Algérie

La question



Poussés par la curiosité, nous avons visité le débit tenu par un jeune de Douaouda. La trentaine, bien baraqué, il est installé ici depuis près de dix ans. La paillote qu'il sous-loue auprès du locataire légal lui coûte cher. Aussi dit-il ne pas s'embarrasser de scrupules pour vendre illicitement de l'alcool «comme tout le monde».
En dépit de l'interdiction qui le frappe, il affirme qu'il est tenté de reprendre le travail pour nourrir ses nombreux frères et s'urs. Et pour ne pas abandonner ses employés qui n'ont plus où se loger après la démolition des deux chambres qui leur servaient de gîte. Non pas par défi, mais parce qu'il estime qu'on ne lui a proposé aucune solution de rechange, juste quelques vagues promesses du chef de la daïra de Fouka qui aurait laissé entendre qu'une solution est en cours d'étude. Les quelques employés qui sont restés sur les lieux, parce qu'ils n'ont plus «où aller», sont furieux. Les femmes surtout qui crient leur colère, en disant être, «comme toujours», les victimes.
L'une d'elles, une jeune Oranaise, arborant une chaîne en or massif et des jeans moulants, crie sa colère : «Où va-t-on travailler maintenant ' On veut nous pousser à agresser les gens. Mais pourquoi nous et pas les autres '» Même son de cloche auprès d'un employé, originaire de M'sila : «Nous n'avons rien à nous reprocher, nous ne faisons que gagner notre vie. Où est le mal '» Le mal est profond.
Les longues années de permissivité ont perverti les consciences. L'illégal devient licite, «normal», comme diraient nos jeunes. Des centaines de jeunes filles, à peine sorties de la puberté, sont tombées dans les mailles du proxénétisme.
Dans l'indifférence générale. Les élus de Douaouda cueillent, aujourd'hui, les fruits du laxisme de leurs prédécesseurs. Et des responsables qui se sont succédé à la tête de la wilaya, que d'aucuns accusent d'avoir facilité la floraison des commerces sur un site supposé incessible et imprescriptible, parce que dépendant du domaine maritime. Seront-ils pour autant inquiétés ' Là est la question. Dans toute sa simplicité.


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