La classification et la protection des ksour implantés dans le sud de la wilaya de Nâama constituent une priorité aussi bien pour les responsables, acteurs locaux et associations versés dans ce créneau que pour les citoyens, jaloux de ce patrimoine ancestral.Les ksour sont situés dans les communes de Sfisifa, Tiout, Asla et Moghrar. Leur inscription au patrimoine matériel et immatériel national demeure l'un des objectifs que s'attèlent les responsables impliqués dans le patrimoine culturel de la région à atteindre. Pour les responsables du secteur de la culture, l'enjeu reste la classification de ces sites pour prendre en charge les volets administratifs et juridiques afin d'assurer la gestion des ksour et leur pérennité dans leurs dimensions civilisationnelle et urbanistique. Ces dernières années, les vieux ksour de Nâama ont fait l'objet d'études spécialisées pour définir leur nature et élaborer des plans de gestion de ce patrimoine matériel, selon la direction locale de la Culture. Dans ce cadre, un inventaire a été effectué sur ces sites à fortes valeurs historique, architecturale et culturelle. Ce travail a été pris en charge par les spécialistes de l'Office national de gestion et exploitation des biens culturels. En plus de leur importance matérielle, les ksour occupent une bonne place dans la vie quotidienne des habitants, puisque ces lieux sont synonymes d'oasis, de jardins, de palmiers et de systèmes traditionnels d'irrigation et de partage de l'eau. Autant de vocations qui nécessitent la préservation des ksour. Durant une décennie, entre 2004 et 2014, des actions consécutives de réhabilitation ont été menées par les plusieurs Directions locales, dont celles de la culture, et de l'urbanisme et de la construction (DUC), et du budget de la wilaya pour la préservation des ksour, a rappelé le chef du bureau chargé de la protection du patrimoine à la direction locale de la Culture, Larbi Mansour. Parmi ces sites, le ksar de Tiout, édifié au 15ème siècle, a fait l'objet, en trois phases, de travaux de réfection et de valorisation de l'architecture de ses parties et des maisons qu'il englobe. Les travaux ont nécessité une enveloppe de 90 millions DA, a-t-on indiqué. Les parties touchées par les travaux sont sa vieille mosquée, la cour principale, les façades principales du ksar, 270 habitations, des échoppes commerciales, un hammam traditionnel, des tours, des ruelles et autres parties. Des canalisations d'eau et d'assainissement ont été réhabilitées et un réseau d'éclairage a été réalisé outre la protection des risques pluviaux. Les populations locales restent attachées à leur patrimoine matériel et préservent d'anciennes bâtisses au sein des ksour en dépit de l'état dégradé de leur architecture. Ces sites historiques attirent désormais les touristes nationaux, ce qui encourage la prise d'autres initiatives visant à préserver ce patrimoine et à restaurer certaines bâtisses, en collaboration avec les instances locales. Ainsi, sept habitations familiales ont été reconverties, après leur restauration, en résidences touristiques. D'autres ont été destinées à promouvoir des activités d'artisanat, créant ainsi des opportunités d'emplois et redynamisant des métiers ancestraux menacés de disparition, a indiqué le président de l'APC, Mohammed Henine. Nécessité d'impliquer toutes les parties Outre la classification et la protection des ksour, l'implication de toutes les parties dans la restauration est d'autant plus importante. Ahmed Boured, un octogénaire et notable de la région, a jugé «préférable d'impliquer les associations locales et les habitants de la région pour avoir leurs avis et propositions sur les étapes et les méthodes de restauration et en prenant en compte l'utilisation de matériaux de construction locaux». «Il est nécessaire de garder les formes originales des pièces architecturales. Certaines ont été déformées et parfois altérées», a-t-il souligné. «La rareté voire l'absence d'une main d'?uvre qualifiée constitue un véritable obstacle à la réalisation des objectifs de restauration», a relevé pour sa part Abderrahmane Rahou, un résident du ksar de Tiout, déploré également que «les matériaux utilisés dans la restauration ne sont pas adaptés aux spécificités et la nature des constructions des ksour». Il a regretté que certains éléments de l'architecture locale ont carrément été éliminés à l'instar des «Fahek», ces ouvertures au niveau des toits des habitations qui permettent une circulation d'air et de la lumière à l'intérieur des bâtis. «Les personnes chargées de la restauration non qualifiés ignorent l'utilité de ces éléments architecturaux et les spécificités des habitations traditionnelles», a précisé M. Rahou. Des membres de plusieurs associations locales versées dans le patrimoine comme «Agram Agdim» et «Tnanet» ont insisté, de leur côté, sur la nécessité de la participation de spécialistes en archéologie, d'historiens et de paysagistes dans les projets futurs de restauration. Aussi, ils ont souligné l'importance de sensibiliser les visiteurs de ces sites sur leur vulnérabilité et de poser des panneaux indicateurs et tableaux informant sur l'historique du site ainsi que ses composantes physiques et autres renseignements utiles. Tahar Bouzar, poète et chercheur sur le patrimoine de la région, a insisté, quant à lui, sur l'importance du ksar de Sfisifa. Pour M. Bouzar, le site est un chef d'?uvre du point de vue architectural, de mode de construction. Ses sept tours, sa cour «Tachrafet», son mode de distribution des eaux du jardin «Igargar», ses «Fouggarat», autant d'éléments et spécificités nécessitant des travaux de recherche et la création d'une base de données techniques sur ce site. Des membres d'associations ont également estimé nécessaire de s'intéresser davantage aux aspects architecturaux des ksour de la wilaya dans le cadre du renforcement et de la valorisation de la culture locale et identitaire. Ils ont préconisé, en outre, la mise sur pied de manifestations et d'expositions pour mettre en valeur le terroir saharien.
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Posté Le : 02/03/2020
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : R C
Source : www.lnr-dz.com