Algérie

La radio, cette fenêtre sur le monde


Le Caire (Egypte)
De notre envoyé spécial
Le cinéma indien n'arrête pas de produire des centaines de films par an, certains sont diffusés dans toute l'Asie, d'autres arrivent péniblement en Europe et en Afrique.
Le 7e art de ce pays-continent se remet en cause continuellement, tourne en rond souvent, sans renoncer à l'idée de chercher la qualité. Redu, de Sagar Vanjari, en compétition au 39e Festival international du film du Caire, raconte une histoire simple qui repose, sous une forme candide et amusante, la question de la découverte. Découverte d'un autre monde. Tatu (Shashank Shende), un homme entre deux âges, fait vivre sa famille en creusant des puits dans un village perdu entre forêts et rivières, quelque part en Inde. Toute son existence est remuée lorsqu'il découvre l'existence d'un transistor qui émet des sons, ramené à la maison par son gendre de la grande ville.
Tatu n'a qu'une seule idée en tête, se mettre à côté du transistor, tourner le bouton et essayer d'écouter les voix et les notes musicales qui sont émises. Il est tout simplement émerveillé, charmé, étonné. Son épouse (Chhaya Kadam) est inquiète par le changement de comportement de son mari, devenu tout drôle, incertain.
Elle ne comprend pas son attachement émotionnel fort au poste radio. Tout le village, où l'on compte les heures passer, parle de Tatu et de son transistor, laissé par son gendre après son départ au bout d'un court séjour au village avec son épouse. Tatu, analphabète comme tous les villageois, se rend compte soudainement qu'un autre monde existe et que des personnes peuvent vous parler à distance, sans vous connaître et que la musique est un langage facile d'accès. Cette découverte bouleversante renforce l'attachement de l'homme à l'appareil jusqu'au jour où un neveu vole le transistor et le revend à un musulman qui, à son tour, le donne à sa s'ur malade. L'histoire se déroule dans l'Inde d'Indira Gandhi, au milieu des années 1970, marquées par les troubles, la guerre avec le Pakistan et la pauvreté. Dans le village de Tatu, on marche pieds nus et on habite dans des maisons en terre cuite, la plupart dépourvues d'électricité. La radio dans ces lieux isolés du monde souligne le passage vers la modernité, vécue, à l'époque, comme une fascination.
Cela rappelle les découvertes, l'une après l'autre, de la télévision, et plus tard, de l'internet et du smartphone. S'il y a une leçon à tirer du film de Sangar Vanjari, c'est bien celle-là: La technologie contribue parfois à libérer l'homme de ses convictions et de l'image fixe qu'il se fait du monde et de lui-même. La radio est justement cette belle fenêtre ouverte sur l'univers, sur l'autre.
Le long métrage, par sa simplicité, tire sa force des décors naturels et du jeu réel des comédiens, qui n'évoluent pas comme dans les mélodrames de Bombay. Shashank Shende, une star du cinéma asiatique, a apporté beaucoup de crédibilité à ce long métrage qui se déroule comme un conte à tiroirs ouverts. Le public sympathise presque spontanément avec Tatu et son petit rêve d'avoir un transistor qui a apporté une touche de fraîcheur et de bonheur à sa morne existence. Shashank Shende est connu dans le sous-continent indien pour ses nombreux rôles dans des films tels que Stanley Ka Dabba, Kaminey ou Chittagong.
Sangar Vanjari, 30 ans, vient au cinéma par la grande porte du montage. Il a pendant des années monté des clips, des documentaires et des courts métrages. Redu marque ses débuts à la réalisation. Le film, à peine sorti en Inde, porte les points d'énergie d'un jeune cinéaste prêt à bousculer l'ordre établi et à briser les barrières du socialement conventionnel de Bollywood pour faire un cinéma proche de l'humain, sans maquillage, à tons chauds, ni lumières aveuglantes ni chansons à caisson vide. Retenez donc bien le nom de Sangar Vanjari. Il saura, par son talent, trouver le chemin des étoiles dans la galaxie en mouvement du cinéma indien, mondial par extension.
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