La production en forte baisse

La surface agricole utile qui lui est réservée a chuté de plus de 50%.Pour les sexagénaires de souche, encore de ce monde, la localité était bordée d'immenses étendues de champs de vigne, et nul n'est en mesure d'avancer avec exactitude qui de la ville ou de la viticulture était en place en premier. À cette époque, Mascara était une localité implantée en plein milieu de la végétation. En effet, avant de quitter le pays, les colons qui exploitaient cette culture avaient légué aux paysans de la région, dont certains exerçaient en qualité d'ouvriers spécialisés ou man?uvres, des centaines d'hectares de vignobles toutes variétés confondues. Outre le raisin de table cultivé en qualité et en quantité, il existait une autre variété destinée à la fabrication des produits vinicoles. La relève était assurée par une poignée d'agriculteurs qui ont fait de cette activité leur gagne-pain.
Les récoltes étaient tellement abondantes et à la portée de tous que le fait d'acheter les raisins et même les vins constituait un offense pour les gens de la région, tellement tout était disponible gratuitement. Néanmoins, cette activité a enregistré dès les années 70 un revirement de la situation ponctuée de l'arrachage de centaines d'hectares avec pour optique la récupération de superficies de terres nues destinées à l'implantation de différents projets socioéducatifs. Ainsi, la surface agricole utile réservée à la viticulture a chuté de plus de 50% passant de 30 000 ha à 17 000 ha et un rendement très réduit n'excédant pas 25 q/ha eu égard au vieillissement des plants. La dernière campagne a donné moins d'un million de quintaux de produits.
Le vignoble reste une culture très adaptée au climat et au sol de la wilaya de Mascara, de tradition ancestrale, et qui a donné à la région une dimension internationale de par la qualité de ses vins, appréciés des connaisseurs, et qui constituaient sa principale ressource en devises, car une grande quantité de produits vinicoles de Mascara étaient exportés vers les pays d'Europe. Les amateurs de Bacchus ou les consommateurs occasionnels n'hésitent pas à fixer leur choix en optant pour le label "Mascara" ou les "Coteaux de Mascara" pour accompagner leurs repas ou organiser des soirées festives. Sur le plan agronomique, la vigne protège le sol contre toute forme d'érosion et lutte contre l'envasement des barrages situés en aval. En dépit des efforts consentis par les responsables du secteur agricole afin de réhabiliter le créneau, les résultats restent nettement en deçà des objectifs assignés, car plusieurs obstacles sont recensés. Le facteur primordial reste la superficie de la vigne arrachée utilisée à d'autres fins et qui ne peut être remplacée faute de disponibilité de terrain de rechange.
Même le rendement de la vigne est en net recul, en l'absence des travaux d'entretien tout comme les caves dépourvues de leurs cuves et qui sont utilisées pour stocker la pomme de terre et l'oignon, alors qu'elles ont été construites pour l'abonnissement des vins. Pour tous ces paramètres, la wilaya de Mascara est en passe de perdre sa place sur le podium des wilayas qui se distinguent par leurs vignobles.
Signe de ce très net déclin, la fête des vendanges n'est plus célébrée comme jadis par les autorités locales. Dans le même registre lié aux facteurs justifiant la chute de cette culture, antérieurement à 1970, pour la seule ville de Mascara, plus de 20 bars qui commercialisaient des boissons alcoolisées étaient en activité. Depuis 2015, tous ces établissements ont fermé, non pas faute de consommateurs mais pour ne pas se plier à la réglementation en vigueur.
Aucun de ces exploitants n'était en possession de licence pour le commerce des débits de boissons alcoolisées. Cette situation pousse les consommateurs potentiels de Mascara à se ravitailler dans les wilayas limitrophes et encourage le commerce illicite de ces produits.

A. B.