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La recherche avance Cancer du sein



La sixième Conférence spéciale de l'Association américaine pour la recherche sur le cancer du sein (AACR), consacrée aux dernières avancées dans la recherche du cancer du sein, a eu lieu cette année du 12 au 15 octobre 2011, à San Francisco, en Californie (USA).
Correspondance particulière.
De San Francisco (USA)
Durant quatre jours, 300 chercheurs, venus d'Amérique du Nord et du Sud, d'Europe, d'Asie et d'Algérie ( notre pays était l'unique représentant cette année de l'Afrique à la conférence), ont fait une synthèse sur les dernières avancées de la recherche du cancer du sein. Les nouveaux travaux de recherche présentés au cours de cette conférence traitaient de la génomique et de l'épigénomique du cancer du sein, des thérapies ciblées et de leurs mécanismes moléculaires, des mécanismes moléculaires de résistance chez certaines patientes aux thérapies ciblées, comme par exemple la résistance au traitement ciblé à la molécule Trastuzumab (Herceptin), la personnalisation du traitement du cancer du sein, l'implication des nouvelles molécules de l'ARN non codants ( dont les micro ARNs font partie) dans le cancer du sein et sa progression, les nouvelles approches thérapeutiques issues des résultats de l'analyse par des micropuces à ADN des 5 sous-types de tumeurs du cancer du sein.
Une session entière de la conférence a été consacrée aux derniers résultats sur les mécanismes moléculaires en action dans les cellules souches à l'origine de la glande mammaire, des cellules souches à l'origine du cancer du sein et à la résistance de ces dernières à la chimiothérapie chez les patientes atteintes du cancer du sein. Kornelia Polyak, chercheuse au Dana-Farber Cancer Institute à Boston (USA) et coprésidente de la conférence, a présenté une remarquable communication sur des travaux préliminaires qui visent à comprendre les mécanismes génétiques moléculaires à l'origine de la forte protection naturelle contre le cancer du sein, qu'on retrouve chez les femmes qui ont eu des enfants à un âge jeune. L'étude a porté sur du tissu mammaire normal provenant de femmes ayant déjà enfanté et chez des femmes nullipares. Les auteurs ont comparé la fréquence et le profil d'expression de certains gènes chez quatre types de cellules qu'on retrouve dans la glande mammaire, les cellules souches CD24+ et CD44+ de la glande mammaire, les cellules CD10+ mypoépithéliale et les fibroblastes du stroma.
L'étude a montré une différence entre la fréquence et le profil moléculaire chez les 4 types de cellules chez les 2 groupes de femmes. Les résultats chez les femmes ayant eu des enfants à un jeune âge montrent un changement important et durable dans les cellules souches de la glande mammaire (qui il faut le rappeler seraient les cellules à l'origine du cancer du sein,) ce qui aura pour conséquence une altération de leur futur profil oncogénique donc une diminution du risque du cancer du sein chez ces femmes. L'autre grand moment de la conférence, a été la présentation par les chercheurs, sous forme de posters, des derniers travaux de recherche sur le cancer du sein. Deux sessions de présentation de posters des derniers résultats obtenus par les chercheurs (venus en grande majorité des prestigieuses universités américaines et de grands centres de recherche sur le cancer) sur les divers thèmes étudiés par la conférence ont été programmées.
Il faut souligner la généralisation des dernières techniques de biologie moléculaire (micropuces à ADN, séquençage à haut débit de l'ADN') et l'utilisation des programmes de bio-informatique pour l'analyse des résultats dans la recherche sur le cancer du sein. Les chercheurs algériens ont présenté un premier travail original sur l'épidémiologie du cancer du sein triple négatif chez les patientes algériennes. L'étude s'est faite sur 1521 patientes atteintes du cancer du sein ; parmi elles on a identifié 305 cas de cancer du sein triple négatif. Les patientes sont suivies au niveau des établissements publics spécialisés de santé publique. Le cancer du sein triple négatif est un cancer agressif, de mauvais pronostic et il n'existe pas de traitement ciblé contre ce cancer. Le cancer du sein triple négatif est appelé ainsi car il n'exprime pas les récepteurs aux hormones oestrogènes et la progestérone et le récepteur du facteur de croissance de l'épiderme (Her2) n'est ni surexprimé ni amplifié dans le phénotype triple négatif.
La prévalence du cancer du sein triple négatif et l'âge au diagnostic diffèrent entre les différentes populations (européennes, afro-américaines, hispaniques ').
Aujourd'hui, Il faut souligner avec force que les travaux de recherche sur le cancer, qui sont menés dans notre pays, auront un impact sur la prise en charge des malades que si les pouvoirs publics mettent en application, en urgence, un plan national de lutte contre le cancer doté de moyens humains, financiers et techniques conséquents. Ce plan permettra la mise en place d'une politique médicale nationale de la prévention du cancer et une prise en charge efficace et rapide des patients cancéreux dans les services d'oncologie de notre pays.
Farid Cherbal. Enseignant-chercheur à l'USTHB
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