Algérie

La réduction du déficit commercial remise en cause


Entre janvier et la fin du mois dernier, les importations ont atteint 38,240 milliards de dollars, ce qui donne une petite économie de 134 millions de dollars par rapport à la même période de l'année dernière, lorsque, entre janvier et octobre 2017 donc, elles étaient à 38,374 milliards de dollars.L'interrogation revient de manière quasi-récurrente : à quoi servent réellement les mesures de restriction des importations ' Les défenseurs de la politique commerciale du pays répondront sans doute que le fait est là : le déficit commercial de l'Algérie s'est établi durant les dix premiers mois de cette année à 4,11 milliards de dollars alors qu'il était de pratiquement 10 milliards l'année dernière à la même période, soit un gain de 58,5%. De quoi faire taire tous les sceptiques certes, mais d'un côté, il serait de bon ton de relativiser ces statistiques en expliquant que cette embellie sur le plan du déficit commercial on la doit à la spectaculaire remontée des cours du pétrole jusqu'à fin septembre dernier. Des cours (plus de 70 dollars en moyenne) qui ont gonflé la facture des exportations pour offrir, contrairement aux trois années précédentes, toute latitude aux gestionnaires de l'argent du pays de couvrir nos importations. Ceci même s'il faudrait noter qu'en volume, la Sonatrach a moins exporté qu'à la même période de l'année dernière, lorsque le pétrole valait en moyenne 50 dollars. Jusqu'à fin octobre de cette année, l'Algérie a engrangé 31,795 milliards de dollars grâce à ses hydrocarbures, soit une hausse de plus de 18% par rapport à la période considérée en 2017. Dans le même temps, malgré le satisfecit affiché ces dernières semaines par les cadres du ministère du Commerce, les exportations hors hydrocarbures, malgré une hausse spectaculaire de plus de 50%, ont toujours une aussi faible influence sur la balance commerciale.
L'enseignement essentiel des statistiques émises par les douanes est donc la persistance de l'importance de la facture d'importation. En effet, les restrictions n'ont permis d'économiser que 134 millions de dollars puisque tout au long des dix derniers mois écoulés, l'Algérie ayant importé pour 38,240 milliards de dollars contre 38,374 milliards entre janvier et octobre de l'année dernière. Une lourde facture d'importation qui contredit ainsi le discours et fait toujours le bonheur des fournisseurs de notre pays au premier rang desquels on retrouve la Chine avec ses 6,41 milliards de dollars, soit 16,76% de nos importations globales, talonnée par le quatuor européen que mène la France avec 3,86 milliards de dollars (10,11%), suivie de l'Italie avec 3,06 milliards de dollars (8%), l'Espagne avec 2,95 milliards de dollars (7,7%) puis l'Allemagne avec 2,62 milliards de dollars (6,85%).
Au regard de la crise des cours qui secoue le marché pétrolier depuis un mois maintenant et la propension toujours aussi grande des importations, il y a tout lieu de nourrir quelque crainte sur le ralentissement du déficit commercial à la fin de l'année et, par ricochet, sur nos réserves de change.
Azedine Maktour
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