Algérie

"La réconciliation est une constante nationale"




Elle est un événement aussi important dans l'histoire de ce pays que le déclenchement du 1er novembre 1954.L'ex-président de la Commission nationale consultative de protection et de promotion des droits de l'homme Cncppdh, Farouk Ksentini, fait part du bilan de 16 années d'exercice à la tête de cette institution. Il revient sur la Réconciliation nationale qui a permis d'instaurer la paix. Cette dernière devient une constante nationale, désormais, souligne-t-il Les droits de l'homme sont une culture, rappelle-t-il en indiquant que la Cncppdh a fait bouger les choses dans ce sens, surtout que les droits de l'homme étaient quasiment un sujet tabou. Il revient sur le rôle joué par son institution sur des fronts importants et décisifs comme celui de l'indemnisation des familles des disparus. «Nous avons activement travaillé à faire indemniser les familles et avons réussi à rapprocher les parties, c'est à dire ces dernières et l'Etat. 98% des familles ont accepté le principe de l'indemnisation. Dans ce dossier, nous sommes partis du principe que l'Etat était responsable même s'il n'était pas coupable.» Ksentini signale par ailleurs que le problème des disparus demeure un phénomène douloureux, legs amer de la décennie noire qui a fait des victimes collatérales. Il estime que la réconciliation est un précieux acquis national, dont l'impact a été immédiat en matière d'évolution positive des droits de l'homme en Algérie. D'âpres négociations, menées notamment par les corps de sécurité, ont été à l'origine de près de 7000 cas de reddition. La réconciliation a eu donc un impact immédiat sur la vie des Algériens qui ont immédiatement bénéficié d'un droit majeur, celui du droit à la sécurité. La paix civile aura permis d'organiser des élections législatives et présidentielles, comme elle a charrié l'amélioration des droits sociaux, en matière d'enseignement, de construction de logements au nombre de 3 millions notamment sociaux.
Ksentini se réjouit des améliorations apportées dans le domaine de la justice. Il cite particulièrement la détention préventive qu'il qualifie d'aberration manifeste. «Nous avons proposé d'autres approches au mandat de dépôt qui était devenu une véritable industrie dans notre pays. Des dispositions ont finalement été prises pour remédier à ce fléau» étaye Ksentini qui souligne l'importance de la liberté individuelle. Il a ajouté néanmoins «qu'il reste beaucoup à faire dans ce domaine». A l'en croire, les progrès n'ont pas été aussi probants dans les secteurs de l'éducation et celui de la santé. L'école est devenue contre- productive alors que la santé demeure en deça des attentes des citoyens et ce en dépit des masses d'argent qui ont été injectées, se désole-t-il. La scolarisation en masse ne suffit pas il faut apporter une formation sérieuse aux élèves. L'école est un secteur qui a régressé par rapport aux années 1960 et aux années 1970. Nous avons pourtant des compétences et des valeurs aussi bien dans l'enseignement que dans la santé, nuance-t-il. Ksentini rebondit sur le sujet de la peine de mort, une peine qu'il appelle à abolir. «La majorité des Algériens est pour l'application de la peine de mort. Nous nous félicitons néanmoins d'avoir soulevé le débat à son sujet et militons encore pour son remplacement par la peine de prison à perpétuité» fait-il savoir. De la loi sur la rahma en passant par la concorde civile, la Réconciliation nationale est un événement aussi important dans l'histoire de ce pays que le déclenchement du 1er novembre 1954. Elle est un véritable projet qui a été proposé aux Algériens auquel ils ont massivement adhéré. La Réconciliation nationale algérienne est devenue un modèle dans le monde. Elle a été algéro-algérienne car n'ayant pas eu besoin de l'intervention d'une quelconque personnalité ou d'un pays tiers.


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