Algérie

La relation entre «riba» et intérêt bancaire Contributions : les autres articles


La relation entre «riba» et intérêt bancaire Contributions : les autres articles
Bien que déjà, actuellement, elle soit en décalage avec la réalité de notre marché, la fonction de la banque en Algérie devient maintenant, encore, en plus grand danger.
La raison en est une interprétation religieuse qui nous vient sûrement d'ailleurs. Cette interprétation devient de plus en plus forte ces derniers temps. Beaucoup de jeunes talents algériens, «sans le sou», refusent d'aller à l'Ansej, à cause justement de cette interprétation religieuse. Elle est reprise, malheureusement, par nos propres «imams», de manière certainement inconsciente, aussi bien dans les mosquées qu'à la Télévision et autres médias.
Pour casser un pays, il faut casser son économie. Pour cela, il suffit de bloquer son système bancaire. Les Algériens sont très majoritairement «mouslimine» et c'est tant mieux. C'est donc en s'aidant de cette religion que ceux qui ne nous aiment pas poussent les gens à stigmatiser le travail des banques algériennes qui doit être très diversifié, car les besoins de l'économie sont eux-mêmes très diversifiés.
C'est la raison qui m'a poussé à écrire pour soulever un débat religieux sur le sujet.
Si les banques travaillent avec intérêt «zéro», la différence sera donc obligatoirement compensée sur le budget de fonctionnement de l'Etat. Un poids de plus à supporter par tous les contribuables (même ceux qui ne bénéficient pas du crédit).
Si la banque commerciale utilise le système de participation pour des crédits commerciaux, d'une part, ce système coûtera beaucoup plus cher que l'intérêt lui-même et, d'autre part, la banque sera autorisée à s'immiscer dans la gestion de l'entreprise du commerçant, puisque la banque devient elle aussi associée, ce que l'emprunteur ne souhaite pas. Entre autres, une banque qui s'associe est sûre de gagner, sinon, à moins d'une erreur, elle ne «prête» pas.
Concernant les emprunts dont les sommes sont colossales, il existe pour cela des banques d'affaires spécialisées dans le domaine et qui peuvent prendre des participations.
Après avoir longuement réfléchi à la question, je suis de ceux qui affirment que l'intérêt bancaire peut être «riba» dans certaines conditions, mais peut aussi ne pas l'être. En tout cas, je suis persuadé que toutes les banques publiques algériennes ne font pas du «riba». Pas parce qu'elles sont publiques ni parce qu'elle sont algériennes, mais par ce que je vais essayer de développer ci-dessous.
- «riba» est péché, indiscutablement.
- Manger de la viande de porc est péché, pourtant manger «hallal» existe.
- Parler pour dire des mensonges est péché, pourtant parler sans mentir est possible.
Ce n'est pas le fait de manger ou de parler qui est interdit, mais le résultat de l'action de manger ou de parler qui peut l'être.
En fait, de mon point de vue, le résultat de toute action de l'homme (motivé bien sûr par son intention) peut être péché ou licite. Une même action est péché dans un cas, mais licite dans un autre cas. Si l'action «se situe» dans la définition du péché, l'action est péché, sinon elle est licite.
Quelle est donc la définition de «riba» '
Cette définition est donnée par les différents chercheurs en Islam qui ont puisé l'information dans le Coran «les hadith du messager d' Allah Mohamed (QSSSL)».
Pour ce qui est de la définition de cette «riba», nous n'allons retenir que celle concernant le «surplus sans contrepartie», qui est comparée à l'intérêt bancaire dans n'importe quel cas.
Cette définition stipule que la restitution d'un prêt ou l'échange d'une quantité de marchandise doit être équivalent à l'échange ou au prêt de cette marchandise. Tout surplus est considéré comme «riba». La même marchandise que celle prêtée doit être restituée avec la même quantité sans tenir compte de la qualité (il est cité comme exemple, par les chercheurs en Islam, l'échange d'une mesure de dattes de bonne qualité contre deux mesures de dattes de seconde qualité, comme étant «riba»).
Il s'agit de la restitution du prêt ou de l'échange de marchandise en surplus de ce qui a été réellement prêté ou échangé qui est péché et non de la vente de biens et services qui, elle, est licite
Mais restons dans la monnaie d'aujourd'hui qui est récente et qui est beaucoup plus compliquée que les exemples sus-cités.
