Algérie

La reconstruction de la Libye attise les convoitises



La Turquie, qui a aidé les forces de Tripolitaine à repousser l'offensive du maréchal Haftar, compte, en retour, bénéficier d'importants marchés.La capitale libyenne connaît un ballet diplomatique sans précèdent depuis la mise en place des nouvelles autorités de transition, dont l'enjeu principal est la reconstruction du pays, soit un marché estimé à plusieurs dizaines de milliards de dollars qui aiguise l'appétit des pays européens et suscite les rivalités entre la Turquie et la France pour préserver leurs parts du gâteau.
Premier potentiel bénéficiaire de cette importante manne financière : la Turquie. Ce pays, qui a aidé les forces de Tripolitaine à repousser l'offensive du maréchal Haftar, compte, en retour des services rendus, bénéficier d'importants marchés dans un pays où tout est à reconstruire après des années de guerre. Lors d'une visite de deux jours du Premier ministre libyen, Abdelhamid Debeïbah, le 12 avril dernier, à Ankara, la Turquie et la Libye ont en effet annoncé le maintien de l'accord de 2019 fixant les frontières maritimes entre les deux pays.
Un accord par lequel la Turquie peut justifier ses activités d'exploration gazière dans des zones maritimes revendiquées aussi par la Grèce et la partie chypriote-grecque. Dans la foulée de cette annonce, les dirigeants des deux pays ont signé une série d'accords visant à renforcer la coopération économique bilatérale. "Notre visite en République turque s'inscrit dans le cadre de la reconstruction et du retour des entreprises turques pour mener à bien les projets qui leur ont été confiés avant la révolution de février 2011, ainsi que pour soutenir les usines et les entreprises libyennes dans le domaine de l'énergie et des communications et ouvrir de nouvelles liaisons commerciales maritimes", a indiqué dans un tweet Abdelhamid Debeïbah. "Les entreprises turques joueront un rôle important dans la reconstruction de la Libye", a indiqué en outre le Premier ministre libyen. Cette annonce qui semble favoriser la Turquie a fortement déplu à ses rivaux européens, dont la France et l'Italie, qui voient mal une coopération turco-libyenne qui nuit à leurs intérêts.
À commencer par la France, dont le président, Emmanuel Macron, exerce de fortes pressions auprès de ses alliés européens pour obtenir le retrait des troupes turques de la Libye, tout en opérant un rapprochement avec le nouvel exécutif libyen. En ligne de mire, la France escompte relancer le contrat de livraison d'équipements à l'armée libyenne, mais aussi obtenir un nouveau partenariat dans le secteur pétrolier à travers sa compagnie Total, dont le patron doit se rendre ces jours-ci à Tripoli. Lequel secteur où la major italienne, ENI, assure l'essentiel du partenariat avec la compagnie nationale libyenne.
Le déplacement à Tripoli du chef du gouvernement italien, Mario Draghi, ne peut être interprété autrement que dans ce contexte d'aide au renforcement des compagnies de son pays pour accaparer des marchés dans le secteur des hydrocarbures et, accessoirement, des infrastructures.
Un secteur où la Russie, qui a soutenu le camp de Haftar, et même la Chine comptent prendre pied. Pays voisins, l'Egypte et la Tunisie lorgnent aussi le marché de la construction en Libye. Le sujet était même au centre des discussions des chefs d'Etat égyptien et tunisien, lors de la visite de ce dernier au Caire, entre le 9 et le 11 avril. Alors que l'Egypte ambitionne de placer sa main-d'?uvre en Libye, la Tunisie espère placer ses produits manufacturés dans un marché où elle était bien implantée avant la crise libyenne.
Amar R.


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