Algérie

La production locale à des prix très abordables Le marché solidaire de Ramadhan rouvre ses portes au siège de l'UGTA



Par Amina Hadjiat

C'est un fait, les prix des biens alimentaires de première nécessité flambent au cours de chaque mois de Ramadhan. Derrière cette envolée des prix, il y a la spéculation, des problèmes d'approvisionnement, de distribution et de surconsommation. Pour contrecarrer ce phénomène, l'Union générale des travailleurs algériens (Ugta) a renouvelé l'expérience du «marché de proximité solidaire». L'inauguration officielle s'est déroulée, hier matin, en présence d'une délégation composée de cinq ministres et du patron de l'Ugta, M. Sidi Saïd. La centrale syndicale a accueilli, au sein même du siège du 1er Mai, les représentations d'entreprises locales, publiques et privées, principalement dans le secteur de l'agroalimentaire. Une série de stands a donc été installée dans la grande cour du siège de l'Ugta. Les productions algériennes y sont vendues à des prix très compétitifs en comparaison avec les tarifs pratiqués sur les marchés classiques.
«J'ai acheté un peu de tout», raconte Mohamed Bouhamidi en montrant des sacs pleins de victuailles. Ce retraité habite le quartier, à deux rues du siège de l'Ugta, et il est un habitué des lieux. «Je suis déjà venu faire mes courses dans ce marché l'an dernier, les prix sont très intéressants et les produits de bonne qualité», explique-t-il. En effet, certaines des productions en vente sur ce marché ne le sont nulle part ailleurs. C'est le cas, par exemple, du stand de la Société oléicole d'Algérie où le litre d'huile d'olive est vendu à 400 DA. «Notre production n'est pas destinée au marché local, les produits sont exportés vers l'Europe et nous livrons également l'armée algérienne car nous sommes conventionnés avec elle», explique le vendeur.
Mais ce sont les viandes qui ont été prises d'assaut par les clients. Qu'il s'agisse de viande rouge ou blanche, fraîche ou congelée, les étals ont été vidés en quelques heures. Les prix sont nettement inférieurs à ceux pratiqués chez les boucheries de la capitale. La viande rouge fraîche est vendue entre 850 et 1 200 DA le kilo. La viande rouge congelée, importée d'Inde avant d'être conditionnée dans une usine à Skikda, est affichée entre 540 et 600 DA le kilo. Quant au poulet, il n'est disponible que congelé et son prix est fixé à 230 DA le kilo. L'huile de tournesol, également prisée, est affichée à 115 DA le litre, la farine à 40 DA le kilo et la semoule à 60 DA pour la même quantité. L'autre produit à succès est le sachet de lait. Dans ce cas, les clients n'étaient pas attirés par son prix qui est le même partout mais plutôt par la disponibilité. «Je travaille au CEM d'à côté, je suis venue faire un tour pour visiter le marché mais j'ai acheté du lait en sachet car il est introuvable dans mon quartier», raconte Kenza, une enseignante qui habite Belouizdad.
C'est également le cas de Mohamed Boucharine, un retraité de 70 ans qui habite à Sidi M'hamed et qui est venu se balader au marché, accompagné de Fateh, son petit-fils. «J'en profite pour prendre du lait, je n'en trouve pas depuis plusieurs jours !», s'exclame-t-il.
Selon M. Sidi Saïd, l'expérience du marché solidaire de l'année dernière a permis aux usagers de réaliser des économies considérables. «En faisant ses courses ici, le client économise jusqu'à 10 000 DA mensuellement», a déclaré le parton de l'Ugta. Mais ce marché ne contient qu'une partie des biens alimentaires de première nécessité. L'absence de fruits et légumes ne permet pas d'en faire son unique lieu d'approvisionnement. L'éloignement peut également freiner le consommateur. Les clients rencontrés hier, étaient pour la plupart des habitants du quartier. Cependant, M. Sidi Saïd a affirmé l'existence «d'une trentaine de caravanes itinérantes qui sillonnent le pays» avec à leur bord des viandes. Selon lui, «l'expérience touche une vingtaine de wilayas». Le patron de l'Ugta plaide pour une meilleure distribution de la production nationale afin de baisser les prix du marché.
De son côté, le ministre de l'Agriculture, M. Benaïssa estime que la hausse des prix est la conséquence du mauvais comportement des acheteurs. «Le consommateur est responsable de la hausse des tarifs parce qu'il fait exploser la demande», a-t-il déclaré. Son homologue du ministère du Commerce, M. Benbada partage le même avis.
«C'est le comportement du consommateur qui bouleverse les prix sur les marchés», affirme-t-il. Mais tous deux se veulent rassurants, en expliquant que cette bulle spéculative se dégonflera à partir de la deuxième semaine de Ramadhan. «Les prix reviendront à la normale à la fin de la première semaine de jeûne», a annoncé M. Benbada. Pour ces officiels, la disponibilité des produits va rassurer le client et calmer le phénomène de surconsommation. En effet, la généralisation des marchés de proximité et de la grande distribution où la production locale serait mise en avant participerait à endiguer la spéculation.
A. H.


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