Algérie - Tariqa Rifaiya


Sid-Ahmed-el-Kebir-er-Rafa’ï, fondateur de la confrérie des Rafa’ïa
était disciple et neveu de Sidi-A’bdelqader-el-Djilani. Mort en (578 de l’hégire
= 1182-1183 de J.-C.), il fut enterré dans le principal monastère de la
corporation placée sous son vocable, à Oum-Obeïda, province de Bassora,
dans l’Iraq.
Ses adeptes en ont fait un thaumaturge célèbre, « dépositaire d’une
sorte d’émanation de la Divinité », aussi puissant auprès de Dieu que le
Prophôte lui-même. Dieu l’aurait chargé, pendant une extase, de la mission
de diriger les Croyants vers l’anéantissement de l’individualité de l’être au
moyen de pratiques mystico-extatiques.
Indépendamment de cette révélation directe, Sidi-Ahmed-er-Rafa’ï
appuie son enseignement sur les autorités suivantes, qui forment la chaîne
mystique de la confrérie : Ahmed-Rafa’ï, Abou-el-Fadhel, A’li-el-Gari,
Abou-Fadhel ben Kabah-el-Ouaciti, A’llam ben Terkane, Abou-A’li, Ahmed
ben Mohammed-er-Roudabari, A’li-el-A’djemi, Abou-Beker-ech Chabbi,
Dhoul ben Djahdar, Abou-el-Kacem-el-Djoneidi. (Suit la chaîne principale
des soufis jusqu’à A’li ben Abou-Taleb.)
Ahmed-Rafa’ï fait encore remonter sa chaîne spirituelle à Abou Beker-
es Seddiq, par le cheikh Yahïa et une autre lignée de saints, et à Anès ben
Malek, serviteur du Prophète, par Habib-el-Hadjemi, avec, pour seul intermédiaire,
Mohammed ben Sirin-et-Tebaï.
Plusieurs autres chaînes secondaires aboutissent également à Djoneidi.
Son arbre généalogique, semblable, sous certains rapports et par la
forme, à celui de Sidi-A’bdelqader-el-Djilani, aboutit à A’li ben Abou-Taleb
par A’li-Abou-Hacem ben Abou A’bbas-Ahmed ben Yahïa (émigré de Bagdad
à Bosra, où il remplissait les fonctions de nagib-el-achraf (chef des chorfa),
ben Abou-Hazem-Tsebet, ben Abou-el-Faouarès, Ali-Hazem ben Abou-
A’li-Ahmed-el-Mortada, ben Abou-el-Fodhil, A’li ben El-Hacen-el-Asoghar-
Rafa’a-el-Hachemi-el-Mekki, ben Abou-Rafa’a-el-Mahdi, ben
Abou-Kacem-Mohammed, ben Abou-Moussa-el-Hocine ben A’bderrahmanel-
Hocine-er-Rhida-el-Mohadit ben Ahmed ben Abou-el-Kheir (ou Abou-
Sebkha), Moussa ben Abou-Mohammed-el-Amir, Brahim-el-Mortada ben
Moussa-el-Qadem, ben Dja’afar-es-Sadok, ben Abou-Dja’far Mohammedel-
Boqa, ben Zin-el-A’bidine-Ali, ben El-Hocine, ben A’li ben Abou-Taleb.
Les Rafa’ïa se distinguent par la khirqa noire qu’ils portent comme
symbole et par leurs petits bonnets garnis d’une toile grossière. Au cours des
siècles, les nombreux Chorfa de la postérité d’Ahmed Rafa’ï se sont dispersés
en Orient et ont formé des groupes distincts, des espèces de succursales
rivales les unes des autres, à la tête desquelles furent placés des Chioukh indépendants
qui ne tardèrent pas à ajouter leur vocable à celui de la confrériemère.
Citons plus particulièrement : les partisans du cheikh A’li Chabbak et
ceux du cheikh Abd-el-Houab-el-Anani (Anania) en Égypte ; les Kazrounïa
ou disciples d’Omar Ibn-Abi-el-Feradj-el-Kazrouni dans l’Iraq Arabi ; les
Rafa’ïa Sayadïa, patronnés par le cheikh Hassan Effendi, en Syrie.
Mais depuis quelques années, tous ces groupes sans cohésion, recevraient
l’impulsion spirituelle du cheikh Abou-el-Houda, conseiller intime
du sultan A’bd-el-Hamid, dont la demeure est voisine de Yldiz-Kiosk, Abouel-
Houda, originaire des environs d’Alep, administrateur des biens chérifiens
du Villayet, directeur de la branche syrienne et réputé par ses travaux astrologiques,
par ses ouvrages canoniques et sur les doctrines des Rafa’ïa est
arrivé, grâce aux faveurs impériales, à une situation temporelle et spirituelle
semblable à celle qu’occupe, également auprès du sultan, le cheikh Dhaffer
des Madanïa.
Il a réussi à placer sous sa direction spirituelle les nombreux couvents
de la confrérie qu’il représente à Constantinople, et à faire des Rafa’ïa et du
grand chérif de la Mecque, les meilleurs agents du mouvement panislamique
qui se manifeste depuis 1882(1).
Sous sa puissante direction, les Rafa’ïa semblent reprendre leur homogénéité
spirituelle et devenir, en même temps que les ennemis jurés du
progrès et de la civilisation, les exécuteurs sans scrupules des desseins de la
Porte Ottomane.
Cependant, leurs pratiques extatiques les éloignent des gens instruits,
mais la foule a pour eux une grande vénération ; elle suit religieusement leurs
prodiges et peut, à un moment donné, s’inspirer de leurs prédications immorales
et anti-civilisatrices.

