Algérie

La réforme de l'école selon la méthode d'un garçon dans le vent algérois



On l'appelait «Monsieur Mustapha». Il y a bien longtemps, dans l'Algérie indépendante depuis moins d'une décennie, Mustapha était un jeune instituteur de français dans une école à l'ouest de la ville d'Alger. Ses élèves disent qu'il ressemble aux «Quatre garçons dans le vent», les Beatles, avec ses cheveux un peu trop longs pour un instituteur et son style vestimentaire, le plus souvent «sport», alternant avec les costumes à col Mao des chanteurs du groupe anglais.Lui, il chantait en classe, la plupart du temps des chansons françaises comme Il y a le ciel, le soleil et la mer, de François Deguelt, à la grande joie de ses élèves. Avec lui, il y a toujours cinq minutes de franche rigolade au début et à la fin de chaque cours. Mais, entre-temps, c'est le travail sérieux, très sérieux même. Mustapha avait le don de motiver ses élèves et de découvrir leurs dons cachés dans les différents domaines comme la poésie ou le dessin par exemple.
En ces temps, les punitions physiques étaient légion, mais lui avait solennellement coupé en deux et jeté à la poubelle «le bâton de punisseur» devant ses élèves avec qui il avait conclu «un pacte moral» de coopération volontaire. «Celui qui vient réellement pour apprendre n'a pas besoin d'être forcé pour le faire», avait-il dit à ses «enfants», entièrement d'accord avec lui. Les cours de «Monsieur Mustapha» sont ainsi devenus une cure de repos.
Au début du 2e semestre et après le classement des élèves, selon les notes, Mustapha avait procédé à une vraie « révolution culturelle». À la première table, à quelques centimètres de lui, il a fait asseoir le premier de la classe avec le dernier, celui qu'on appelait à l'époque «le bourricot de la classe ». Derrière eux, la table est occupée par le 2e et l'avant-dernier de la classe et ainsi de suite. Ainsi, les premières tables sont occupées par les meilleurs élèves et aussi par les plus mauvais, obligés de quitter leurs «repaires» au fond de la classe.
Aux tables du fond, «cohabitent» des élèves de niveau moyen. «Monsieur Mustapha» a réalisé un véritable «miracle». Les cancres ont beaucoup changé en voulant apprendre au contact des cracks et les élèves moyens se sont mutuellement émulés et motivés.
Sa classe est devenue la meilleure de l'école et de toute la région. Des parents d'élèves sont venus le remercier pour avoir fait aimer l'école, l'éducation et l'instruction à leurs enfants récalcitrants, qu'ils traînaient presque de force vers l'école. A la fin de l'année scolaire, les enfants n'avaient pas chanté Gai, gai l'écolier, c'est demain les vacances... ils étaient tristes de quitter leur «copain» Mustapha.
«Monsieur Mustapha» a subitement disparu. Certains disent qu'il est parti vivre et travailler en France. Sa méthode et ses idées sont aujourd'hui appliquées dans les différents projets de l'école et de l'enseignement à travers le monde. Personne ne sait ce qu'est devenu «Monsieur Mustapha», un pionnier dans ce domaine et qui, le premier, avait compris que l'instruction n'est pas une corvée, mais un plaisir, autant pour l'élève que pour l'instructeur. Tout est une question de méthode.
K. B.
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