La presse à Sidi Bel-Abbès de 1882 à l’Indépendance

Histoire, histoires et chronique 2eme partie et fin En 1933, Lucien Bellat mobilisa les colonnes du «Progrès» pour réussir à faire de la foire aux vins qu’il organisa à Sidi Bel-Abbès une opération de séduction politique. «Le Républicain Sud-Oranais» lancé par un certain René Roidot de l’Oranie, ce journal, avec un discours quelque peu paternaliste, voulait se rapprocher des masses indigènes en vue de l’amélioration de leur seule condition matérielle, sans aborder la question nationale. Il changera de titre et de siège et deviendra plus tard «La lutte sociale». Il faut dire qu’une grande partie de la population européenne locale prolétarisée était sensible aux idées de gauche prônées par la CGT et le PCF. Les militants de ce parti tentèrent d’attirer la population indigène. En 1936, Justrado, le maire communiste de Sidi Bel-Abbès, allait jusque dans le quartier des Grabas pour vendre le journal du parti, Liberté. La population indigène de Sidi Bel-Abbès, en grande majorité déracinée par une désastreuse prolétarisation, coupée de sa culture originelle et exclue de la culture bourgeoise coloniale locale était, elle aussi séduite par l’égalitarisme des discours de la gauche française. Absence de la presse indigène En raison de l’absence d’une petite bourgeoise traditionnelle lettrée comme il en existe à Constantine à Mostaganem ou à Tlemcen, aucun titre de la presse indigène ne verra le jour à Sidi Bel-Abbès. Mais, en dépit d’une surveillance étroite des autorités coloniales, la presse indigène était diffusée dans les milieux indigènes. Durant l’entre-deux guerres, 1930, apparaît «Bel Abbès-Journal», lancé par Emile Meneau et d’autres titres plus ou moins éphémères. A la veille de l’explosion de novembre 1954, les différents titres de la presse locale somnolaient dans une dangereuse quiétude. La Tribune de Bel-Abbès polémiquait avec le Réveil de Mascara à propos de la rivalité entre le Sporting de Bel-Abbès et l’AGS Mascara ! Bel-Abbès-Journal compatissait avec les légionnaires, taillés en pièces à Dien Bien Phu, mais restait aveugle et sourd aux jeunes chômeurs indigènes qui grondaient à Graba. A l’indépendance Après l’indépendance, la presse locale disparaît avec les habitants européens de la ville. En guise de presse locale, on enregistre toutefois de temps à autres des velléités des pouvoirs publics locaux ou de certains organismes pour donner naissance à des bulletins d’information. La wilaya de Sidi Bel-Abbès, mise en place en 1974, réussit à éditer un bulletin d’information «Le Lien». D’assez bonne facture, ce bulletin vivra jusqu’au 14e numéro. Feu la direction des archives de la wilaya, créée en 1980, tenta d’imprimer à la ville, qui venait d’avoir son premier centre universitaire, des traditions de conservation et de la wilaya de Sidi Bel-Abbès. Le deuxième numéro de ces cahiers dresse la première bibliographie générale de la wilaya. L’APC, les anciens moudjahidine et d’autres encore lancèrent quelques bulletins avec plus ou moins de bonheur. Il y a quelques années, avec la naissance de la presse privée, une équipe dynamique et motivée de correspondants locaux lança le premier hebdomadaire de la ville «Ouest-Info». Mais le jeune titre sans aide ne put résister aux aléas de la commercialité et peut-être de l’agacement de certaines administrations locales. Hani Abdelkader