A cet égard et, surtout, en considération du rôle prépondérant que joue
auprès du gouvernement turc, leur chef spirituel, les Refa’ïa méritent d’être connus.
Leur zaouïa-mère est à Oum-Obeïda, province de Bassora (Iraq). Elle est
dirigée par un naqib, descendant de la famille Hafa’ï, qui centralise l’action des
adeptes de la branche locale.
Dans toute la Mésopotamie, les Rafa’ïa ennemis des Qadrïa, sont nombreux.
En Syrie, la principale zaouïa est à Alep ; des couvents secondaires sont
disséminés dans la ville et les régions de Damas. Les adhérents qui en dépendent,
seraient sous la direction immédiate du cheikh Abou-el-Houda.
L’Arabie (Hadramaut, Yémen et Hedjaz) est le pays où les adeptes d’Ahmed-
Rafa’ï ont fait le plus de progrès : leurs principaux couvents sont ceux de
:
Djedda, moqaddem Abdou-el-Achour et Ahmed ben A’li ;
La Mecque, moqaddem Mohammed ben Cheikh Ahmed Rafa’ï, investi
de la charge de Cheikh-et-Trouq ou de Cheikh-el-Mecheikh ;
A Médine, deux zaouïa : moqaddem A’bdallah-Rafa’ï et Ahmed ben Sliman
;
En Turquie, les Rafaï’a sont très répandus ;
A Constantinople, on compte plus de quarante lieux de réunion, savoir :
A STAMBOUL : Sandjakdar-Baba, au tribunal de l’Adlié ;
Cherbetdar, dans la mosquée de Fénat ;
Cheikh Ahmed effendi, à Oda-Bachi ;
Cheikh Chakir effendi, à la Sélimié ;
Cheik A’bdallah effendi, à Oda-Bachi ;
Cheikh Mostafa effendi, à Oun-Kopan ;
Tarsous, à la mosquée d’Evlia ;
Koubbé, à la Mohammédié ;
Merdjimek, dans la mosquée du même nom, à Laléli, fondée par Tchakir
aga d’Uskub ;
Berbèr-Cheikoui-Osman effendi, à Bayézid, quartier de l’Aga ;
Cheikh Kiamil effendi, à Avrat-Bazar ;
Serradj-Ishak, dans la mosquée de ce nom qui est celui de son fondateur,
à Koum-Kapou ;
Cheikh A’ziz effendi, à Kutchuk-Moustafa-Pacha ;
Arabadji-Bachi, à l’Ahmédié ;
Kylyndji-Baba, à la porte de Mevlénihané ;
Tahta-Minaré, à Kara-Gucumruk ;
Djundi-Klzurrèm, à Alty-Mermer ;
Kara-Sarykhy, à Moufti-Hammam ;
Kara-Baba, à Guédik-Pacha ;
Guelchini, à Chèhr-Emini, fondé par Hulvi effendi ;
Kelmi, au bazar du Yaïla ;
Cheikh A’rif effendi, surnommé le jardinier, au turbé de Khosrev-Pacha
;
Cheikh Holvai effendi, à l’aqueduc de Valens ;
Koro-Nukhoud, dans la mosquée du même nom, à la fontaine de Mihler.
Cette mosquée a été bâtie par Chudja aga, chef de la fonderie de canons à Tophané
du temps du sultan Suleiman ;
Al-Yanak, à l’intérieur de la mosquée de Zéhgnirdji ;
Zéhgnirdji, à Latézar ;
Sa’ïd-Tchoouch, dans le quartier dit même nom à Kutchuk-Mostafa-Pacha ;
A EYOUB : Sultan Osmon, à Séra-Selvi ;
Yahia effendi, plus connu sous le vocable de Hassib effendi ;
A TOP-HANÉ : Kechfi-Effendi, Khodja-Zadé ;
A SCUTARI : Ahmédié, dans la mosquée de ce nom fondée par Ahmed
aga, directeur de l’arsenal maritime sous le sultan Ahmed III en 1134 (1722) ;
Cheikh Nouri effendi, à Debbaghlar-Meidani ;
Rifa’i, dans le quartier Inadié, maison centrale de la confrérie où les
étrangers vont de préférence.
La branche égyptienne joue encore un rôle assez prépondérant ; ses
membres se font remarquer par leur esprit d’indépendance. Leur centre d’action
est la zaouïa, assez riche, du Caire; le naqib est un nommé Ymi ben
Cheikh-er-Rafa’ï, descendant du fondateur de la confrérie.
Comme on le voit, les Rafa’ïa ont leur domaine géographique en
Orient. Dans l’Afrique septentrionale, les quelques moqaddim qui ont essayé
d’y venir pour faire du prosélytisme ont été confondus avec les A’ïssaoua(1).
Le nom seul du Cheikh-el-Houda est connu des musulmans des villes qui
s’occupent des questions orientales et, des chioukh de certaines confréries
avec lesquels El-Houda entretient des relations.



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