Algérie

La promotion de nouveaux investissements fortement affectée Economie : les autres articles



Trois mois d'absence d'un chef d'Etat qui concentre tous les pouvoirs de décision, c'est assurément mortel pour une économie qui a toujours pour caractéristique d'être l'otage de la politique.L'Algérie n'est en effet pas la Belgique ou l'Italie où la machine économique continue à fonctionner en l'absence de gouvernement ou en pleine crise politique. L'économie algérienne a l'habitude de s'arrêter à la veille de grands événement politiques que constituent, à titre d'exemple, les absences du chef de l'Etat, les élections présidentielles et les annonces de changements d'équipes gouvernementales. Tous les opérateurs économiques savent que rien ne peut se faire en matière de politique économique, d'investissement, voire de désignation de chefs d'entreprise, sans leur aval.
Contrairement aux économies des pays développés et émergents, l'économie algérienne et, a fortiori, les entreprises publiques qui détiennent l'essentiel des actifs, ne sont pas autonomes du champ politique. Leur sort continue de ce fait à dépendre du personnel politique (Présidence de la République, ministères et walis) qui exercent directement ou indirectement sur elles des prérogatives de tutelle. Si la longue absence du président Bouteflika, ponctuée de rumeurs sur d'éventuels changements au sommet de l'Etat, n'a pas fortement altéré les affaires courantes dans les entreprises et les institutions économiques, le climat anxiogène que les incertitudes suscitent a, par contre, freiné les ardeurs des investisseurs qui préfèrent temporiser avant de prendre le risque. C'est une attitude de prudence somme toute légitime qui traduit parfaitement la sensibilité des chefs d'entreprise à la stabilité politique et sécuritaire quand il s'agit d'engager des capitaux dans de nouveaux investissements.
Le dernier baromètre du Forum des chefs d'entreprise a fait fidèlement écho de ce marasme à travers la régression sensible de projets nouveaux, les méventes, l'accumulation de stocks de matières premières et la difficulté des entreprises à remplir leur carnet de commandes.
L'absence du chef de l'Etat a, par ailleurs, bloqué la mise en 'uvre des réformes destinées à huiler les rouages grippés d'une économie mise à mal par des décisions qu'il a lui même prises, notamment, à la faveur de la sinistre loi des finances complémentaire pour l'année 2009 qui a causé directement la fermeture d'au minimum 50 000 entreprises de production et laissé libre cours aux sociétés d'importation qui se sont par contre multipliées. «Qu'il soit ici ou là bas, le président Bouteflika a miné nos entreprises qui continuent à subir les lois anti-économiques qu'il persiste à nous imposer. Ce qu'il nous faut c'est un chef d'Etat capable de changer tout ça», nous explique le chef d'une entreprise privée basée à Rouiba.
Des retards importants et coûteux
Parfaitement conscient de l'influence du politique sur l'économique dans notre pays, un dirigeant de Société de gestion des participation (SGP) nous confiait il y a quelques jours que la longue absence du chef de l'Etat, mais plus encore, l'incertitude qu'elle fait peser sur le destin du pays, n'est pas faite pour gérer sereinement l'économie telle qu'elle est organisée aujourd'hui et encore moins à faire de la prospective. La longue coupure causée par l'absence du chef de l'Etat, qui a la particularité d'avoir accaparé pratiquement tous les pouvoirs est, affirme-t-il, très dommageable, aussi bien pour l'économie que pour de la société dans son ensemble car aucune loi, aucune réforme ne peut être entreprise sans l'aval du Conseil des ministres, que lui seul est habilité à présider.
Ce dernier qui ne se réunissait déjà pas régulièrement quand Bouteflika était présent, n'a pas tenu de réunion depuis près de 3 mois. On peut imaginer le nombre de décisions à caractère économique nécessitant l'approbation du Parlement, bloquées ne serait-ce que pour cette raison. La lenteur qui caractérisait la conduite des réformes lorsque que le chef de l'Etat se trouvait en Algérie a carrément tourné à l'immobilisme depuis son évacuation en France. Il est évident que l'Algérie paiera à terme, d'une manière ou d'une autre, cette panne qui fragilise encore plus une économie qui ne se portait déjà pas si bien.
En réaction à d'éventuels bouleversements que pourrait engendrer la longue absence du Chef de l'Etat, l'attentisme constitue l'attitude la mieux partagée chez les opérateurs économiques. Une attitude qui n'est évidemment pas recommandée dans un pays qui a plus que jamais besoin d'une croissance forte et durable. Il faudra donc s'attendre à en subir les conséquences à terme. Les réformes structurelles et les grands projets d'investissements en attente d'approbation par un très hypothétique Conseil des ministres, connaîtront, c'est plus que certain, d'importants et coûteux retards de mise en 'uvre, à l'heure où la célérité en matière de promotion d'investissement est fortement recommandée.


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