Algérie

La présence des otages au nord du Mali confirmée



Des sources locales du nord du Mali affirment que des éleveurs de la région auraient révélé «l’arrivée à Tessalit, entre le 16 et le 17 septembre dernier de plusieurs salafistes, dirigés par Abou Zeid», précisant que dans cette région, les terroristes «ont depuis longtemps des campements parfois mobiles, qui leur servent de bases de repos ou de repli et qui sont à moins de 80 km des postes militaires maliens». Abou Zeïd, faut-il le rappeler, a revendiqué l’enlèvement de sept employés d’Areva, une société française qui exploite une mine d’uranium à Arlit, au nord du Niger, site d’exploitation d’uranium d’Areva. Aucune condition n’a été exigée jusque-là pour leur libération par les terroristes. Dans une déclaration à la presse, reprise par l’AFP, le ministre français de la Défense, Hervé Morin, a exprimé, jeudi dernier, son souhait de «pouvoir entrer en contact avec Al Qaîda et d’avoir des revendications que nous n’avons pas». Il avait indiqué que la France avait «toute raison de penser» que les otages étaient encore en vie, en affirmant que «tous les services de l’Etat sont pleinement mobilisés pour obtenir la libération des otages». Abondant dans le même sens, l’amiral Edouard Guillaud, chef d’état-major des armées, a déclaré que la «la France est prête à engager le contact à tout moment», soulignant toutefois que «la seule difficulté que nous ayons c’est que comme d’habitude dans ce genre d’affaire, ce sont les preneurs d’otages qui sont les maîtres du temps». S’exprimant sur la chaîne de radio Europe 1, il a expliqué  : «L’intervention militaire n’est pas, à l’instant où je vous parle, à l’ordre du jour. Pour l’instant, nous établissons la situation dans l’urgence, comme à chaque prise d’otage et les forces militaires sont là en soutien de notre diplomatie.» Pour le chef des armées françaises, «l’option militaire reste envisageable pour autant, à l’instant où je vous parle la vie des otages n’est pas directement menacée, nous attendons donc d’avoir un canal de communication». Cependant, il s’est déclaré : «Nous ne sommes absolument pas prêts à leur (les preneurs d’otages) céder en toutes circonstances ; la France, comme d’autres pays, l’a d’ailleurs montré des fois précédentes», indiquant que «le paiement de rançons n’est pas une stratégie durable, et tout est fonction des circonstances». Il a confirmé la présence des otages au Mali,  en disant : «Autant que nous le sachions, ils sont en vie, mais nous n’avons pas à cette heure de preuve formelle, nous avons un faisceau d’indices (…) Les armées françaises sont mises à contribution pour d’abord établir une cartographie de cette zone, une zone qui est au total grande comme six fois la France, composée de déserts de cailloux, de montagnes et de sable, avec un peu de végétation et des campements qui peuvent être des campements de Touareg, de caravaniers, de trafiquants ou des campements d’AQMI.»  Les révélations du chef d’état-major des armées de France sur la difficulté du terrain dans la région démontrent au moins que la sécurité dans la région du Sahel incombe en premier lieu aux Etats qui la composent.L’intervention extrarégionale ne peut au mieux que compliquer la situation et au pire se transformer en bavures et renforcer davantage l’idéologie et la stratégie d’Al Qaîda dans une région, déjà lourdement affectée par la misère, la sécheresse, les guerres civiles et les maladies. L’aide de la communauté internationale peut être efficace si elle reste dans le cadre du renforcement des capacités de lutte contre le terrorisme en matière de soutien logistique et d’information, mais également des investissements pour le développement local. C’est d’ailleurs ces mesures qui ont fait l’objet d’un sommet à Alger, au mois de mars dernier, des ministres des Affaires étrangères de sept pays du Sahel, suivi d’un autre regroupant les chefs des états-majors de leurs armées, les patrons des renseignements et enfin l’installation d’un centre de coordination entre ces derniers à Tamanrasset, devant assurer l’intervention sur le terrain. «L’Algérie a de tout temps rejeté toute intervention sur son territoire de forces étrangères, considérée comme une atteinte à sa souveraineté. Elle n’a cessé de le faire savoir et valoir auprès de ses partenaires et plus à ses voisins. Ce qui explique qu’elle n’a pas accepté le fait que le Mali laisse intervenir des forces étrangères sur son territoire et a refusé d’aller poursuivre les terroristes qui traversent sa frontière au nord du Mali», a relevé un diplomate algérien. Mais les derniers évènements ont montré que certains pays de la région n’ont pas respecté leurs engagements. Le Mali, qui reste passif face à l’implantation massive des groupes islamistes armés au nord de son territoire ouvert à l’intervention étrangère, et la Mauritanie, qui a fait appel à une force française pour mener une offensive militaire chez son voisin malien, ont causé ainsi de lourds dommages collatéraux. Pour de nombreux observateurs, les appels de l’Algérie, relatifs à la nécessité d’une coopération régionale ne pourront trouver d’écho si les Etats du Sahel ne prennent pas conscience de la gravité de la situation. «Une bande de quelques centaines de terroristes vient de gagner une bataille. Celle de se présenter comme une organisation qui défie les armées de sept pays réunis, mais également l’Occident, qui, à chaque fois qu’un de ces Etats est touché, réagit tout en cédant à ses exigences. A ce rythme, Al Qaîda sera capable dans un avenir très proche de faire tomber des régimes», a alerté un spécialiste de la région.                                       
 


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