Algérie

La promenade du jeudi



La promenade du jeudi
En se promenant sur les routes de Kabylie ces derniers jours, trois choses retiennent l'attention. La première est une évidence, même si elle est un tantinet exagérée. Le printemps en Kabylie n'est peut-être pas le plus beau du monde mais il reste un beau printemps.Pourtant, il aurait pu connaître quelque déclin cette année, en raison d'un ciel qui a oublié d'être généreux pour qu'éclatent toutes les couleurs de la terre.Mais on n'y peut rien, le printemps kabyle est d'une beauté imparable et il est encore là, ne laissant aucune parade au scepticisme des yeux.Oui, le vert explose sur les collines et à chaque pas, sur chaque pan de terre ravi à la rocaille. Et puis ce jaune qui dérape dans un mouvement singulier, autonome mais tellement collé au reste qu'on se demande comme il a pu s'y prendre.Oui, sur les routes et partout où les yeux peuvent se poser en Kabylie, le vert et le jaune ne sont pas une vue de l'esprit. Il suffit de ne voir que ça dans cette contrée et le bonheur est là.Mais on ne peut pas voir que «ça», ce qui nous amène à la deuxième chose qui retient votre attention, quand vous vous promenez en Kabylie.Ce n'est ni une évidence ni un cliché de mauvaise carte postale, encore moins une fatalité de la nature. Les montagnes de canettes et de bouteilles de bière qui jonchent les bas-côtés des routes, débordent sur les coins les plus insoupçonnables et envahissent tout ce qui peut être espace vital, ne sont pas non plus une vue de l'esprit.On ne peut pas ne pas voir ça et en apprécier le résultat dans toute sa laideur. Sinon, on pourrait rater la verrue au milieu d'un visage resplendissant. Il faudra bien un jour aller au-delà des certitudes sociologiques pour expliquer le «phénomène».Et si possible faire quelque chose qui puisse rappeler que la bière est peut-être un excellent désaltérant mais qu'il n'y a pas que la bière dans la vie. En Kabylie comme ailleurs, sur la terre de Dieu et des hommes.On pourrait peut-être parler un peu du désinvestissement que subit la région et pourquoi pas, d'investissements. Et ça ne suffira pas d'en parler, d'ailleurs. Voilà qui nous ramène à la troisième chose qui retient l'attention sur les routes et sur d'autres espaces de Kabylie. Les «fourgons». Ah, les fourgons, de transport !Au commencement étaient les retraités de l'émigration. Ils ramenaient ces véhicules dans le cadre de leur déménagement qui leur faisait une petite «aide au retour» contre remise de la carte de séjour.Pour la majorité d'entre eux, ce sont leurs enfants qui en bénéficiaient pour en faire des véhicules de transport de voyageurs. Puis d'autres encore.Les retraités de l'émigration ne roulent pas sur l'or mais ils ont quand même des pensions de retraite qui, converties en dinars, assuraient de confortables revenus qu'il faut «investir» pour assurer une occupation à la progéniture.Et l'Ansej, enfin. Cela fait beaucoup de fourgons. Trop de fourgons. C'est peut-être une occupation mais ça ne fait pas toujours bouillir la marmite. Les promenades en Kabylie sont certainement agréables. Aussi agréables que pénibles, il n'y a rien à dire.Slimane Laouari




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