Algérie

«La réforme de la santé passera par la numérisation»



Dans un entretien accordé à la chaine 3, dans le cadre de l'émission «L'invité de la rédaction», le professeur Djamel Eddine Nibouche, chef de service de cardiologie au Centre hospitalo-universitaire Nefissa Hamoud (ex-Parnet), a dressé un constat sans complaisance du système actuel de la santé en Algérie. Tout d'abord, il appellera à «remettre le citoyen algérien au travail, le motiver et lui offrir les conditions favorables pour accomplir à bien son travail». Il nuancera, par ailleurs, ses propos pour les personnels de la santé en confiant, «dans le secteur de la santé, nous ne parlons plus de travail, mais bien d'une mission à accomplir». Visiblement agacé par un état des lieux déliquescent,le professeur Nibouche a jugé primordial le changement dans le secteur. «Réformer, c'est une nécessité absolue et naturelle en fonction des nouvelles données, comme cela se fait dans le monde entier»,affirmera-t-il.Il. s'est montré également très affecté par le laxisme et le laisser-aller dans les différents établissements publics, notamment pour ce qui est de l'organisation des soins et du gaspillage constaté. «Il y a des patients qui occupent des lits d'hôpitaux pour des analyses ou des procédures, qui ne dépassent pas quelques minutes», s'est-il insurgé encore, appelant à «repenser la gratuité des soins, faire la guerre au gaspillage et instituer un contrôle, une évaluation et un suivi de l'acte médical...», s'exclamera-t-il. Selon ce cardiologue, «les modes d'organisation et d'accueil des patients doivent être impérativement révisés». Il admettra aussi que «la Covid a exacerbé les insuffisances, partout dans le monde. Nous l'avons vécu de plein fouet cette crise sanitaire en Algérie, à commencer par les crises d'oxygène, le manque de lits d'hospitalisation, etc....». Selon cet éminent professeur de l'hôpital Nefissa Hamoud, la réforme du système ne doit pas nous rabaisser. «Nous n'allons pas nous remettre en cause, nous allons revoir, sereinement, tout ce qui est en notre possession, en fonction de l'audit que nous avons effectué», confiera-t-il. Prônant un «accès égal aux soins à tout le monde et une équité pour tous», il appellera à mettre en place une médecine sociale moderne et efficace», dira-t-il estimant nécessaire de «revoir entièrement cette conception de la médecine gratuite», en fonction de ce qui se fait dans le monde.Pour ce professeur, il faut fonder une «médecine préventive et curative performante avec un accès aux soins,facile, mais organisé... Contrairement au système de santé actuel qui est désorganisé». Un constat implacable et sans état d'âme pour ce professionnel du secteur de la santé, qui s'en est allé en guerre contre un ordre bien établi et toléré. L'une des alternatives envisagées par ce professeur, est «la numérisation qui est une chance inouïe pour permettre de gérer, analyser et maïtriser la gestion avec rigueur pour une meilleure prise en charge des malades». Il préconisera l'institution d'une carte médicale numérique, dans laquelle toutes les données seraient disponibles.
Concernant les cotisations et l'absence de certaines dépenses médicales non couvertes par la Cnas, il estimera que seule la numérisation pourra régler le cas.
Le professeur Nibouche ne pense pas qu'il faille charger davantage le ministère de la Santé avec l'annexion d'autres secteurs. Il appellera à la création d'hôpitaux de wilaya et de l''école nationale de médecine, entièrement intégrée à l'enseignement supérieur, et non sous tutelle.


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