La rapporteuse spéciale de l'ONU sur la violence contre la femme, Mme
Rashida Manjoo, qui effectue une visite de travail en Algérie depuis le premier
novembre suite à une invitation du gouvernement algérien, a entendu un exposé
sur les programmes de protection des droits de la femme mis en place par l'Etat
algérien, lors d'une rencontre avec les membres de la commission nationale
consultative pour la promotion et la protection des droits de l'Homme.
Les représentantes au sein de la
commission ont précisé que la commission nationale suivait la mise en oeuvre de
ces programmes estimant que la violence «était un comportement destructeur de
l'humanisme de la femme». Les intervenantes ont souligné que l'Etat algérien «a
mis en place des mécanismes à même de mettre un terme à ce phénomène négatif»,
affirmant que le meilleur moyen de lutter contre ce dernier était d'»accorder à
la femme l'autonomie financière et lui permettre d'acquérir une meilleure
connaissance de ses droits». Mme Mandjou a souhaité obtenir les rapports
annuels de la commission qui lui ont été remis à la fin de la rencontre.
Dans son dernier rapport à la
suite d'une visite officielle en Algérie du 21 au 31 janvier 2007, à
l'invitation du gouvernement algérien, la rapporteuse spéciale aux Nation Unies
sur «la violence contre les femmes, ses causes et ses conséquences» en Algérie,
Mme Yakin Ertürk, avait appelé le gouvernement algérien à «faire en sorte que
les familles des personnes disparues (principalement des femmes) et toutes les
victimes d'actes de violence sexuelle commis au cours de la décennie noire
soient dûment et rapidement indemnisées», tout en assurant leur protection
«contre toute mesure de harcèlement ou menace.» Le rapport des Nation Unies
mettait également l'accent sur l'urgence de procéder à «une enquête
indépendante» sur les actes de violence sexuelle commis lors de la «décennie
noire» et la nécessité de communiquer aux familles des personnes disparues
toutes les informations disponibles quant au sort des intéressés et à l'endroit
où ils pourraient se trouver. Au cours de sa visite la rapporteuse spéciale des
Nations Unies s'est rendue à Alger, Oran, Constantine, Bou Ismail, Blida. Elle
avait eu des entretiens avec plusieurs personnalités de l'Etat, dont des
membres du gouvernement, du Sénat et de l'APN, de hauts magistrats, des
universitaires, des avocats et des représentants de la société civile et
militants des droits de l'homme en Algérie, entre autres. Dans ses
recommandations au gouvernement algérien, le rapport en question met également
l'accent sur la nécessité de renforcer les institutions chargées de promouvoir
les droits de la femme en améliorant le dispositif national de protection des
femmes en consultation avec les organisations de la société civile. Le
gouvernement est également appelé à adopter et mettre pleinement en Å“uvre la
stratégie nationale de lutte contre la violence à l'égard des femmes, de
prendre des mesures en vue de promouvoir l'émancipation des femmes sur le plan
social, économique et politique, notamment grâce à l'établissement d'un système
de quotas visant à augmenter leur représentation aux postes de décideurs dans
les secteurs public et privé. L'Etat algérien est également invité, selon le
même rapport, à investir dans les foyers d'accueil et les structures
d'assistance destinées aux femmes ainsi que dans l'éducation aux droits des
femmes (…) en adoptant une stratégie de tolérance zéro pour les enquêtes et les
procédures judiciaires applicables à tous les cas de violence dirigée contre
les femmes.
Dans ses constatations, la Rapporteuse
spéciale note toutefois, que depuis l'indépendance, les femmes algériennes ont
accompli des progrès remarquables en ce qui concerne l'accès à l'éducation,
même si, souligne-t-elle, des inégalités persistent à différents niveaux et à
diverses professions comme celles de juge, d'enseignant et de médecin. «Les
femmes mises au ban de la société, et en particulier les femmes divorcées,
séparées ou abandonnées, les mères célibataires et les femmes qui vivent dans
la rue, sont particulièrement vulnérables et ont besoin de toute urgence d'un
soutien plus énergique de la part de l'État», explique le document. Et
d'ajouter : «si les femmes ont officiellement des droits égaux dans la sphère
publique, elles n'ont pas accès dans des conditions d'égalité au marché du
travail et aux postes à responsabilités, comme en témoigne leur infériorité
numérique par rapport aux hommes dans ce domaine. De plus, bon nombre de femmes
sont encore en butte à l'oppression et traitées de façon discriminatoire dans
la collectivité et dans la famille.»
«Si le Code de la famille a été
considérablement amélioré, il subsiste encore des institutions qui
désavantagent les femmes, principalement en matière d'héritage et pour ce qui
touche aux conséquences matérielles du divorce», note encore le texte de la
rapporteuse des Nations Unies.
Le rapport appelait par ailleurs
au retrait des réserves, qualifiées d' «inadmissibles» formulées par l'Algérie
à propos de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de
discrimination à l'égard des femmes. Une convention que l'Algérie avait
ratifiée en 1996, et a présenté deux rapports au Comité chargé de son
application. L'Algérie a formulé des réserves aux articles 2 et 16 de cet
instrument, défendant le principe de la primauté du Code algérien de la famille
sur les dispositions de la Convention.
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Posté Le : 06/11/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Houari Barti
Source : www.lequotidien-oran.com