La production nationale à l'honneur

La Foire internationale d'Alger a connu, à la veille de sa clôture, un engouement notamment des familles qui ont voulu découvrir les nouveautés sur le marché national et international. Dans la grande cour à l'entrée, des exposants dans leurs chapiteaux. Parmi les camions et les engins des travaux publics exposés, une petite voiture attire la curiosité des passants : très petite, à deux places seulement. Le représentant du stand Renault explique qu'il s'agit du véhicule Twizy non encore commercialisé en Algérie. Idéal pour la circulation urbaine, cette voiture électrique ne passe pas inaperçue. Le représentant du stand a saisi l'occasion pour faire la promotion du véhicule Renault Symbol algérien. A quelques mètres de là, une ambiance particulière règne au stand du représentant de la marque de téléphone Wiko. L'espace a été aménagé pour des jeux électroniques, ce qui explique l'engouement des adolescents.Rush vers les stands agroalimentairesA l'intérieur du pavillon central, des stands de produits électroménagers. Le stand Condor attire les visiteurs par ses nouveaux produits. Il s'agit particulièrement du nouveau téléviseur 65 incurvé avec la technologie Oled. De nouveaux produits sont aussi mis en avant, en l'occurrence le nouveau Cristal K-UHD 55, la smart-watch C-Watch, la tablette TGW 801, un nouveau climatiseur et deux nouveaux réfrigérateurs. Les citoyens au niveau des stands des téléviseurs et produits électroménagers sont très nombreux. Ce sont, pour la majorité, des couples ou des familles. Aziza est accompagnée de sa mère et de son fiancé. Son mariage est programmé au mois de juillet. Elle opte pour le stand Brandt. Elle est intéressée par un réfrigérateur. « On est venu de Boumerdès pour s'enquérir des offres. Sincèrement, je suis perdue. Heureusement que ma mère est là pour m'orienter et me conseiller. » Zohra, elle, est accompagnée de son époux. Elle vient d'être relogée à Alger. « Nous sommes venus pour voir les nouveaux produits. Nous voulons équiper notre nouvelle maison. Moi, je suis plus intéressée par les produits algériens, notamment l'électroménager, parce que les articles sont de meilleure qualité », soutient-elle. Ali, de Bouira, est plutôt mécontent. « Pourquoi ne vend-en pas sur place. On vient de m'orienter vers les points de vente. Ce n'est pas normal, il faut qu'il y ait exposition-vente aussi. » Les stands de l'agroalimentaire sont les plus fréquentés en cette journée, a-t-on constaté lors de notre tournée. Les stands des produits nationaux des fromages d'Uni-Vert et Bellat attirent plus. Les produits de ce groupe, notamment dans l'agroalimentaire, sont connus sur le marché national et ses représentants procèdent à la distribution des échantillons. Une foule compacte autour du stand d'Uni-Vert, une fromagerie de Tizi Ouzou. Face à la grande demande, le représentant a décidé, au grand bonheur des visiteurs, de mettre en vente ses produits. Le camembert de chèvre est le plus prisé, à un prix raisonnable, selon des consommateurs. Le camembert est présenté en petites rondelles dans des assiettes en plastique. « On préfère acheter les produits algériens ici parce qu'ils sont exposés à l'exportation, ils sont de premier choix. Malheureusement, on ne trouve pas cette qualité dans le commerce », attestent des consommateurs rencontrés sur place. Les stands des boissons, de chocolat, de pâtes et autres gâteaux ne désemplissent pas. Au niveau de celui de Bob's chiks épices, la foule des grands jours, des femmes surtout qui cherchaient des épices pour la chorba et autres plats du ramadan. Une mère de famille déplore l'absence de ces produits dans les grandes surfaces. La représentante du stand l'informe de la mise en vente au centre commercial Ardis à partir du premier jour du mois sacré. « Moi j'habite Belcourt et je ne peux pas me déplacer jusqu'à Ardis pour acheter des épices. Et puis, on ne trouve pas la même qualité. Vous exposez ici le meilleur choix mais ailleurs, ce n'est pas le même produit de qualité », souligne-t-elle. Au pavillon des exposants nationaux, les couloirs sont plus animés. Les stands des exposants de la Syrie, la Malaisie, la Tunisie, l'Egypte, la Chine, du Soudan, de la France, la Turquie, l'Irak et des Etats-Unis sont, eux, presque vides. Amina qui visite le stand de la Syrie regrette l'absence des grandes entreprises de textile à cause de la guerre dans ce pays. « Je n'ai pas trouvé un grand choix. Je pense aussi que les Algériens ont avancé dans ce domaine, notamment en matière de qualité. » C'est probablement pour cette raison que beaucoup d'entreprises algériennes pensent aujourd'hui que l'exportation est désormais dans le domaine du possible.Des cosmétiques algériens exportésLe stand des laboratoires de