM dans sa totalité, compte tenu de son volume”, a déclaré le diplomate algérien à l’hôtel Sheraton, à Alger, lors d’une conférence de presse animée conjointement avec Stefania Craxi, sous-secrétaire au ministère des Affaires étrangères de l’Italie. M. Medelci a, en outre, précisé que “la plupart des membres du Forum méditerranéen, pas seulement l’Algérie, se posent beaucoup de questions” sur ce projet. Il a, cependant, insisté plus loin sur le fait que “la réunion d’Alger a permis de partager les interrogations et de donner certaines clarifications”. “Il y a un accord de principe pour que tous les pays (concernés par l’UPM, ndlr) marquent de leur empreinte le contenu de la déclaration finale”, a signalé le ministre, non sans informer que le projet de déclaration finale devant être adopté le 13 juillet prochain, au sommet de Paris, “tarde” à être transmis à l’Algérie et à d’autres pays. Concernant l’Algérie, celle-ci aura à “trancher” la question de son adhésion ou non à l’UPM qu’après avoir pris connaissance du document et des clarifications supplémentaires qui seront données avant le rendez-vous du 13 juillet. Dans ce cadre, Mourad Medelci a annoncé que les membres du Forum méditerranéen ont convenu de la tenue d’une réunion “non prévue auparavant” des ministres des Affaires étrangères des deux rives de la Méditerranée, qui se tiendra le 12 juillet dans la capitale française, soit la veille du Sommet des chefs d’État et de gouvernement de Paris. Sans oublier évidemment “la poursuite des consultations dans les jours à venir pour arriver à une vision commune sur ce projet”, y compris la tenue de réunions “non prévues” de l’Union du Maghreb arabe (UMA) et de la Ligue arabe.
Le ministre a, par ailleurs, rejeté l’idée de “revirement de la position algérienne” à propos du conflit israélo-palestinien, relevant qu’Israël est membre du processus de Barcelone au même titre que l’Algérie et d’autres pays arabes. Mais, a assuré M. Medelci, “aucun engagement en termes d’intégration à l’UPM ne sera conditionné par la normalisation des relations avec Israël”. “Sur ce point, la normalisation se fera en contrepartie d’un certain nombre de conditions, dont le retour à la situation de 1967. C’est une condition qui n’est pas inscrite dans le projet d’UPM, mais elle figure dans les conclusions de la Ligue arabe et les décisions des Nations unies relatives au Proche-Orient”, a-t-il indiqué. Il a aussi affirmé que “les questions traitées par l’ONU le resteront”, à l’exemple de la question de décolonisation du Sahara occidental. “Nous attendons d’avoir le projet de déclaration finale pour donner la position de l’Algérie (concernant son intégration à l’UPM, ndlr)”, a révélé l’intervenant, en énonçant clairement que “l’Algérie n’a pas l’intention de se démarquer de ce projet qui complète le processus de Barcelone”. Sur un autre plan, le ministre a révélé que “la jonction entre l’UPM et les relais africains et arabes non méditerranéens seront prioritaires pour nous”, que des “projets d’intérêt méditerranéen et des projets de solidarité avec l’Afrique” seront partie intégrante des projets de l’UPM pour la période 2009-2013. “Il n’est pas question que l’UPM crée une brèche entre les pays du Maghreb et le reste des pays africains. D’ailleurs, l’Union africaine et la Ligue arabe seront présentes au Sommet de Paris, en tant que membres observateurs”, a-t-il fait observer.
À propos des craintes exprimées pendant les deux jours de la rencontre de Sheraton, dont certaines ont suscité des clarifications, M. Medelci a rappelé “les répercussions politiques” de la présence d’Israël au Sommet de Paris, les “interrogations” sur le fonctionnement de la présidence partagée de l’UPM, de son secrétariat et du comité des ambassadeurs, ainsi que sur les “réserves” émises sur la dénomination même de l’UPM et les “inquiétudes” du sud de la Méditerranée, quant à “la domination de l’UE sur les décisions”. Il a également précisé que l’adhésion et le retrait de l’UPM ne posent pas problème, dès lors que “tout pays est souverain dans ses décisions”. “Pour la prochaine étape, si nous travaillons dans la perspective de l’UPM, nous inclurons d’autres projets comme les projets sur l’énergie”, a déclaré le ministre, avertissant dans le même temps que les questions liées aux conditions d’entrée en Europe ne sont pas “prioritaires” actuellement dans l’UPM.
La représentante italienne a, pour sa part, annoncé la tenue de la prochaine conférence du Forum méditerranéen en 2009, à Naples, en insistant sur le contenu généreux du projet d’UPM, voire sur “l’esprit de paix” entourant “la conception de la Méditerranée”.


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