Par exemple, la Banque de France (la mère des banques en France) n'a été créée que le 18 janvier 1800 (début de la monnaie papier) par Napoléon Bonaparte. Les banques telles qu'elles sont actuellement n'existent donc que depuis un peu plus de deux siècles. La monnaie papier est donc récente, compliquée et souvent mal interprétée par les non professionnels .
D'une part, cette monnaie n'est plus l'or d'autrefois, qui avait cette fonction (de monnaie). Cet or était aussi indiscutablement une marchandise (un bien) estimée en valeur marchande. Et, d'autre part, le prêt se faisait de personne à personne et non de banque à personne (morale ou physique) qui est de création récente. Tâchons de mieux comprendre la réelle fonction de la banque qui est encadrée par la loi.
Il faut aussi savoir que le pouvoir d'achat de la monnaie d'aujourd'hui est instable, à l'inverse du pouvoir d'achat de la monnaie or qui reste réelle et en adéquation avec le marché, comme pour une marchandise.
Donc, si l'on réfléchit ainsi, le prêt d'une somme d'argent de 1000 DA (à valeur stable) sur un an d'échéance, par exemple, et remboursé à 1100 DA (valeur stable) est «riba». Car c'est la même marchandise qui est restituée en surplus de 100 DA sans contrepartie. Il ne s'agit pas d'une vente d'un service, mais bien d'un prêt.
La vente, elle, a une contrepartie : c'est le service du commerçant (par son travail) qui sert de monnaie d'échange, comme pour le troc.
Prenons deux exemples concrets, avec une monnaie analogue en valeur à ce qu'elle était autrefois. Des billets de banque (sans inflation) en remplacement de l'or. Le 1er exemple étant «riba», et le 2e exemple, bien qu'identique, ne l'étant pas.
1er exemple
A pouvoir d'achat égal (comme pour l'or), Djamel demande à Yacine de lui prêter 1000 DA pendant un an. Yacine accepte de lui prêter à condition que Djamel lui rembourse à l'échéance 1100 DA. Ceci est bien «riba», car si Yacine lui prête cet argent c'est qu'il n'en a pas besoin lui-même, alors que cet argent reste chez lui ou chez Djamel, le résultat est le même. Il n'y a pas de raison pour qu'il augmente ainsi (le prêt en lui-même n'est pas considéré comme un service). Si Yacine avait besoin de cet argent il ne l'aurait pas prêté.
2e exemple
Djamel demande à Yacine de lui prêter 1000 DA pendant un an. Yacine n'a pas d'argent, mais il connaît Moussa qui lui en a. (Moussa n'est connu que par Yacine et il n'habite pas la même ville.) Yacine propose donc à Djamel de faire l'intermédiaire entre lui (Djamel) et Moussa, à condition qu'à l'échéance Yacine soit payé et reçoive 100 DA pour les frais qu'il doit engager pour pouvoir rapporter l'argent de chez Moussa et ensuite le lui restituer le jour de l'échéance (frais de transport, de restauration mais aussi de son activité).
Dans ces conditions, Yacine offre bel et bien un service qu'il vend en contrepartie d'une rémunération. Il devient salarié chez Djamel qui accepte de l'employer, en tant qu'agent de mission, pour cette fonction d'intermédiaire.
A l'échéance, Djamel qui n'a reçu que 1000 DA déboursera 1100 DA comme pour le 1er exemple.
Par contre, seulement 1000 DA seront remis par Yacine à Moussa qui est le prêteur, sans aucune augmentation, donc aucune «riba». Les 100 DA seront encaissés par Yacine qui, lui, n'a rien prêté. C'est simplement son salaire en tant qu'agent de mission. Yacine a réellement fourni un travail pour le compte de Djamel qui l'a utilisé pour son besoin.
