Les débats politiques, comme la réflexion théorique, sur la gestion
publique sont permanents mais ils se renouvèlent chaque fois sur des
bases conceptuelles nouvelles intégrant à la fois les facteurs d’évolution
de la société et du système socioéconomique
et les avancées dans la
pensée et dans les instruments de l’analyse théorique. Le problème de
la spécificité et de la légitimité de la Gestion Publique a été souvent au
centre de ces analyses et de ces débats.
La complexité des biens publics, par opposition aux biens privés, et la
nature des «marchés» dans lesquels s’opèrent les échanges et
l’allocation des ressources montrent à l’évidence la difficulté de mener
une analyse économique des activités de services publics selon les
canons de l’instrumentation de l’analyse économique standard, celle
des marchés concurrentiels parfaits propres aux biens privés mis en
échange par une multitudes d’offreurs et demandés par une multitude
d’acheteurs; la théorie économique néoclassique
a effectivement
développé un corpus d’analyse adapté aux biens publics, mais en
réalité, la démarche est restée standard, celle de l’analyse marginaliste
qui consistait à simuler un marché inexistant pour en confier la mise en
oeuvre de «l’échange» à des opérateurs comme l’administration ou
l’organisme public ou mutualiste. Les déviations de ce dernier par
rapport à la norme, laissent apparaître des dysfonctionnements
chroniques. La théorie de la bureaucratie a apporté une explication de
ces déviations en s’appuyant sur l’hypothèse du comportement
intéressé du «bureaucrate», ainsi le pouvoir discrétionnaire de l’agent
public explique en partie la faible performance du service public. Les
théories de la «simulation d’un marché concurrentiel» et de la rationalité
institutionnelle (école française des biens publics, école américaine
des choix publics) n’ont pas permis une rationalisation des activités de
services publics. Plus encore, elles ont été à l’origine du
développement de l’intervention de l’Etat pour suppléer aux défaillances
des mécanismes hors marché. Les théories économiques les plus
récentes comme la théorie économique des droits de propriété qui
trouve ses origines dans les travaux de R.Coase (1937), reprise et
reformulée sous le thème de théorie de l’agence et élargie au concept
de «coûts de transaction» par O.Williamson (1975) apportent un
éclairage nouveau en opposant le marché à l’organisation.
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Posté Le : 24/12/2021
Posté par : einstein
Ecrit par : - Belmihoub M.c
Source : Les cahiers du CREAD Volume 19, Numéro 64, Pages 35-46