Algérie

La présidentielle annulée, Bensalah reconduit !



Le Conseil constitutionnel a statué : l'élection présidentielle du 4 juillet prochain n'aura pas lieu, indique-t-il dans un communiqué à travers lequel il fait également savoir que la mission de Abdelkader Bensalah est ainsi reconduite de fait.Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Cette décision fait suite au rejet des deux dossiers de candidature étudiés, les seuls aussi à avoir été maintenus par leurs propriétaires dans un contexte marqué par un retrait systématique de tous les autres postulants à la présidence de la République et dont la motivation essentielle était de se mettre en adéquation avec les exigences du mouvement populaire foncièrement opposé à la tenue du scrutin.
S'il ne fournit pas de détails sur les raisons pour lesquelles les deux dossiers ont été rejetés, le Conseil constitutionnel use cependant d'une terminologie très révélatrice pour justifier l'annulation de la présidentielle. Il évoque en effet «l'impossibilité» d'organiser ces élections, mais prévoit, dès lors, de «convoquer de nouveau le corps électoral et de parachever le processus jusqu'à l'élection du président de la République».
La démarche, indique la même source, incombe à Bensalah «dès lors que la Constitution prévoit que la mission essentielle dévolue à celui investi de la charge de chef de l'Etat est d'organiser l'élection du président de la République, il y a lieu de réunir les conditions adéquates pour l'organisation de cette élection dans la transparence et la neutralité en vue de préserver les institutions constitutionnelles qui concourent à la réalisation des aspirations du peuple souverain».
De cette communication on retiendra deux faits principaux. Le chef d'Etat par intérim est maintenu de fait à son poste et sa mission se prolongera au-delà du 9 juillet prochain correspondant aux trois mois pleins fixés par la Constitution puisque sa présence même au poste de premier responsable a pour objectif l'élection d'un nouveau Président auquel il est inéluctablement appelé à céder place. Puis, et là réside sans doute le plus important, une révision de toute la démarche ayant conduit à l'annulation du scrutin du 4 juillet puisqu'il est clairement fait état de la nécessité de réunir les conditions nécessaires à la mise en place d'un nouveau processus électoral.
L'aveu d'échec, car c'en est un, a visiblement poussé les responsables du pays à revoir leur démarche et cette dernière semble d'ores et déjà sortir du cadre constitutionnel qu'ils s'étaient fixé et s'apparente au préalable à une sorte d'alliage politico-juridique. Lorsque le Conseil constitutionnel précise qu'il «y a lieu de réunir les conditions adéquates» pour l'organisation d'un nouveau scrutin, il est évident que celui-ci renvoie à des prises de décisions politiques et non pas techniques. Avant même l'annonce officielle de l'annulation du rendez-vous du 4 juillet prochain, des rumeurs persistantes avaient fait état de la préparation de la mise en place d'une commission indépendante chargée d'organiser la prochaine élection.
Des détails circulent depuis plusieurs jours et laissent entendre que cette dernière sera composée majoritairement de magistrats et de membres de la société civile auxquels incombera totalement la préparation de l'échéance en se basant sur les revendications du mouvement populaire. Elle aura rôle d'autorité alors que les instances et institutions en place lui serviront d'appoint et seront uniquement chargées de lui apporter un appui logistique. Restera alors l'approbation de l'opinion.
Or, cette dernière n'en démord pas, et n'a en rien reculé sur ses principales revendications : le départ des symboles du régime. Une exigence immédiate et surtout indiscutable aux yeux d'un mouvement qui a rejeté d'emblée l'offre de dialogue faite par le chef d'état-major en considérant que les conditions n'étaient pas réunies. Les responsables du moment sont-ils prêts à jouer d'autres cartes ' Celle d'un éventuel départ de Bensalah a été écartée automatiquement hier, ce qui a entraîné des réactions de rejet immédiates. Un mauvais départ pour le reste à venir?
A. C.
Le communiqué du Conseil constitutionnel
«Le Conseil constitutionnel, réuni les 21, 24 et 27 Ramadhan 1440 correspondant aux 26 et 29 mai et 1er juin 2019, à l'effet de délibérer sur les dossiers de candidature pour l'élection du Président de la République prévue le 4 juillet 2019, s'est prononcé par le rejet des deux dossiers de candidature déposés auprès de lui, en vertu de deux décisions individuelles n 18/D.CC/19 et n 19/D.CC/19 datées du 1er juin 2019.
En vertu de la décision du Conseil constitutionnel n° 20/D.CC/19 du 1er juin 2019, par laquelle il déclare l'impossibilité de tenir l'élection du Président de la République, le 4 juillet 2019, et la réorganisation de celle-ci de nouveau.
Vu le préambule de la Constitution qui prévoit en son 12e paragraphe : la Constitution est au-dessus de tous, elle est la loi fondamentale qui garantit les droits et libertés individuels et collectifs, protège la règle du libre choix du peuple, confère la légitimité à l'exercice des pouvoirs, et consacre l'alternance démocratique par la voie d'élections libres et régulières. Vu les articles 7,8, 102 alinéa 6, 182 et 193 de la Constitution,
Considérant que le Constituant confère au Conseil constitutionnel la mission de veiller au respect de la Constitution, considérant que le peuple est la source de tout pouvoir et qu'il exerce sa souveraineté par l'intermédiaire des institutions qu'il se donne.
Considérant que dès lors que la Constitution prévoit que la mission essentielle dévolue à celui investi de la charge de chef de l'Etat est d'organiser l'élection du Président de la République, il y a lieu de réunir les conditions adéquates pour l'organisation de cette élection dans la transparence et la neutralité en vue de préserver les institutions constitutionnelles qui concourent à la réalisation des aspirations du peuple souverain.
Il revient au chef de l'Etat de convoquer de nouveau le corps électoral et de parachever le processus électoral jusqu'à l'élection du Président de la République et la prestation du serment constitutionnel. »


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