C'est en somme, comme pour un conférencier qui, en réalité, ne fait que parler et pourtant il est payé pour ça. L'information qu'il donne est bien une vente d'un service, ce n'est donc pas «riba». Les banques, appelées aussi intermédiaires agréés, (agréés par la Banque centrale), ne prêtent pas leur argent. Elles n'en ont pas vraiment (les règles prudentielles qui sont dans leur majorité universelles, insistent sur les conditions pour la protection de l'argent des épargnants). C'est bien l'argent des déposants qu'elles remettent aux emprunteurs, moyennant un salaire, appelé intérêt, pour le service qu'elles exécutent, afin de pouvoir payer elles-mêmes leurs propres charges. La loi le leur permet. En fait, les banques (algériennes et publiques) travaillent pour le compte des déposants, gratuitement, en leur fournissant des services (chéquiers, domiciliation, etc.) mais aussi et surtout pour le compte des emprunteurs, sous forme de crédits adaptés pour chaque demande. La banque, telle que citée ci-dessus, prête l'argent des autres, pas le sien. Son argent est insuffisant pour les prêts. Il est réservé surtout pour son propre investissement et ses propres besoins de gestion. Elle fait donc un travail d'intermédiaire entre les uns et les autres, moyennant, au risque de nous répéter, un salaire appelé intérêt pour ce travail d'intermédiaire qu'elle effectue et non pas un intérêt sur le prêt de son propre argent qui serait dans ces conditions «riba».
Certains prétendent que c'est péché, aussi, parce que la banque fait payer le risque qu'elle prend en prêtant.
Si cela est vrai, est-ce que se faire payer pour le risque pris est péché ' Si oui, alors supprimons toutes les primes de risque qui sont perçues par certains salariés à fonctions risquées. Pourquoi ne pas supprimer aussi toutes les autres primes '
Quant à l'intérêt qu'elle remet aux déposants, il faut le considérer comme une compensation de la perte du pouvoir d'achat. En effet, lorsqu'elle donne du 4% en intérêts, il faut voir l'inflation de plus de 8% de l'année 2012 que le déposant a perdue comme pouvoir d'achat. N'oublions pas qu'il s'agit d'une monnaie papier, non stable et non d'une marchandise. Les gens ont donc intérêt à mettre leur argent en banque pour minimiser la perte de pouvoir d'achat de ce «sacré» papier qui sert de monnaie.
Cette situation ne se présente pas avec la monnaie or (d'autrefois) qui n'a pas d'inflation accrochée à son existence.
Certains chercheurs en Islam prétendent (à tort ou à raison) que l'inflation en elle-même est une «riba». Alors, à bon entendeur...
Les banques publiques algériennes ne font pas du «riba». Les autres peuvent-elles en faire '
La réponse est oui dans certains cas et non dans d'autres.
Les banques publiques algériennes n'ont pas réellement accès au marché financier (la Bourse) tel qu'on le connaît sous toutes ses formes des plus agressives. Elles n'interviennent pas dans la spéculation des titres obligataires ou de propriété. La spéculation est l'achat pour revendre en l'état et souvent sur le même marché, quelque temps plus tard, comptés parfois en secondes, des titres dans le seul but de faire du bénéfice. Aucun but d'investissement n'est en intention. C'est en quelque sorte jouer pour gagner. Parfois, elles gagnent des sommes colossales, et parfois elles perdent également des sommes colossales, s'élevant à plusieurs milliards d'euros dans certains cas (lorsqu'elles perdent, c'est bien sûr le «trader» qui paie). C'est donc dans ce «casino» qu'offre le marché financier que ces banques jouent, bien souvent, avec l'argent des déposants. La «riba» ne fait pas de doute dans ces cas. C'est cet argent ainsi obtenu par la «riba» qui est en partie prêté. Ce n'est pas le cas des banques publiques algériennes et même probablement certaines banques privées installées en Algérie (tout dépend d'où provient l'argent qui sert à financer le crédit).
Les marchés financiers sont très utiles à l'économie en général, ils n'ont absolument rien à voir avec tous les intervenants qui n'ont pas tous les mêmes motivations innocentes.
Je m'abstiens de dire quelques mots sur les banques dites «islamiques» ou du marché financier dit «islamique» ou même du chèque dit «islamique». Des appellations trompeuses qu'un jour peut-être je commenterai. Dans ces conditions l'«Internet islamique» et pourquoi pas la «voiture islamique» pourront bien, un jour, aussi exister.
Revenons donc à notre véritable culture, sans écorcher aucune religion, tel que nous l'enseigne notre religion islamique.
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