«Le fait de plonger dans le théâtre en Algérie m’a appris et m’apporté beaucoup!»
D’origine algérienne, la réalisatrice Taous Claire Khazen est américaine de nationalité. Elle subit une formation en théâtre à l’Ecole Internationale de Théâtre Jacques Lecoq de Paris. Licenciée en théâtre, Taous Claire Khazen a également fréquenté de Mac Alister College à St. Paul, (USA). A Minneapolis, elle est comédienne, metteur en scène et animatrice du théâtre pour jeunes. Mais elle se balade avec autant d’aisance entre le cinéma et la mise en scène de la comédie. La semaine dernière, elle a interprété son one-woman-show
 «Tizi-Ouzou». Un spectacle qu’elle a déjà représenté à St. Paul, Minneapolis, Portland, Seattle (USA) et en Alexandrie (Egypte). Elle mijote aujourd’hui un projet de spectacle qui s’inspire des Contes Kabyles, une idée qui a vu le jour dès janvier 2007.
La voix de l’Oranie: Quelques mots, si vous le voulez bien sur vos débuts dans les métiers du cinéma et de la comédie?
Taous Claire Khazen: J’étais danseuse (classique et moderne) pendant mon enfance. Quand j’étais adolescente, des animateurs m’ont donné des rôles comiques dans les ballets. A l’âge de 16 ans, j’ai décidé de me consacrer au théâtre. J’ai mis en scène 3 pièces et j’ai joué dans plus que 15...
-Avez-vous suivi une formation préalable dans le domaine?
-Je suis licenciée en français et théâtre. De plus, j’ai été formé à l’école internationale de théâtre Jacques Lecoq à Paris (promo 2003-2005).
-Quel genre de théâtre pratiquez-vous dans vos travaux et vos productions?
-Je me limite à un genre précis. J’aime quand l’espace bouge, quand les comédiens jouent en engageant leurs corps, et quand le texte nous fait rêver.
-L’Algérie est-elle présente dans vos pièces?
-Oui, souvent. J’ai réalisé «1962» de Mohamed Kacimi en 2003 (traduction anglaise de moi-même). Je joue un one (wo)man show que j’ai écrit *Tizi Ouzou* qui est toujours à l’affiche. Mais j’ai aussi mis en scène en spectacle pour jeune public à partir des contes Somaliens, et maintenant je suis sur un spectacle dans un style de langage, de gestes et de contes Kabyles. Par contre aux USA, j’ai joué des pièces de Brecht, de Susan Lori Parks, et des spectacles de création originale avec une compagnie qui travaille entre danse et théâtre. Des thèmes qui parlaient de l’immigration clandestine entre les USA et le Mexique, de la schizophrénie...
-Vous faites uniquement dans la réalisation ou vous écrivez aussi des textes. Avez-vous écrit?...
-Je suis comédienne, metteuse en scène, animatrice de cours de théâtre pour jeunes et j’ai écrit «Tizi-Ouzou» et je compte à continuer à écrire. Oh, et j’ai eu un poème publié récemment.
-Avant de venir en Algérie, avez-vous représenté dans d’autre pays?
-Oui, toute seule, je me suis organisé une tournée l’été passé avec mon one (wo)man show «Tizi-Ouzou». Je l’ai joué en Egypte cet hiver...j’aimerais continuer à le jouer partout dans le monde...
-Avez-vous déjà été primée dans une rencontre officielle ou autres festivals ?
- Non, aux USA, on n’a pas vraiment un système de prix qui récompense les participations aux festivals, normalement on joue un mois et puis la pièce ne se joue plus... Il y a maintenant des prix à Minneapolis pour la communauté théâtrale, genre oscars pour le théâtre des Tonys à New York, mais je ne suis pas encore à ce stade dans ma carrière...
-Quels sont les noms de la dramaturgie qui vous servent de référence? Des Algériens aussi peut-être?
-J’aime beaucoup le travail d’Arianne Mounouchkine. Pour les Algériens, j’aime beaucoup Mohamed Kacimi (il vit en France), Fellag. J’étais impressionné par le travail de Boudjema Djilali et Mohamed Yabdri pendant le festival professionnel au TNA cette année...
-Parlez-nous un peu de votre séjour à Béjaïa. Qu’es-ce qui le motive?
-Je suis venue dans le cadre du «Projet Théâtral des Contes Kabyles» avec L’Association Culturelle Amazighe en Amérique. Le Théâtre Régional de Béjaïa m’a aidé aussi. J’ai donné un stage théâtral pendant le mois de juillet avec sept jeunes comédiennes. En parallèle, des comédiennes partent une fois par semaine dans des villages différents pour faire parler des vieilles femmes qui se souviennent toujours des contes Kabyles. On les enregistre pour sauvegarder leurs voix, tonalités, et les détails du langage des contes. Lorsqu’on se retrouve au théâtre, on écoute ces contes et mettons à part ceux qui nous touchent et nous frappent par leurs contenus. Pendant le deuxième mois de travail, on prend trois contes qui servent comme texte au spectacle. Puis on crée une pièce théâtrale qui n’a ni décors ni costumes grandioses. On cherche à tisser ces histoires avec un grand travail d’ensemble et de l’imagination sur une scène quasiment nue.
-Quels regards portez-vous sur le théâtre algérien?
-Je viens de faire sa connaissance. En faisant ma thèse à l’université en 2003 j’ai fait une petite recherche là dessus...mais c’est maintenant en me plongeant dans le bain cet été que j’ai pu vraiment voir que le théâtre en Algérie a une grande histoire. Je vois beaucoup de troupes et de théâtres régionaux qui travaillent dur pour mettre en scènes des spectacles. Par contre il me semble que ce n’est pas encore assez. Il faut former des jeunes! Des jeunes qui ont beaucoup de capacités et hésitent souvent, comme s’ils avaient peur d’eux-mêmes. J’essaye de les encourager, de les pousser plus loin...
-Quelle place a le conte dans le théâtre? Quelle est la relation de l’un avec l’autre selon vous?
-Le conte, à la base, c’est le théâtre du peuple... Le théâtre d’une génération qui guide une autre. Un théâtre qui souvent, apprend indirectement des leçons. Dans les contes sur lesquels on travaille, on voit que le serpent n’est pas un serpent pour rien, la poule, la lune...etc. Chaque chose représente quelque chose à sa manière. Mais on conte tous les jours, des blagues, la télévision... Le conte est le théâtre d’origine...
-Que vous a apporté ce séjour en Algérie? Qu’avez vous découvert ici?
-Une richesse que j’ai pas trouvé pendant mes six autre séjours...Le fait de plonger dans le théâtre en Algérie m’a appris et apporté beaucoup! D’avoir la mer et les montagnes à mes cotés tous les jours, c’était génial! J’ai pu travailler dans une originalité que je n’avais pas eue auparavant... Avant de venir, je n’avais aucune idée à quoi notre spectacle allait ressembler...C’était les filles qui avaient apporté leur propre théâtre...
Ramadhan». «Cette année encore, l’initiative inédite d’un «Ramadhan à la carte», lancée en 2007 est reconduite avec une palette d’activités aussi riche que variée», est-il noté dans la brochure de présentation du programme à propos de cette édition qui «est encore une occasion pour l’expression plurielle des talents».
Â
Nadia B.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 02/09/2008
Posté par : sofiane
Source : www.voix-oranie.com