Algérie

La professionnalisation contre les risques



Lors de l'ouverture, hier, d'un séminaire sur le contrôle interne des banques, le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci, a indiqué que des «vulnérabilités» subsistaient encore dans la gestion des risques financiers et opérationnels des banques malgré les efforts consentis dans la mise à niveau des dispositifs de contrôle interne. Le haut fonctionnaire a estimé que des efforts de supervision devaient être fournis à la lumière des turbulences qui ont affecté le système financier international.

Au cours de ce séminaire organisé avec le concours d'une ONG américaine, il sera question des techniques de contrôle des risques et des moyens de supervision de l'activité bancaire en vue de réduire les possibilités de fraudes et de dérives. Cet aspect de la profession est depuis de nombreuses années la préoccupation centrale des autorités bancaires internationales. Les faillites retentissantes de la fin des années soixante-dix et du début des années quatre-vingt et l'éventualité d'une contamination systémique, ont précédé la définition et la mise en oeuvre des premiers indicateurs contraignants de gestion prudentielle connus sous le nom de rations Cooke. Ces normes ont fait la preuve de leurs limites, et c'est dans l'esprit d'un contrôle affiné encore plus rigoureux que ces ratios ont été refondus par le programme Bâle II, qui pousse à un niveau inédit les mesures de prévention des risques.

Un des établissements européens les plus réputés, la Société Générale, a été en pointe dans l'application des mesures Bâle II: des sommes très importantes ont été investies par cette banque pour s'adapter strictement aux nouvelles normes. La réputation d'excellence de la banque, reconnue pour la qualité de son inspection générale, et la mise en place des nouvelles normes n'ont pas empêché que la plus grande fraude de l'histoire de la finance ait pu se dérouler sur plusieurs mois pour aboutir à une perte catastrophique de cinq milliards d'euros. Les vulnérabilités, on le voit, existent en permanence et font partie de toute activité humaine, aussi contrôlée soit-elle.

La situation du système bancaire algérien et le degré de sophistication relativement peu élaborée qui le caractérise font que les risques de marché, comme ceux des subprimes ou des produits dérivés, sont peu probables. En revanche, les failles dans l'allocation de crédits et le suivi des dossiers sont les risques les plus fréquents. Bien entendu, pour y faire face, il est indispensable de renforcer les systèmes de prévention et de supervision, que ce soit par l'audit interne permanent ou par la surveillance des performances de portefeuille et le soin apporté dans le recrutement d'un personnel à la moralité indiscutable.

Mais les banquiers interrogés s'accordent à dire que le paramètre le plus important reste le degré de professionnalisme de l'ensemble des personnels. La plus grande vulnérabilité réside en effet dans l'insuffisance de formation à tous les niveaux de responsabilités. L'effort de formation permanente et de professionnalisation des personnels est un préalable essentiel. Tous les systèmes de contrôle, les procédures les plus strictes peuvent être contournés. Le bouclier le plus sûr contre les errements inhérents au métier de banquier réside effectivement dans la qualification sans cesse améliorée de celles et ceux qui activent dans ce secteur.

Le risque zéro n'est pas de ce monde, mais les dérives récurrentes, au fond les plus graves, peuvent être radicalement atténuées par la formation. C'est là où réside le plus important des chantiers et des défis pour le secteur bancaire national.




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