«La production locale couvre 20% des besoins de nos hôpitaux»

Le docteur Fatima Ouakti, DG de la Pharmacie centrale des hôpitaux, nous a révélé, dans cet entretien, que le coût des médicaments et équipements médicaux importés cette année, avoisine les100 milliards de dinars.
L'Expression:Patients et médecins se plaignent, depuis quelques jours, du manque de plusieurs médicaments, dont certains sont vitaux, comme le Vincristine, et l'Asparaginasece, utilisés dans le traitement des cancers de l'enfant. Où se situe l'anomalie enregistrée'
docteur Fatima Ouakti: Avant d'importer un produit, la PCH lance d'abord un appel d'offres en direction de la production nationale. En cas d'infructuosité, nous lançons un appel d'offres national et international. Pour les produits que vous avez cités et pour tous les autres, d'ailleurs, c'est ce que nous avons fait. Si on prend l'exemple de la Vincristine, la livraison sera faite ce mois-ci. Cette dernière est enregistrée par deux laboratoires qui exercent, ici, en Algérie. L'un a arrêté la production et l'autre n'a donné ni la disponibilité ni l'offre des prix. Je précise que nous avons pris attache avec les deux fournisseurs enregistrés, à partir du mois d'octobre 2020, dont les retours ont été négatifs. Notre demande a été relancée en janvier 2021 et la réponse nous est parvenue au mois d'avril dernier. Devant cette situation, nous avons élargi la prospection à d'autres laboratoires non enregistrés. Les demandes de disponibilité ont été adressées dans le même mois, après réception des offres et des documents techniques de la part de six laboratoires internationaux. Il nous a fallu attendre 3 mois pour obtenir la dérogation auprès du ministère de l'Industrie pharmaceutique (MIP). Il a fallu ensuite passer commande auprès du laboratoire de la PCH après signature d'une convention d'achat en date du 15 août 2021.
Ce médicament n'était donc pas enregistré sur la liste des produits autorisés à l'importation'
Effectivement, la PCH exécute pour le compte du ministère de la Santé, qui est sa tutelle, un programme d'approvisionnement destiné aux hôpitaux. Ce programme est réalisé sur la base d'une nomenclature nationale qui fixe la liste des produits pharmaceutiques autorisés à la commercialisation en Algérie. Le même problème s'est posé avec le Sparaginase. La PCH peut l'acheter sans dérogation et c'est le ministère de l'Industrie pharmaceutique qui enregistre les dérogations et qui définit les programmes d'importation.
Et il ne faut surtout pas oublier, qu'il faudrait patienter encore, même après la signature du contrat d'achat. Il y a un délai de production et de livraison.
Est-ce que l'enregistrement d'un produit est un acte volontaire fait par le fabriquant'
Si un producteur étranger ne le fait pas, on ne peut pas l'obliger à le faire. Pareil pour le producteur local.
La procédure prend combien de temps'
Le décret d'enregistrement d'un médicament limite le délai à 6 mois. Mais il y a des producteurs qui attendent depuis plusieurs années.
Combien de médicaments sont enregistrés à ce jour'
La PCH est autorisée à acheter 988 produits. Ce nombre devrait augmenter, car il y a eu une soixantaine de producteurs nationaux qui viennent de se faire attribuer un agrément. La PCH est également autorisée à acheter tous les médicaments qui rentrent dans le cadre des programmes nationaux de santé, comme ceux utilisés pour le traitement du sida et de la tuberculose, même s'ils ne sont pas enregistrés. C'est le ministère de la Santé qui l'a autorisé.
Pouvez-vous faire un point de la situation des produits importés'
Le coût des médicaments et équipements médicaux importés avoisine, cette année, les 100 milliards de dinars. Les traitements contre le cancer et l'hématologie ont coûté, à eux seuls,
60 milliards de dinars. La facture des impayés avoisine les 190 milliard de dinars et c'est un chiffre.