Algérie

La recherche scientifique manque de garanties financières


Photo : S. Zoheir
Par Samira Imadalou
Les représentants du gouvernement ne cessent de le répéter : la recherche scientifique est la référence de base dans la prise de décisions en matière de politique de développement. En d'autres termes, sans matière grise, pas de croissance. Or, la place accordée à la recherche scientifique reste faible, voire insignifiante en Algérie. La recherche et les chercheurs sont peu considérés faute de mesures à la hauteur des attentes de ce monde et de l'économie nationale. Et ce, même si beaucoup de changements positifs ont eu lieu depuis l'indépendance sans pour autant être sauvegardés. Preuve en est, la fuite des cerveaux qui continue à faire perdre ses compétences au pays. L'Algérie a fortement investi dans la formation universitaire, mais n'a pas su maintenir sa matière grise. La décennie noire qu'a traversée le pays, durant les années 1990, n'a fait qu'aggraver la situation. Depuis l'amélioration de la situation sécuritaire, la nécessité de développer la recherche scientifique et d'encourager le retour de la diaspora revient comme un leitmotiv. Cependant, en matière de concrétisation, c'est toujours l'attente. Il y a, en effet, un déphasage entre les discours et la réalité du terrain. Ce qui explique la fuite des cerveaux vers d'autres cieux où les moyens sont mis à leur disposition pour mettre leurs connaissances au profit du développement et de la croissance. Le constat dressé, la semaine dernière, par le directeur général de la recherche scientifique, Hafid Aoureg, illustre ce retard. Avec un budget qui représente à peine 0,63% du PIB (contre une moyenne de 1,5% pour les pays émergents) et seulement 30 000 chercheurs comment peut-on exiger à ce que la recherche scientifique soit le moteur du développement ' Et ce, d'autant qu'aucune loi ne garantit la durabilité des financements pour ce secteur marginalisé. Si en 2011, le financement de la recherche sur le Fonds national de la recherche scientifique et du développement technologique (FNRSDT) était de 30 milliards de dinars, rien n'est encore clair pour l'avenir. En fait, le responsable en question a soulevé le problème de la pérennité de la dynamique en termes de recherche. Les 30 milliards de dinars permettront, certes, de mener à terme les projets de construction de 846 laboratoires que nécessite le plan de développement allant à 2014. Mais au-delà, pas de garantie de financement faute de texte de loi. Le retard à combler est énorme que ce soit en termes de financement ou de ressources humaines. L'Algérie enregistre à ce chapitre un déficit de 20 000 chercheurs à combler en 3 ans (d'ici à 2014). «L'Algérie qui compte plus de 35 millions d'habitants ne compte que 700 chercheurs pour un million d'habitants ce qui est très loin de la moyenne mondiale», a-t-il relevé pour montrer l'ampleur de ce déficit qui touche même les ingénieurs. Lesquels, faut-il le noter, sont de plus en plus nombreux à fuir le monde de la recherche pour travailler dans l'administration ou pour bénéficier de l'aide de l'Etat dans le cadre des dispositifs d'appui à la création d'entreprises en lançant parfois des projets qui n'ont rien à voir avec leurs spécialités et bien loin de l'innovation. D'où, la déperdition de certains créneaux dont l'importance est pourtant relevée dans le processus de diversification. La troisième loi de la recherche 2013-2017 en phase de préparation apportera- t-elle les garanties d'une production scientifique et mettra- t-elle en place les bases de l'innovation '
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