production des cosmétiques Vénus a enregistré un engouement de femmes, notamment après l'exposition des nouveaux produits de coloration des cheveux. Selon la chargée de marketin, Vénus souhaite aller plus loin en proposant de nouveaux produits. « On a présenté notre nouvelle gamme à l'occasion de cette foire dont un gel nettoyant, c'est une première ainsi que la coloration qui sera sur la liste des produits vedettes cet été », annonce-t-elle. Ce produit auquel on prédit « un grand succès » pourrait trouver sa place sur les marchés étrangers aux côtés des autres marques du groupe, selon notre interlocutrice, qui a affirmé que le laboratoire exporte des produits vers la Tunisie, Madagascar et la France. « Vénus veut se lancer dans les pays d'Afrique Notre priorité est d'avoir un bon produit. Nous ne lésinons pas sur la qualité avec un prix raisonnable accessible à tous », a précisé la responsable.Le complexe du « made in Algeria »Le gérant de la Société algérienne de transformation et fabrication de caoutchouc (SATFC) soutient qu'il est nécessaire de couvrir le marché algérien avant de penser à l'exportation. « Notre principe primordial est de vendre nos produits en particulier en Algérie, car cela va contribuer à la réduction de l'importation de l'étranger. » Cette société spécialisée dans diverses activités, dont les chaussures, le bâtiment, l'automobile et le recyclage des déchets, est fournisseur du ministère de la Défense nationale depuis 2008. Elle produit également des semelles et des chaussures de sécurité de ville et orthopédiques. Le gérant déplore l'absence du rôle du consommateur algérien. « On a fabriqué des tapis de voitures dans les normes internationales, qui ne sont pas différents des tapis produits à l'étranger avec notre qualité propre, mais malheureusement des consommateurs nous ont conseillés de supprimer Made in Algeria pour mieux vendre notre produit. Même cas pour les chaussures, c'est un complexe ! Je lance un appel aux Algériens : ils doivent prendre en main l'Algérie et travailler. Il y a la volonté. Il ne faut pas compter sur l'Etat qui a d'autres préoccupations », a-t-il suggéré.La couverture algérienne prisée par les EspagnolsUn autre exemple d'une entreprise nationale privée qui exporte aujourd'hui ses produits de qualité, « méconnus » en Algérie, en Europe, en l'occurrence Royal Saim Texiles qui a pu s'imposer aujourd'hui sur le marché international. Son PDG s'en félicite et de dire : « Nous avons pu conquérir le marché espagnol, le meilleur dans le monde, et on exporte aujourd'hui aussi vers la France et l'Egypte. On a signé un contrat de deux millions d'euros, mais malheureusement notre produit n'est pas connu par la grande population, à l'exception de la couverture peau de vache. Cette foire est l'occasion justement pour informer le public sur nos produits. » De même pour la nappe et le tapis en plastique qui étaient produits en Egypte. « Aujourd'hui, c'est notre usine qui les fabrique », a-t-il assuré avec fierté. Le PDG a révélé qu'une société camerounaise a apprécié le produit lors d'une visite au stand. « On a programmé une visite à notre usine en prévision d'un partenariat », a-t-il indiqué.Des exportateurs arabes veulent la suppression des taxesSi la foire est une occasion pour les exposants nationaux de rencontrer des partenaires étrangers en vue de commercialiser leurs produits à l'étranger, elle est avant tout, pour les entreprises étrangères, une opportunité pour une éventuelle coopération. Le représentant de la société libyenne spécialisée dans le béton à Misrata, chef de section de la communication, a soutenu que sa participation n'est pas symbolique. « Nous avons déjà visité l'Algérie pour étudier des offres de coopération en matière de fabrication de béton et du béton armé. « L'Algérie consomme 5 millions de tonnes de béton. Nous envisageons un partenariat pour la fabrication de ces matériaux selon les normes internationales, mais il y a un manque de communication avec le gouvernement algérien. La coopération manque notamment pour la suppression de la taxe sur les exportations des pays arabes estimée à 15%, contrairement aux pays européens. Nous demandons au gouvernement algérien de revoir cette taxe qui constitue un vrai obstacle pour conclure de vrais partenariats », a-t-il dit.Sahara occidental : hommage et reconnaissanceLa République arabe sahraouie démocratique était présente à cette foire. Un grand portrait du président Mohamed Abdelaziz, décédé mardi dernier, est visible à l'entrée. « Notre participation est symbolique. On expose des produits traditionnels fabriqués localement pour marquer notre existence et notre résistance, et nous sommes très reconnaissants à l'Algérie et à la direction de la Safex », a indiqué le représentant du stand.