Algérie

La prophétie de Kissinger



Du haut de ses 99 ans bien sonnés, le plus brillant des ministres américains des Affaires étrangères, Henri Kissinger, secrétaire d'Etat du président Richard Nixon, a défrayé la chronique au dernier sommet de Davos où les grands influenceurs de la géopolitique anglo-saxonne se sont étripés sur la question du conflit en Ukraine. Si le milliardaire Goerge Soros, 92 ans, a plaidé pour «la justice» en dépit d'une guerre prolongée dont il pense qu'elle contribuera à sauvegarder l'Ukraine, tel n'est pas l'avis de Dear Henri qui a troublé son auditoire en défendant la realpolitik envers une Russie déjà maîtresse d'une partie de l'Ukraine et à laquelle il convient de consentir les conditions d'une paix et d'une sécurité durable. La paix au nom du compromis pour éviter une guerre continuelle dont les conséquences peuvent être néfastes pour la planète tout entière. Comme en écho à cette démarche, la visite à Sotchi du président sénégalais Macky Sall, en sa qualité de président en exercice de l'Union africaine, a culminé avec sa déclaration selon laquelle l'Afrique est le continent le plus impacté par la crise actuelle en Ukraine. Sall a mis l'accent auprès du président russe Vladimir Poutine sur le fait que les peuples africains souffrent des conséquences de l'opération russe contre l'Ukraine alors que la majorité des Etats africains a évité de condamner la Russie, lors de deux votes de l'ONU et qu'avec «l'Asie, le Moyen-Orient ainsi que l'Amérique latine, une bonne partie de l'humanité» a préféré se tenir à l'écart du conflit. Signe que le désarroi est grand partout dans le monde, malgré les efforts et les pressions des pays occidentaux pour imposer et leur position et leurs sanctions face à l'«ours russe auquel, dit Kissinger, il faut concéder un morceau d'Ukraine plutôt que des sanctions drastiques si l'on veut qu'il se tienne tranquille». Le plus influent diplomate que l'Amérique ait connu ne craint pas, dès lors, de tomber sous le coup de la loi HR 7311, votée par le Congrès US le 28 avril dernier, pour «punir les Etats et les peuples africains» qui «favorisent» l'essor de la Russie dans le continent noir, au «détriment des intérêts américains». Partisan de concession territoriale en échange de la paix plutôt que de prétendre reconquérir la Crimée et le Donbass, Henri Kissinger reste ainsi fidèle à sa stratégie antérieure, au risque de provoquer un séisme dans les travées de la «conscience occidentale» dont on a bien vu, depuis le début du conflit en Ukraine, qu'elle affectionne le deux poids, deux mesures, contraignant le monde à n'observer que les prétendus «forfaits» de la Russie dans une Ukraine candidate à l'Otan et fermant «pudiquement» les yeux, depuis des décennies, sur les crimes sionistes en terre palestinienne. L'invité américain du Forum économique mondial aura eu le mérite de secouer la civilisation bien- pensante en la mettant face à ses multiples contradictions, à ses mensonges et à son hypocrisie invétérée. Mieux, il a prophétisé l'urgence de «négociations (qui) doivent commencer dans les deux prochains mois avant que cela ne crée des bouleversements et des tensions qui ne seront pas facilement surmontés». Et de préconiser «un retour au statu quo ante», comme ligne de démarcation, avertissant sur le danger d'une nouvelle guerre contre la Russie elle-même. Loin d'entendre ce cri d'alarme, les puissances occidentales et à leur tête les Etats-Unis ont déjà averti que «le conflit va durer longtemps», avec les conséquences qu'on imagine.


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