«La réforme est là, elle se fait doucement, il faut être indulgent etpatient parce qu'on ne peut changer l'état des choses en un claquement de doigts.»Les propos sont d'un optimisme rassurant. Ils sont de Patrice deVilleroy, représentant d'un bureau d'études français qui a pris en charge cequ'il appelle le troisième lot d'un programme de modernisation des systèmesfinanciers algériens. C'est aussi ce que nos politiques appellent la réformebancaire et financière qu'ils entreprennent depuis de longues années sansrésultats probants. Patrice de Villeroy refuse ce constat d'échec et se veutrassurant lorsqu'il parle «bilan et perspectives» des opérations qu'il a menéesau titre du 3e lot du programme aux côtés de ses homologues experts et cependant près de 15 mois et qui ont coûté un peu plus de quatre millionsd'euros. La tâche des experts français s'est axée autour de la modernisationdes agences bancaires. Ils en ont créé 4 (la 5e en cours) - pilotes - affiliéesaux banques publiques mères, à savoir la BADR, la BDL, la BEA, la BNA et laCNEP. Leur champ d'intervention «rendreopérationnel le système de paiement en encadrant la formation du personnel, encontrôlant l'intégration du système informatique des banques, en assurant lamise à jour des procédures et du cadre organisationnel, en promouvant lesnouveaux moyens de paiement, réorganiser le front office (le guichet) entreautres en répartissant les portefeuilles clients, en mettant en place lesoutils de pilotage de portefeuille client, en formant les chargés de laclientèle, réorganiser la filière crédit en assurant la séparation des activitécommerciales de constitution de dossier, des activités de contrôle des risqueset de scoring, faire en sorte de dissocier les fonctions décisionnelles decelles opérationnelles, éclater les centres de contrôle en redéfinissantclairement les tâches, aménager l'offre de services aux particuliers et offrirun support fiable aux activités commerciales». Les experts estiment que«l'efficacité de l'approche est garantie par la mise en oeuvre d'uneméthodologie «sur mesure» s'appuyant sur des principes d'efficacité, cohérentsavec le contexte algérien». Leur objectif «accompagner la transformation desbanques publiques algériennes en banques commerciales». Ils notent juste «qu'àsa demande, le CPA a été retiré du programme». Le CPA, faut-il le noter, estmis en stand-by en attendant la finalisation des procédures de saprivatisation. Les experts soulignent que «pour garantir l'atteinte derésultats opérationnels, chaque projet a été mené selon la méthodologie 3C àsavoir programme construit, programme conduit et mobilisation de compétences».Il est fait état de 15 projets menés dans 13 communes. Les projets en agence ont porté sur notamment l'organisation et lesprocessus commerciaux, l'évaluation des compétences et la résistance auchangement. Ceux au niveau central ont revu le fonctionnement du crédit àtravers le suivi des risques et précontentieux entreprises. «Les résultats sontsatisfaisants», dit Patrice de Villeroy. Il est constaté au niveau de l'agenceCNEP «une diminution des files, une augmentation de l'activité commerciale, unniveau de vente (ouverture de comptes et crédits immobiliers) en progression».Pour l'agence BEA, «il y a en front office une augmentation de l'activitécommerciale et des ventes et en back office, réalisation de gains deproductivité et sécurisation des tâches». Même constat positif pour celle de laBNA. L'agence BADR, pour sa part, a réussi «une distribution massive des cartesde retrait pour désengorger les files d'attente (650 cartes vendues dès lapremière semaine)». L'expert français est persuadé qu'«il existe aujourd'huiune vraie dynamique de projet qui s'est engagée dans les banques». Et«l'ouverture des agences pilotes est déjà un succès qu'il convient depérenniser et d'étendre à l'ensemble du réseau bancaire». Il est recommandé «depoursuivre le programme de réforme et de l'étendre à l'ensemble des projets demodernisation du secteur financier en vue de sécuriser et fiabiliser lesopérations, répondre à la demande des clients et accompagner la croissance enAlgérie». Pour l'instant, les cinq agences créées ne travaillent pas en réseauà leur banque mère. Elles se testent aux projets de moyens de paiement de masse«à la main». L'on ne saura pas si ces projets ont remplacé le fameux RIS(réseau interbancaire spécialisé) par lequel l'Algérie devait interconnecterses banques. Ce qui est sûr, c'est qu'il aura coûté rien qu'en études, unemasse de dollars. Il a été programmé au temps où Abdelkrim Harchaoui étaitministre des Finances. Notons que ce 3e lot de réformes s'inscrit dans le cadred'un large programme Meda lancé en 2001 avec l'appui de la Communautéeuropéenne pour un budget de plus de 20 millions d'euros. Ses résultats serontprésentés aujourd'hui à l'hôtel Hilton. Patrice de Villeroy invite les«réformateurs» algériens à ne pas oublier «d'initier des plans de carrière pourmotiver ceux qui ont à charge la modernisation des banques». Il estime certesque «ce n'est pas simple, c'est vraiment compliqué, mais on revient de trèsloin, l'Algérie a des banques de 4.000 personnes, ce n'est pas facile àchanger», dit-il à propos des réformes dans le secteur bancaire, mais ilrassure: «la réforme est là, elle se fait doucement, je le vois».
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 03/07/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ghania Oukazi
Source : www.lequotidien-oran.com