La promotion selon Air Algérie Point Net

Air Algérie a annoncé jeudi passé la baisse de ses tarifs au départ d'une dizaine de villes du sud du pays à destination d'Alger, Constantine et Oran. Une baisse de' 50% sur une période de sept mois, à condition que les billets soient achetés entre le 24 mars et le 15avril.
On aura remarqué que les villes pétrolières ou gazières qui disposent d'aéroports, comme Hassi Messaoud, Hassi R'Mel ou In Amenas sont exclues de cette «promotion», puisque c'est ainsi que cette mesure a été officiellement présentée.
Dans l'absolu, tout le monde doit savoir ce qu'est une promotion : une opération de séduction «à durée déterminée» visant à' promouvoir un produit ou un service en le proposant à des tarifs réduits.
Ça, c'est dans l'absolu, parce que dans la vraie vie, les Algériens ont d'abord connu les promotions-arnaques, les promotions dérisoires et les voilà qui découvrent à la faveur des «événements du Sud», les promotions' politiques. Trop belles pour être commerciales !
Parce que si la «promotion» en question était commerciale, ça se saurait, et pour plusieurs raisons. Elle commencerait peut-être par concerner les points de départ les plus fréquentés comme Hassi Messaoud, on l'aurait programmée et intégrée à un agenda de marketing annuel, on l'aurait donc annoncée bien avant cela, elle ne s'étendrait pas sur une période aussi longue et elle ne serait vraisemblablement pas de cet ordre-là : 50% !
On peut aussi sourire du fait qu'une entreprise en situation de total monopole soit obligée de faire de la' promotion, mais les vols vides ou nettement clairsemés peuvent nous en dissuader, le recours aux transports terrestres pouvant être aussi un sérieux concurrent' s'ils existaient.
Les habitants du Grand Sud prennent l'avion ou ne voyagent pas, c'est une réalité. On aurait pu également s'en tenir au fait que la «mesure» soit «intervenue suite aux réclamations des habitants du Sud qui estiment que les tarifs des billets proposés par la compagnie sont inaccessibles à la majorité d'entre eux».
Ou mieux, comme nous le rapportait la collègue dans notre édition d'hier : «La requête a été officiellement exprimée par les représentants et les notables qui ont demandé au gouvernement d'intervenir auprès de la compagnie nationale afin qu'elle établisse des vols promotionnels'» !
On aurait pu enfin, et c'est l'essentiel, déclaré qu'une «entreprise citoyenne», comme il est de bon ton de le clamer depuis quelque temps, a répondu à une injonction politique dans une conjoncture sociale ou' politique et on en aurait terminé.
Après tout, on promet bien du boulot sans dire un mot sur l'entreprise et la formation, on promet bien des logements sans dire lesquels, des terrains à construire sans dire ce qu'on va y construire et des chèques sans savoir ce qui va en être fait.
Après tout, il n'y a pas grand monde pour croire qu'Air Algérie est une' entreprise. Si tel était le cas, elle aurait disparu depuis longtemps.
Avec la qualité de ses services, avec ses représentants à l'étranger nommés comme à la manière des diplomates qu'on récompense pour services rendus, son parc d'avions obsolète et ses stewards milliardaires.
Après tout, en «contribuant» à l'absorption de la colère sociale d'une région qui fait peur, elle est dans la logique du renvoi d'ascenseur.
Sa vie sous perfusion du Trésor public vaut bien une «campagne de promotion» quand le besoin' politique l'exige.