Algérie

La question qui fâche



La question qui fâche
L'assassinat d'Hervé Gourdel en Algérie, dans les cimes du Djurdjura qu'il aimait naturellement, lui l'alpiniste qui avait la passion de l'altitude, est un drame qui "touche aussi bien les Français que les Algériens". Certes, ces mots ne guérissent pas, loin s'en faut, la blessure qui nous est faite par la décapitation d'un ressortissant étranger en terre algérienne. Mais, dits par l'ambassadeur de France en Algérie, fraîchement arrivé dans notre pays, ces mots sont un baume au c'ur. Non pas que les Algériens avaient besoin d'un témoignage franco-français pour faire la preuve de leur innocence. Car ils avaient fait, déjà depuis longtemps, la preuve de la répugnance et de l'aversion, définitives et sans appel, qu'ils nourrissent envers le terrorisme et ses crimes odieux. Au reste, c'est bien cela, ce rejet populaire du terrorisme, qui a permis à l'Algérie de résister à l'offensive d'une internationale islamiste déchaînée qui, on le voit, ne semble pas avoir baissé les bras.L'opportunité et l'intérêt du message du diplomate français sont sans doute ailleurs. Certains les verraient dans ce souhait, exprimé par l'ambassadeur, de "resserrer dans tous les domaines les liens entre la France et l'Algérie". Plutôt rassurant, en effet, pour ceux qui craignaient que de gros nuages viennent assombrir le ciel des relations entre les deux pays, dont on se félicite du raffermissement autant à l'Elysée qu'à El-Mouradia.Au-delà de ces considérations très bilatérales, il y a certainement la part algéro-algérienne du drame. Elle se laisse voir, aujourd'hui, par ces thèses biscornues et stupides qui se font jour ici et là et dont le but est de permettre à leurs auteurs de "tirer la couverture à soi" ou de jeter l'opprobre sur l'autre. Ou encore de dédouaner une certaine gestion de l'islamisme politique et du terrorisme dont la faillite est établie. Pour les uns, c'est la France qui, pour entraîner l'Algérie dans "sa" guerre contre Daesh, a fait le choix d'offrir un de ses citoyens aux égorgeurs qui n'en demandaient pas tant ! Pour d'autres, comme Louisa Hanoune, c'est la tendance autonomiste de Kabylie qui serait derrière le coup, pour amener la France à intervenir en Algérie ! Le ridicule ne tue pas. Mais rien à dire : la nouvelle version du "qui-tue-qui" est arrivée.Il y a pourtant la thèse du bon sens : Hervé Gourdel a eu la terrible malchance de se trouver au mauvais endroit, au mauvais moment.Il y serait conduit par d'éventuels ou probables complices que cela n'aurait rien changé à la donne. Il se trouvait bel et bien au mauvais endroit et au mauvais moment, c'est-à-dire dans un coin d'Algérie, la Kabylie, alors même que la France, son pays, venait de commencer ses frappes aériennes contre Daesh en Irak. Cette thèse, paradoxalement, personne n'en parle. Et cela se comprend car elle implique une question grave, la question qui fâche : comment ce coin d'Algérie, qui a vu naître le premier noyau de la résistance contre l'islamisme armé, situé à des milliers de kilomètres de Bagdad, a-t-il pu être le théâtre du premier acte à résonance mondiale de Daesh hors de son fief ' n




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