Algérie

La réappropriation'



Le gouvernement de gestion des affaires courantes et, au-delà, le pouvoir politique qui le sous-tend ont sans doute eu, ces derniers jours, tout le loisir de prendre la mesure de l'ampleur de leur "capital antipathie" auprès du plus grand nombre d'Algériens. À des moments-clés de l'Histoire, le déni et l'autisme qui accompagnent souvent les autoritarismes politiques se retrouvent brutalement confrontés aux dures réalités de leurs sociétés, qu'ils ont mis pourtant tant d'efforts à vouloir étouffer, au point de finir par les renier et de les compter comme définitivement tues.Le dernier épisode de mobilisation massive pour exprimer une défiance populaire totale à l'endroit du projet de loi sur les hydrocarbures est à ce point éloquent. S'agissant d'un secteur aussi sensible que celui qui focalise l'essentiel de la richesse dont peut se prévaloir le pays, la collectivité nationale s'est ainsi majoritairement emparée de la question de sa réforme, contestant d'un seul bloc ou presque ? les satellites traditionnels du pouvoir y compris ? le droit que s'est arrogé le régime en place de décider unilatéralement de sa réorganisation et des aménagements à y apporter.
Qu'importe si la version en vigueur de la loi des hydrocarbures date déjà de plusieurs années et que le contexte général, marqué par une crise pétrolière majeure et un chamboulement total de l'environnement énergétique mondial, impose de fait sa mise au diapason. Qu'importe aussi si le projet proposé s'engage à ne rien céder sur la souveraineté de l'Etat sur ses ressources en sous-sol, ni sur les monopoles dévolus traditionnellement à la compagnie pétrolière nationale et sur la règle des 51/49% comme principe invariable de partage de production.
Le fait est que, par-delà même le contenu de la loi, les motivations et les finalités de sa révision en cette conjoncture en tous points particulière, le peuple dans sa grande majorité conteste, à l'origine, l'idée même qu'un gouvernement, sans crédit ni légitimité, puisse exercer un quelconque pouvoir de décision sur une question aussi engageante que le devenir du secteur pétrolier.
Au constat d'illégitimité politique, que le régime lui-même doit consentir à admettre au vu du désaveu définitif exprimé à l'égard de ses projets de réformes, se juxtapose désormais l'évidente volonté populaire qui tend aujourd'hui à se réapproprier, non seulement l'espace public, mais aussi sa souveraineté naturelle sur les affaires politiques et économiques du pays. Une volonté de réappropriation qui confirme si besoin est le caractère plus que décisif de la révolution du 22 Février.


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