Algérie

La presse internationale mitigée



Le discours adressé par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, vendredi soir, aura été suivi avec attention par la presse internationale.
De nombreuses publications, tout particulièrement leurs versions on-line, se sont ainsi penchées, plus ou moins intégralement, sur l'allocution présidentielle «tant attendue», «la première intervention du septuagénaire depuis 3 mois», rappelle RTT News. Mais s'il est un commentaire qui a fait l'unanimité, c'est l'état de santé du président. Ou tout du moins son apparence, qui n'a échappé à  aucun organe de presse. «Affaibli, amoindri, la voix inaudible, fatigué et crispé, monocorde», les descriptions de la prestation et de la prestance présidentielles sont diverses. Et si les médias internationaux reprennent les grandes lignes du discours, force est de constater qu'ils relayent la «déception et le scepticisme» des Algériens quant à  ces «réformes qui ne répondent pas aux aspirations des contestataires». «Le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, a fait une apparition, hier soir, pour déclarer que des réformes allaient voir le jour sur trois grands sujets.
La liberté de la presse, les prochaines élections et une meilleure représentativité politique», rapporte Afrik.com, hebdomadaire panafricain. «Objectif : contenir la contestation qui gagne du terrain. Mais si ces réformes vers plus de démocratie sont essentielles, aucun calendrier n'a été fixé par Bouteflika, alors que la prochaine élection présidentielle doit avoir lieu en 2014», poursuit-on dans Afrik.com. «M. Bouteflika rejoint ainsi les autres dirigeants régionaux qui essayent de détourner l'onde des mécontentements populaires», souligne le Wall Strett Journal.
Car l'on ne manque pas de remettre ce discours à  la nation dans un contexte, local et international, des plus tendus et, de ce fait, inconfortable pour le chef de l'Etat.
«Dans un discours de 20 minutes, le chef de l'Etat a passé sous silence les émeutes et les mouvements de contestation qui secouent le pays, notamment depuis janvier dernier.Pourtant, le quartier d'El Mouradia où se trouve le siège de la Présidence est devenu, depuis, le point de ralliement des manifestants», souligne BBC Afrique. Les «compromis faits par le gouvernement n'ont en fait qu'alimenter grèves et manifestations», rappelle Le Journal Du Dimanche (JDD). «Trois mois, presque jour pour jour, après la chute du voisin tunisien, Zine El Abidine Ben Ali, le président Bouteflika a voulu montrer qu'il avait compris le message», estime le JDD.
Pas si sûr, puisque «reste à  voir, d'une part, si ces annonces seront suivies d'effet concrets, mais surtout, si elles suffiront à  satisfaire les revendications», poursuit la publication française.
«Le président, qui est apparu fatigué et crispé sur ses notes, n'a pas convaincu tout le monde, même si le gouvernement algérien opère ici un vrai changement de stratégie de conciliation : jusqu'à présent, le président algérien avait préféré utiliser ses pétrodollars pour acheter la paix sociale. Les réformes qu'il annonce ne répondent cependant pas aux revendications des manifestants», juge pour sa part France-Soir. «Bouteflika ne dispose que d'une faible marge de manœuvre», reconnaît la chaîne d'information France 24, en faisant réagir Pierre Vermeren, professeur d'histoire à  Paris I et spécialiste du Maghreb. «Coincé dans l'impasse économique où se trouve le pays, le Président n'avait pas d'autre choix que de se rabattre sur la sphère politique pour lâcher du lest», poursuit France 24. «La situation économique du pays est catastrophique. Il ne pouvait annoncer ni grandes réformes dans ce domaine ni grands chantiers sociaux», conclut l'expert du Maghreb. «Il faut bien l'avouer, Bouteflika n'a pas grand-chose à  offrir...», conclut France 24.  
 


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