Algérie

La programmation intégrée, nouvelle stratégie



Toutes les bombes utilisées depuis 2005 ont été confectionnées à partir d?engrais, des produits dont la commercialisation et l?utilisation sont définies par une réglementation rigoureuse. « Les terroristes n?achètent pas ces produits auprès d?Asmidal et des organismes qui les importent ou les produisent. Ils mettent des moyens financiers à la disposition de certains jeunes crédules, pour créer des sociétés écrans activant dans le domaine agricole. Ils s?entendent avec eux pour récupérer des quantités de ces produits chimiques acquis dans la légalité. » Néanmoins, ajoute M. Ferrag, le plus important dans la confection d?une bombe n?est pas la charge, mais la matière servant à sa mise à feu, connue sous le nom scientifique de TATP, et dont les composants sont disponibles sur le marché et impossibles à contrôler. Il s?agit de l?acétone que l?on trouve en pharmacie, de l?acide sulfurique que l?on obtient après évaporation de l?acide acidulé disponible dans les stations d?essence et une petite quantité de TNT pour confectionner un détonateur d?une grande puissance, beaucoup plus dangereux que la nitroglycérine. Il suffit que ces produits transportés en kits soient délicatement rassemblés et, avec une toute petite étincelle électrique ou un choc, c?est la catastrophe. C?est pour cette raison que l?aviation civile internationale a interdit toute forme de liquide à bord des avions des compagnies de transport aérien. Ce procédé, dont la programmation est intégrée grâce à un téléphone portable, est apparu à partir d?août 2005 (la bombe de Dellys), dans la région de Boumerdès, puis à Tizi Ouzou et à Alger, lors de l?attentat contre la station d?électricité du Hamma. Avant, notamment entre 1995 et 2003, le GIA utilisait le même procédé, sauf que l?outil de programmation était une montre électronique de marque Casio, alors qu?auparavant on utilisait des réveils à pile. Les montres Casio étaient enterrées durant la nuit et, dès 9h, les terroristes programmaient la mise à feu. Une technique ramenée d?Arabie Saoudite, où elle a été utilisée. Les vétérans de la guerre d?Afghanistan affirment que ces montres sont très prisées comme source de retardement par rapport aux réveils. Toutes les bombes ayant explosé aux marchés de Boumati, Médéa, Blida et Alger portaient la même signature, jusqu?à ce que le réseau, à sa tête Antar Zouabri, soit éliminé dans une cache à Boufarik. Dans ces lieux, une quantité considérable de bombes et de montres Casio prêtes à l?emploi a été récupérée, pour conforter les résultats des enquêtes menées par les experts. Mais les terroristes du GSPC ont plus ou moins amélioré leur technique, pour utiliser le TATP comme charge de mise à feu et, comme programmateur, les téléphones portables, faciles à avoir sur le marché, étant donné que l?Algérie reste l?un des rares pays où ce moyen de communication est détourné de sa vocation, du fait de l?absence de contrôle. En fait, ce procédé n?est pas tout à fait nouveau pour les experts. Des documents subversifs récupérés sur des terroristes y ont fait allusion, mais pour une utilisation en Grande-Bretagne. Aujourd?hui, le plus grand souci n?est pas dans les engrais en tant que charge explosive, mais dans la charge d?amorçage de celle-ci. Il faut que les trois produits entrant dans sa fabrication ne soient plus à la disposition des terroristes. Un fichier des produits susceptibles d?être détournés à des fins criminelles a été établi, mais les trois composants n?y figurent pas. Aux USA, les opérateurs économiques et les agriculteurs sont intégrés dans la politique globale de sécurité, surtout en matière de processus de prévention contre le détournement des engrais par exemple. Mieux, aucune compagnie de téléphone ne vend un appareil sans une résidence et une pièce d?identité. La culture de sécurité est bien ancrée et la recherche scientifique en matière de contre-terrorisme préventif est renforcée.


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