La prise en charge psychologique s'organise

À Tizi Ouzou, la prise en charge psychologique des familles victimes des incendies qui ont endeuillé la wilaya s'organise. À ce propos, la Ligue de prévention et de sauvegarde de la jeunesse et de l'enfance (LPSJE), avec l'association culturelle "Tirza Ireznen", a lancé, hier, des ateliers de prise en charge dans trois centres d'accueil du chef-lieu de wilaya où une cinquantaine de familles, dont une vingtaine d'enfants, sont hébergés. "On ne peut pas passer directement à la prise en charge psychologique car, à ce stade et vu le traumatisme subi, nous préférons aller lentement, en commençant par l'écoute individuelle ou par des groupes de parole", nous a, d'emblée, expliqué Lynda Hantour, SG de la LPSJE, précisant que le degré du traumatisme chez ces personnes est très important."Pour les enfants, nous avons opté pour le dessin libre et le travail d'animation afin de les aider à surmonter cette épreuve difficile, avant de passer à une autre étape de la prise en charge", a-t-elle ajouté. "Pour les villages, nous avons demandé à nos psychologues habitant dans ces zones d'y rester pour entamer un travail de proximité et de prise en charge des victimes encore sur place", a conclu Mme Hantour. L'association "SOS enfant-Tizi Ouzou" et aussi à pied d'?uvre pour faire face à la détresse psychologique des victimes. Les membres de cette association ont opté pour la même approche, a expliqué le président de cette association, Hemrani Billal.
"Le traumatisme chez ces personnes, et surtout les enfants, est important. Il faut savoir que durant nos premières séances de travail avec ces enfants, nous avons constaté qu'ils ressentent de la peur au moindre claquement de doigts. C'est vous dire qu'ils sont toujours sous le choc", a expliqué M. Hemrani. Pour la résidente en psychiatrie au CHU, Mlle Sonia Siam, et bénévole, la Kabylie traverse en ce moment les périodes les plus difficiles de l'histoire de la région surtout qu'elle a subi une vague meurtrière de Covid-19, avec beaucoup de familles endeuillées par la perte d'un être cher. "Ces familles sont aussi frappées de plein fouet par ces incendies qui ont ravagé leurs foyers.
C'est une période fortement traumatisante et les gens ont actuellement besoin d'un soutien et d'une prise en charge psychologique", a-t-elle expliqué. "Actuellement, il y a plusieurs équipes de psychologues et de psychiatres sur le terrain. Ils sont venus spontanément sans forcément avoir répondu à un appel", a-t-elle ajouté, tout en affirmant qu'il est actuellement question de synchroniser les énergies de toutes ces personnes volontaires afin d'entamer un travail à long terme car, c'est une prise en charge qui devra s'étaler sur plusieurs mois, voire des années.
"Les victimes ont tout perdu. Actuellement, beaucoup vivent une perte de contrôle de leur vie, et nous, en tant que soignants de la santé mentale, nous allons essayer d'apporter une écoute et les orienter à surmonter les choses vécues", dira, en dernier, Mlle Siam.

K. Tighilt