Algérie

La présidentielle hypothéquée



Il ne lui a pas fallu longtemps pour qu'elle prenne une allure de chimère, l'élection présidentielle projetée pour le 4 juillet. En effet, s'ils s'entêtent encore à ne pas faire cas des désormais rituelles manifestations du vendredi, les tenants de l'idée de poursuivre le processus lancé avec l'intronisation de Bensalah doivent maintenant voir d'un tout autre ?il la situation induite par les développements intervenus depuis samedi dernier.Chaque jour un peu plus, elle promet de ne mener vers aucune issue la voie privilégiant l'application, à tout prix, de la feuille de route dictée par la Constitution après la démission de Bouteflika. L'obligation signifiée par Noureddine Bedoui à ses ministres de multiplier les sorties sur le terrain relevant désormais de la mission impossible, l'exécutif de fortune légué par Bouteflika juste avant sa démission se heurte à d'innombrables écueils et pas des moindres qui, irrémédiablement, mettent entre parenthèses les objectifs que se sont assignés ce qui reste des pouvoirs publics.
A commencer, donc, par cette élection présidentielle et la mise en place de l'ensemble des exigences qu'elle requiert. Ainsi, après que les magistrats, certes pas tous, eurent déclaré publiquement qu'ils n'allaient pas s'astreindre à la supervision de l'élection présidentielle, c'est au tour des présidents d'APC de venir mettre leur grain de sable dans la machine qu'a voulu lancer le pouvoir dans la perspective du scrutin projeté dans un peu moins de trois mois. Une décision lourde de conséquences qui, selon les derniers échos, s'est répandue ces dernières vingt-quatre heures à travers nombre de communes parmi les plus de
1 500 que compte le pays après être entrée en application en Kabylie, dans les wilayas de Béjaïa, Bouira et Tizi-Ouzou.
Une décision inspirée de la volonté populaire dont il puise sa légitimité ainsi que de sa conviction personnelle, comme le soulignait dans son courrier le maire de Yakouren, dans la wilaya de Tizi-Ouzou, à l'adresse du nouveau wali en guise de réponse à la missive lui enjoignant d'entamer la procédure de la révision des listes électorales et de préparer l'élection. Une initiative qui a fait tache d'huile chez les édiles et, évidemment, remet déjà en cause la légitimité du scrutin si tant est que celui-ci ait déjà acquis un quelconque crédit en dehors de ceux qui tiennent à l'application de la feuille de route dévoilée par le chef de l'Etat par intérim en droite ligne de ce que stipule la Constitution. Ce à quoi ne veulent pas se résoudre les millions de citoyens qui n'en finissent pas de faire entendre qu'il est hors de question, entre autres exigences, qu'une élection présidentielle se tienne avec un personnel dont ils exigent le départ.
Ainsi, cette projetée élection présidentielle s'en trouve dès le départ entachée d'anomalies, ce qui n'autorise pas sa validation si jamais les organisateurs décident d'aller au bout de leur logique, compliquant de fait une situation déjà inextricable dès lors que ceux qui décident ne se sont pas encore, ou feignent-ils, rendu compte que la contestation n'en finit pas de dépasser la Constitution.
Azedine Maktour


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