La presse, un rôle et des combats

« Associer cette journée nationale à une référence historique permet d'affirmer le rôle pionnier endossé par la première vague d'écrivains, d'intellectuels et de journalistes algériens pour l'émancipation de leur peuple et le recouvrement de sa souveraineté et de sa liberté usurpées pendant plus d'un siècle par le colonialisme », a relevé le président de la République, insistant sur le rôle et la place de la presse dans le processus pluriel du développement du pays. Le « quatrième » pouvoir est omniprésent dans la vie d'une nation. Pour ou contre le programme du gouvernement, la presse est et reste une partie indispensable de la charpente d'édification d'une nation. Elle est même un « mal nécessaire » à travers les âges et les expériences de toutes les sociétés et tous les gouvernements. Que dire de la presse algérienne, celle d'avant et celle d'aujourd'hui, si ce n'est qu'elle a assumé son rôle, pour le meilleur et pour le pire ' Dans tous les cas, avant même la période de l'émergence du nationalisme (années 20 et 30), elle s'est impliquée dans tout ce qui pouvait permettre au pays de recouvrer sa liberté. Mais la santé et la crédibilité de la presse ne s'évaluent pas à la quantité ni aux nombreux agréments accordés quand les produits ne sont pas à la hauteur des attentes des acteurs. Publique ou privée, la presse est au service des publics et de l'intérêt suprême du pays. Car pour avancer, il est primordial de faire un diagnostic avant d'accélérer. Si le « boom » médiatique des années quatre-vingt dix a desserré l'étau sur la liberté de presse et d'expression de la société, il reste que nous avons essuyé nombre de dérives et autres « exaltations », à la limite du délire. Dans certains titres et, récemment, écrans, la rumeur est érigée en règle d'investigation, bafouant éthique et déontologie. On « barbote » dans une presse... mercantiliste. Le sensationnel incontrôlé se taille la part du lion dans une Algérie où l'on compte plus de deux cents outils d'information (télés publiques et privées, radios nationales et stations régionales, quotidiens dans deux langues, revues, journaux spécialisés...). Les boomerangs sont foudroyants. La presse, un monde libre, certes à défendre, mais d'abord chez nous, qui nécessite un réel assainissement. Pour rester dans la dynamique des acquis de la liberté de la presse. Pour la dignité des martyrs de cette presse de tous les combats. Pour une Algérie plurielle et majeure.