Algérie

"La prolongation de la suspension des cours est une sage décision"



"Avec l'avènement de la nouvelle souche Omicron, certains antivax ont multiplié la publication de fake-news sur les réseaux sociaux".Liberté : Cela fait plusieurs jours qu'on est au dessus de la barre des 2 000 contaminations par jour. Comment évaluez-vous la situation épidémiologique actuelle dans le pays '
Dr Mohamed Melhag : Vu le nombre élevé de contaminations déclarées par les autorités sanitaires compétentes, on peut dire que la situation sanitaire est très préoccupante, voire inquiétante. En effet, cela fait plusieurs jours qu'on est à plus de 2 000 cas par jour. Il ne faut pas oublier qu'on ne comptabilise pas les porteurs asymptomatiques. Aussi, beaucoup personnes ne se font pas dépister par PCR et d'autres, faisant une confusion avec la grippe et les autres virus hivernaux qui circulent actuellement en Algérie, ne sont pas connus.
L'interaction de Delta qui est très dangereux, même s'il n'est pas dominant, de son successeur Omicron qui se propage à une vitesse exponentielle avec les virus hivernaux et la similitude de leurs symptômes ont rendu complexe la situation épidémiologique. Il faut aussi noter que certains hôpitaux sont presque saturés.
Quel est votre avis en tant que scientifique à propos de la prolongation de la suspension des cours pour les trois paliers de l'éducation nationale et la reprise des cours dans les universités '
Personnellement, j'estime que la suspension pour la troisième semaine consécutive des cours, au niveau des trois paliers du secteur de l'éducation nationale, est une sage décision car le secteur comporte 11 millions d'élèves, sans parler des encadreurs et des professeurs. Les enfants peuvent se contaminer entre eux, contaminer leurs enseignants et aussi contaminer leurs parents. Cette prolongation des vacances exceptionnelles contribue certainement d'abord à encercler le virus, à l'isoler ensuite. Sur un autre volet, pour ce qui de la reprise des cours au niveau des campus laissée à l'appréciation des responsables des universités, je pense que cette dernière doit se faire sous conditions. Les universitaires, qu'ils soient professeurs ou étudiants, sont présumés être des personnes mûres et conscientes. Ils doivent veiller au respect des gestes barrières et des mesures de prévention dont le port du masque, la distanciation physique et le lavage fréquent des mains ainsi que la désinfection régulière des locaux et autres espaces à l'intérieur de l'enceinte de l'université et des cités universitaires, tout en continuant la campagne de vaccination.
Les personnels de santé, dont certains boudent le vaccin, sont de plus en plus contaminés. Cela influe-t-il sur la prise en charge des patients '
Tout à fait ! Plus les personnels de santé sont touchés, plus on a peur pour le reste de la population. Ce sont les médecins, les paramédicaux et autres intervenants au niveau des structures sanitaires qui prennent en charge leurs concitoyens. Et s'ils sont touchés, cela veut dire que les moyens humains seront réduits.
Il faut rappeler qu'un nombre très important de contaminations a été enregistré dernièrement, parmi les praticiens du secteur de la santé dans notre pays, à l'instar d'autres pays du monde. Si on continue dans cet état de relâchement, il y aura une saturation des hôpitaux et, du coup, un effondrement du système de santé. D'où la nécessité d'ouvrir un débat scientifique concernant la vaccination des praticiens qui sont au premier rang de lutte contre la pandémie depuis deux ans. Car il ne faut pas oublier que l'on enregistre un faible taux de vaccination parmi l'armée blanche. Ils connaissent la pandémie et ils constatent de visu que le vaccin protège des formes sévères et peut éviter les hospitalisations et les décès. Si on perd nos soignants, on se demande qui va prendre en charge les malades dans les hôpitaux...
Qu'en est-il des antivax qui disent qu'il faut attendre dix ans pour se prononcer sur la fiabilité du vaccin '
Ces derniers jours, notamment avec l'avènement de la nouvelle souche Omicron, certains antivax ont multiplié la publication de fake-news sur les réseaux sociaux. À cet effet, en tant que scientifique, je dois rappeler que les hypothèses doivent être vérifiées et cela pourrait prendre beaucoup de temps pour les infirmer ou les confirmer. Attendre dix ans pour se prononcer sur la fiabilité d'un vaccin, comme ils disent, c'est beaucoup ! On ne peut pas attendre car le virus est en train de tuer des gens. Le vaccin est en cours d'expérience certes, mais l'urgence nous oblige à adopter cette vaccination. Il ne faut pas attendre.
à ceux qui disent que le vaccin a prouvé ses limites, je dirais que le vaccin a prouvé son efficacité. Comme aucun médicament n'est parfait, aucun vaccin n'est parfait certes, cependant plusieurs études menées à travers le monde ont démontré que le vaccin protège des formes sévères. Une étude publiée il y a une semaine par les CDC (centres pour le contrôle et la prévention des maladies) aux Etats-Unis, effectuée sur 300 000 cas ayant accédé aux urgences car souffrant de détresse respiratoire, a montré qu'avec deux doses et après six mois, le vaccin protège à hauteur de 81% contre les formes sévères, les hospitalisations et les décès.

Entretien réalisé par : FAOUZI SENOUSSAOUI


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)