Les chantiers sont certes ouverts pour certains secteurs, mais c'est bien plus difficile à faire aboutir que des projets de bâtiment et de travaux publicsFace à la crise financière, le gouvernement a réfuté le choix de l'autruche et pris la résolution de «passer en force».
La parfaite illustration de l'intention du gouvernement de sortir de la crise financière par l'investissement public est dans un chiffre plus que parlant. 380,76 milliards de dinars. Traduit en monnaie internationale, cela donne plus de 36 milliards de dollars. Cette dotation budgétaire a ceci d'exceptionnel: elle ne concerne que le seul secteur des travaux publics. Elle représente une progression de 507% de l'enveloppe consacrée au secteur par rapport à 2017, dont le budget était de l'ordre de 62,69 milliards de dinars. Lorsqu'un gouvernement décide de multiplier par cinq ses investissements dans l'infrastructure de base, il ne peut y avoir qu'une seule explication, à savoir une détermination de dépasser la crise, non pas par l'austérité, mais par une injection massive de financements dans beaucoup de corps de métier, dans le but évident de stimuler l'activité économique. Ainsi, face à la crise financière, le gouvernement a réfuté le choix de l'autruche et pris la résolution de «passer en force». Il n'est pas question de «laisser passer la tempête» en hibernant quelques années, dans l'attente d'une remontée hypothétique des prix du pétrole, ni de s'appliquer le remède «handicapant» d'un FMI toujours enclin à une rationalité qui laisse souvent les économies exsangues et des millions de citoyens sous le seuil de pauvreté. Ainsi, entre l'austérité, accompagnée par l'endettement extérieur, la levée des subventions et le gel des investissements publics et une politique audacieuse qui applique tout le contraire des recommandations du gendarme financier du monde, l'Algérie a opté pour la seconde solution, misant sur une réactivité salutaire des acteurs économiques nationaux. Faut-il souligner que le pays a déjà essayé les solutions «classiques» préconisées par le FMI, dans le milieu des années 90' Les résultats étaient, tout le monde s'en souvient, catastrophiques. Le pays a fait un bon de plusieurs décennies en arrière. Des milliers d'entreprises fermées, des centaines de milliers de travailleurs mis au chômage, une inflation de plus de 30% et une disparition de la classe moyenne qui a basculé dans la pauvreté. Confronté à une situation sécuritaire des plus critiques, le pays a failli disparaître n'était-ce un sursaut patriotique, appuyé par la politique de Réconciliation nationale qui a remis les pendules du pays à l'heure, grâce notamment à une remontée des prix du pétrole. Si d'apparence, la crise pétrolière de 2014 et celle de 1986 ont plusieurs points de ressemblances, le contexte social et économique des deux époques n'est pas du tout le même. L'Algérie d'aujourd'hui, totalement désendettée et disposant d'un confortable matelas financier, a montré une capacité exceptionnelle de résilience qui dure depuis plus de trois ans. Il reste encore «des cartouches dans le barillet» du gouvernement et cette offensive «historique» dans la gestion de la crise financière illustre la grande marge de manoeuvre dont dispose le pays grâce à la souveraineté qu'il exerce sur les leviers économiques. Comme il n'est pas question de reproduire l'expérience des années 90, il a été préconisé dans la loi de finances 2018 d'user de cette souveraineté, assez rare de par le monde, faut-il le souligner, pour éviter l'asphyxie à une économie qui tourne depuis près d'une vingtaine d'années grâce aux investissements publics. Il est clair, cependant que le «coup de force» de l'Etat est une partie de la solution. L'autre partie est entre les mains des opérateurs économiques, censés tirer profit de cette aisance financière provoquée, pour construire un modèle de croissance susceptible de se suffire à lui-même, c'est-à-dire sans le soutien actif des recettes des hydrocarbures. L'objectif de la loi de finances 2018 sera atteint lorsqu'à décembre prochain, les indices macroéconomiques ne vireront pas au rouge. Ce serait déjà une grande victoire, mais pas suffisante. Faut-il encore que la microéconomie suive, pour espérer une diversification effective de l'économie nationale.
A ce niveau, les chantiers sont certes ouverts pour certains secteurs, mais c'est bien plus difficile à faire aboutir que des projets de bâtiment et de travaux publics. Cela pour dire que 2018 sera très dynamique au plan des réalisations et de l'emploi, mais verra-t-on les prémices d'une consolidation de l'économie et les premiers bourgeons de la diversification' On le saura bien assez tôt.
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Posté Le : 07/11/2017
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Saïd BOUCETTA
Source : www.lexpressiondz.com