Algérie

«La réglementation est inadaptée»



- Selon vous, qu'est-ce qui explique l'impuissance des organismes de l'Etat devant le phénomène du défrichement illicite 'Il convient de rappeler que le défrichement n'est pas un délit nouveau. Il a toujours existé mais dans de faibles proportions. La vigilance des forestiers et la célérité dans le traitement des dossiers par les instances judiciaires ont fait qu'il n'y avait pas trop de bruit comme maintenant. Actuellement, nous assistons à une ruée vers le défrichement.
Ceci a été engendré par la situation des années 1990 et cela a été aggravé par des antécédents d'abus dans la politique du « planter utile » qui a suivi. Le phénomène était devenu envahissant et inquiétant. Parallèlement, les services forestiers se voient confier les missions de développement rural car ils occupent et maîtrisent mieux le terrain. Seulement, il n'y a pas de nouveaux moyens pour ces nouvelles missions ce qui de fait dévoie le forestier de ses missions de préservation du domaine forestier national.
Ces services se retrouvent en train de remplir en milieu rural toutes les missions de services publics à eux seuls sauf les leurs, choses que tout le monde ignore. La wilaya est un territoire immense; ce n'est pas une simple réserve naturelle. Le tout, coiffé par une réglementation inadéquate.
- Où se situent les responsabilités '
Les responsabilités sont partagées entre ceux qui persistent à détourner l'administration des forêts de ses missions et une réglementation dépassée sans vouloir, bien sûr, dédouaner des préposés inconscients qui opteraient pour le défaitisme. La célérité dans le traitement des dossiers au niveau judiciaire est nécessaire mais sera sans effet du fait d'une réglementation non dissuasive.
- Comment peut-on mettre un terme à ce fléau '
En attendant, pour remédier à cette situation qui prévaut au niveau national et non seulement à Bouira, il faut d'abord agir au niveau local avec détermination selon les moyens existants. Les raisons que nous venons d'évoquer ne doivent guère constituer des motifs d'immobilisme. L'omniprésence sur le terrain et la vigilance sont recommandées.
Au niveau national, la mise en place d'une stratégie de conservation des forêts et de la protection de la nature est impérative. Il faut aussi remettre à l'honneur la notion de classification des terres dans les politiques publiques.
Une terre à vocation forestière doit le demeurer après un incendie ou un défrichement. Il est des cas où des gens brûlent la forêt pour ensuite demander la concession du terrain. L'administration forestière doit relever d'une structure spécifique qui valorisera ce corps. La forêt s'amenuise, entraînant l'érosion, la rupture du cycle de l'eau et, au final, la misère du monde rural et exode vers les villes.
La réglementation portant régime général des forêts doit être repensée. La création d'une école forestière permettra de déceler les vocations. Chaque université forme des ingénieurs de manière différente. L'école veillera à uniformiser le profil selon les besoins réels de la foresterie. Il faut, enfin, réhabiliter le corps de garde forestier.


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