La protesta
Le langage des barricades semble se substituer de plus en plus au dialogue social. Acculée dans ses derniers retranchements, faute d'une prise en charge efficace de ses problèmes, la population a fini naturellement par recourir aux démonstrations de rue devenues, au fil du temps, récurrentes, mais tout à fait légitimes. Logement, gaz, électricité, les raisons de ces émeutes sporadiques sont liées principalement aux conditions de vie pénibles et à l'absence d'une rassurante et bonne écoute. Que ce soit à Diar Echems, Birkhadem, Eucalyptus, ou encore à Bordj El Bahri, le dénominateur commun à ce grouillement social sont incontestablement la misère, la frustration et l'exclusion sociale, accentuées par le faste qui côtoie de manière ostentatoire l'indigence et la pauvreté dans son expression la plus poignante.Aussi paradoxal que cela puisse paraître, cette situation ne suscite aucunement un débat public pour la recherche d'une solution. Le silence des pouvoirs publics face à ces soubresauts de la rue est particulièrement étonnant, si bien qu'il prend une épaisseur abyssale. L'opinion se trouve ainsi en mal d'explications, et la seule réponse qui lui est apportée n'est autre que le durcissement des mesures de maintien de l'ordre. La culture de l'émeute s'enracine davantage et prospère alors à l'ombre d'un hypothétique Etat de droit qui se félicite presque de n'avoir pas assez matraqué la populace. L'exemple le plus illustre reste celui de Diar Echems, où les responsables se sont longtemps enorgueillis de n'avoir enregistré aucun blessé parmi les émeutiers, hormis la quinzaine de policiers pris en charge médicalement. On aurait presque senti sinistrement du regret. En tout état de cause, il n'est pas demandé aux gouvernants de faire preuve d'ingéniosité magistrale pour endiguer le phénomène, car il ne sera mis fin à cette forme d'expression tant que subsistera l'absence d'une réelle société civile et d'une opposition crédible, ainsi que l'instauration d'un véritable dialogue.
Posté Le : 21/03/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : K. Saci
Source : www.elwatan.com